Les Echos - 03.04.2020

(Chris Devlin) #1
18 –LESECHOSWEEK-END

BUSINESS STORY


«Romeauracertesbesoin dese refairedes alliés
pouraffronterl’après-crise.Mais il est peu
probable que cettecriseprofite auxpopulistes car
lesgouvernements ont plutôtréagisainement
jusqu’ici,misàpartquelques erreursinitiales »,
estimeYves Mény.Unavis nuancé parl’historien
et sociologue MarcLazar, qui metenavant
lesrécriminations des présidents des régions
lesplus affectéespar le virus, dansunpays
où la gestion du système de santérelève en
grande partie des compétences régionales :
«Les présidentsdelaLombardie et de laVénétie,
tousdeuxmembres dela Ligue, n’ont eu decesse
des’en prendreàGiuseppeConte pour
sa mauvaisegestion de l’urgence.»Le président
de la Lombardie,AttilioFontana, pilier
historiquedelaLigue,aaccusé le gouvernement
de ne pas prendrelamesure de la gravité
de la situation, tandisque le gouverneur de
la Vénétie,Luca Zaia,défend uneapproche plus
«sélective»,sur le modèle coréen.AttilioFontana
amêmenommé GuidoBertolaso,ancien patron
de la Protectioncivile sousle gouvernement
Berlusconi, comme«consultant personnel»,
notamment en chargede la construction
d’un nouvel hôpital temporairesur lesite
de la Foire de Milan, grâce auxdons de Silvio
Berlusconi etde plusieursindustrielslombards.
La fortepopularité de GiuseppeConte est à
tempérer,souligne Marc Lazar :«Elle s’est certes

«coalition bancale »entre le parti démocrate
et le Mouvement5étoilesest destinéeàdurer
–avecdes ajustementspossibles–probablement
jusqu’àl’élection présidentielle de 2022.
GiuseppeConte, dans l’œil du cyclone,
est scruté de toutes parts. Roberto D’Alimonte,
le politologue de l’université Luiss estime
qu’«entant que leader sans parti, ilaencore
besoin d’unereconnaissance internationale ».
Car malgré ses succès, l’actuel président
du Conseil, selon l’essayiste Giuliano da Empoli,
ancien conseiller de Matteo Renzi, fait encore
unpeufigure de«Mister Chance », tel
le jardinier candide du film de Hal Ashby
(Bienvenue, Mister Chance), incarné parPeter
Sellers, qui devient la coqueluche des médias
et dupouvoir par une série de concours
de circonstances. «C’est un héros par hasard.
Il aréussiàtirer partideserreurscatastrophiques
de Matteo Salvini quiaperdu beaucoup
de crédibilité. Il sevoit en Churchill, mais
cela risque de ne pas durer très longtemps »,
ajoute le fondateur du think tankVolta, par
ailleurs très critique sur l’absence de solidarité
européenne et l’attitude désinvolte de
la France vis-à-vis du précédent italien.
«Alorsque la France avait un avantagede
dix jourssur l’Italie, elle n’enatiréaucun
bénéfice etareproduit toutes ses erreurs.
Si Giuseppe Conte s’estrévélé un communicant

envolée, mais c’est plus une approbation
de l’institution quedesonrôle personnel.Et il va
falloir dresserle bilan de cette énorme mortalité :
il pourraityavoir un effetboomerang. »
Le chercheurn’estpas leseul àpenser que l’état
de grâcepost-Covid 19, dontbénéficie
le président du Conseil,pourrait se révéler
fragile. Résolument marquéàgauche, l’écrivain
napolitain Roberto Saviano reste lui aussi
sceptique :«Conte est un homme plein de
contradictions. N’oublions pas qu’il avait célébré
le “décret sécurité”surl’immigration avec Matteo
Salviniet l’alargement appuyé quand ce dernier
était encoreaugouvernement.Lorsqu’ilacompris
que son espace politique personnel commandait
de s’opposeràSalvini, ilachangédecap. »

SANS VÉRITABLE IDENTITÉ, NON CLIVANT
L’auteur deGomorraqualifieContede
«transformiste.Iln’a pasvraiment d’identité,
ce quil’arendu trèssympathique au paysdans
un moment de crisecomme celui-là. Il n’est pas
clivant. En quelque sorte,il dispense l’électeur
de s’interroger:Suis-jedegauche ou dedroite?».
L’écrivain éreinte en outrelastratégie
«désastreuse »de communicationduprésident
du Conseil :«Ilaterroriséle pays quand l’alarme
aété donnée. »D’après Saviano, la crisepourrait
bien encorechanger le cours de lapolitique
italienne,mêmes’il reste convaincu quecette

Techniques
de ventilation
particulières dans
leshôpitaux du nord
de l’Italie, souvent
structurésenopen
space?Cafouillages
au tout début de
l’épidémie liésà
l’identification du
«patientzéro »?
Corrélation étroite
entrelehaut niveau
de pollution en
particulesfinesde
la plaine duPô et
la diffusion du virus,
comme l’avance
unerécenterecherche
de laSociétéitalienne
de médecine
environnementale
(Sima)?Taux
d’infection élevé
du personnel médical
(20%)?Toutes les
hypothèsescirculent
pour expliquer letaux
record de létalitéet

de circulation du
coronavirus dans
le norddel’Italie. Une
desexplications les
plusconvaincantes
tientàladémographie
du pays (23% de
la populationaplus
de 65 ans,contre16%
en France) et
àladifficultéde
distanciationavec
lesaînés. La grande
questionreste
de savoir si le sud
de l’Italie, jusqu’ici
relativement épargné,
va êtretouché –
même siBari recense
desmalades,
desméridionaux
qui sont wrentrés dans
lesPouillesjusteavant
le confinement.
«Sidesfoyers
explosent dans lesud,
l’épidémie risque de
devenir incontrôlable »,
estime unexpert.

Sommet virtuel
du G20 (ici depuis
le palais Chigi
àRome), du 26 mars,
consacréàlalutte
contre la pandémie
et son impact sur
l’économie mondiale.

POURQUOI DONC AUTANT DE MORTS?


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