Les Echos - 03.04.2020

(Chris Devlin) #1

30 // FINANCE & MARCHES Vendredi 3 et samedi 4 avril 2020 Les Echos


CORONAVIRUS


Introductions


en Bourse : la Chine


devant les Etats-Unis


Laurence Boisseau
@boisseaul


Po ur la première fois depuis qua-
tre ans, la Chine e st passée d evant
les Etats-Unis pour les introduc-
tions en Bourse, à la fois en nom-
bre d’opérations et en montants
levés. A Shanghai et à Shenzhen,
52 entreprises ont levé, au pre-
mier trimestre 2020, 11,8 mil-
liards de dollars, selon les don-
nées d’EY. A Wall Street, elles
n’ont été que 24 à faire leurs pre-
miers pas pour récolter 7,3 mil-
liards de dollars.
Le marché des introductions en
Bourse a été plus actif début 2020
que l’an dernier en Chine, alors
même que l’épidémie de coronavi-


rus est apparue mi-décembre. Si
l’on inclut Hong Kong, le nombre
d’opérations est en hausse de 34 %
et les montants levés ont progressé
de 100 %. Les introductions en
Bourse ont pu reprendre grâce à
une remontée des actions dès la
réouverture des marchés après le
Nouvel An lunaire, en février. Les
indices boursiers ont aussi moins
baissé en Chine (–13 %) qu’aux
Etats-Unis ou en Europe, où la
chute est de l’ordre de 30 %. Le gou-
vernement chinois a, également
aidé, en prenant des mesures pour
soutenir la liquidité d u marché p en-
dant la pandémie.

Beijing-Shanghai Railway,
la plus grosse cotation
L’o pération la plus importante de
l’année, à ce jour, est la cotation,
pour 4,6 milliards de dollars, de

lPrès de 80 sociétés ont fait leurs premiers pas sur


les Bourses de Shanghai, de Shenzhen et de Hong Kong


pour lever près de 12 milliards de dollars.


lEn Europe et aux Etats-Unis, de nombreuses opérations


sont reportées.


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Depuis début mars, en Europe,
aucune société n’a fait ses premiers
pas sur les marchés financiers. En
France, la dernière introduction en
Bourse fut celle de Nacon le
28 février. Déjà, les marchés com-
mençaient à tanguer, et la société a
dû avancer la clôture de l’opération,
de peur que les investisseurs ne
retirent leurs offres. Au Royaume-
Uni, la dernière introduction en
Bourse fut celle de Nippon Active
Value Fund.

SSP a levé 248 millions
d’euros
En revanche, certaines sociétés
parviennent encore à réaliser
des augmentations de capital.
Avec plus ou moins de succès.
Ainsi, SSP, l’exploitant britanni-
que de concession de nourriture
et de boissons dans les aéro-
ports, a levé, le 26 mars, 216 mil-
lions de livres sterling (soit
248 millions d’euros). La société
avait besoin de renforcer sa
structure financière pour lutter

contre l’effondrement du trafic.
L’opération s’est bien passée.
BlackRock et Merian Global
Investors, déjà actionnaires, ont
souscrit plus d’un tiers des titres,
et des dirigeants ont également
investi. Le reste a été placé sur le
marché.
En revanche, l e 1er avril, l’autri-
chien AMS a eu beaucoup de mal
à collecter 1,7 milliard de francs
suisses (1,6 milliard d’euros)
pour financer le rachat d’Osram.
L’opération était prévue depuis
longtemps. Mais seulement 70 %
des titres ont trouvé preneur sur
le marché. Les banques syndi-
quées, dont UBS, se retrouvent
avec 30 % des actions sur les
bras.

« SSP a été la première société
en difficulté à lever de l’argent sur
les marchés actions en Europe via
une augmentation de capital accé-
lérée. Q uand la crise sanitaire sera
passée et que les dirigeants pour-
ront mesurer le véritable impact
de l’épidémie sur l eurs comptes, de
nombreuses entreprises feront
alors appel aux marchés pour
lever des capitaux », explique
Cyril Revenu, responsable E quity
Capital Markets France chez
HSBC.
Un avis partagé. « L’actualité
du second semestre sur les mar-
chés, c e sera e n priorité les
augmentations de capital. Certai-
nes entreprises auront la nécessité
de renforcer l eurs fonds propres »,
explique Vincent Le Sann,
directeur général adjoint chez
Portzamparc (du groupe BNP
Paribas).

Nécessité des AG pour les
autorisations financières
Dans ce contexte, certaines
entreprises auront besoin de
tenir leur assemblée générale
avant la fin du premier semestre.
Pour pouvoir lever des fonds sur
les marchés, il faut que les a ction-
naires aient préalablement
donné leur autorisation, pour
une période de dix-huit mois. L es
sociétés qui arrivent à l’échéance
de cette période ont donc besoin
de les renouveler.
— L. Boi.

Le retour des augmentations


de capital attendu en septembre


La semaine dernière,
quelques sociétés ont réussi
à lever des fonds propres
sur les marchés. Mais
les banquiers s’attendent
à une forte activité au
second semestre, provenant
d’entreprises ayant besoin
de trouver de l’argent pour
renforcer leur structure
financière.

de dollars avec 23 transactions,
selon EY.
Aux Etats-Unis, 2020 é tait atten-
due en retrait sur 2019, année de
surchauffe avec les introductions
en Bourse de Lyft, d’Uber, de Slack,
et de Pinterest. Surtout, les inves-
tisseurs avaient été échaudés par
l’effondrement de certaines
valeurs juste après leur cotation.
Cette année, c’est la cotation de
PPD, spécialiste de la sous-
traitance d’activités de recherche,
qui arrive en tête des montants
levés (1,9 milliard de dollars) aux
Etats-Unis, devant G FL, entreprise
de gestion des d échets (1,4 milliard
de dollars) et Reynolds, qui pro-
duit de l’aluminium alimentaire
(1,4 milliard également).
En Europe, le marché des
introductions est, comme l’an

dernier, en plein marasme.
Moins de 20 opérations ont eu
lieu. Et les sociétés ont levé moins
de 1,5 milliard de dollars. L’opéra-
tion l a plus importante reste celle
de Calisen. Ce spécialiste de la
télémétrie britannique a levé
environ 400 millions d’euros.
Evidemment, le coronavirus
pèse sur le marché des introduc-
tions en Bourse. Le nombre de
sociétés qui ont choisi de mainte-
nir leur cotation en mars est en
recul par rapport a ux deux
premiers mois de l’année. Aux
Etats-Unis, 2 opérations ont été
réalisées ; en Europe, seulement


  1. La Chine fait figure d’exception
    avec 29 sociétés qui ont fait leurs
    premiers pas sur les marchés
    contre 23 en février. Plus éton-
    nant, encore, WeDoctor, la plate-


forme chinoise de diagnostics et
de prises de rendez-vous avec des
médecins vient de choisir
JP Morgan, Credit Suisse et CMB
International comme banques
introductrices.

De nombreux reports
L’impac t de l’épidémie se mesure
aussi dans le nombre de reports.
Début mars, la major du disque
Warner Music et le fabricant de
chaussures Cole Haan ont
annoncé reporter leur entrée à
Wall Street. Avant eux, fin février,
Carlyle avait repoussé la cotation
aux Etats-Unis du fabricant
allemand de produits chimiques
Atotech. La société chinoise
58 Home, qui prévoyait de
s’introduire à Wall Street, a aussi
reporté son opération.n

WeDoctor, plateforme chinoise de prise de rendez-vous médicaux, vient de choisir les banques
qui accompagneront son introduction en Bourse. Photo Aly Song/Reuters

Beijing-Shanghai High-Speed
Railway Co., entreprise publique,
début janvier.

Les introductions en Bourse
sur STAR, le nouveau marché
chinois lancé à l’été 2019 pour
concurrencer le Nasdaq et attirer
des valeurs technologiques, ont
de leur c ôté rapporté 4 ,1 milliards

En Europe, le marché
des introductions
est, comme l’an
dernier, en plein
marasme.

Moins de vingt
opérations
ont eu lieu.

« L’actualité
du second semestre
sur les marchés,
ce sera, en priorité,
les augmentations
de capital. Certaines
entreprises
auront la nécessité
de renforcer leurs
fonds propres. »
VINCENT LE SANN
Directeur général adjoint
chez Portzamparc
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