Les Echos - 03.04.2020

(Chris Devlin) #1
LESECHOSWEEK-END– 19

GIUSEPPE CONTE, SEULFACE AU VIRUS


Plus d’infos surweekend.lesechos.fr

passable, Macron, Merkel etJohnson n’ont
pasfait mieux,voirepire»,déplore l’ancien
conseiller de Matteo Renzi.
Giuliano da Empolin’estpas le seulàfustiger
l’absence de solidarité franco-italienne.
«Iln’y aeuaucun signe, aucungeste vis-à-vis
de l’Italie. Les seulesaides sontvenuesde
la Chine, de Cuba et de la Russie!»s’insurge
un haut fonctionnaire franco-italien–même si,
depuis, l’Allemagneaaccepté d’accueillir
des malades italiens. Pis: la remarque de
la présidente de la Banque centrale
européenne,ChristineLagarde, lorsqu’elle
déclare, le12 mars,en pleine pandémie,
que la gestionduspread(l’écart entre letaux
des obligations allemandes et les taux italiens)
n’est pas de sonressort,aété perçuecomme
un coup depoignard.La banquièrecentrale
s’est très vite rattrapéeen«clarifiant »ses
propos.«Heureusement que Sergio Mattarella a
fait comprendreàMacronetLagardequ’il fallait
s’excuser»,soupireundiplomate...Àcharge
pour GiuseppeContede féliciter laBCE,
par untweet élogieux, le 19 mars,pour avoir
finalement débloqué un plan d’urgence de
750 milliards d’euros de rachat de dettes.«Nous
n’avons jamais sous-évalué cette crise sanitaire
en adoptant sans tarder des mesures rigoureuses
[...] C’est aussi pour cetteraisonquenotre modèle
est dupliqué par nombred’autres pays»,s’est

félicité le présidentduConseildansune
interview àLa Stampadu23 mars.
Avec son ministre de l’Économie, Roberto
Gualtieri–undes piliersdu gouvernement –,
Giuseppe Conteadéjà annoncé un paquet
de 50 milliards d’euros de mesuresd’urgence
contre«l’ennemi invisible ».Aujourd’hui,
il entend convaincrel’Europedelanécessité
d’émettre des coronabonds–des obligations
européennes dédiéesàlarelance de l’activité
–faceàladéfiance viscérale de l’axegermano-
néerlandais. Emmanuel Macron et sept autres
dirigeants européens ontaccepté de signeravec
lui un appel au présidentduConseileuropéen
CharlesMichelpour qu’une telle solutionsoit
miseàl’étude.Seul véritable«impair»,aux yeux
des médias italiens: sa longue conversation
du 21 marsavecVladimirPoutineet la demande
d’aideàMoscou quis’est surtout traduite

par l’arrivée d’un bataillon de militaires russes
spécialisés dans la guerre bactériologique.
Auderniere-sommet européen du 26 mars,
quis’esttenu par vidéoconférence, ilaentout
cas tenu fermement la barre en dénonçant
«lemanque de solidarité »des pays opposés
aux coronabonds, et en réclamant l’accès
au MSE (Mécanisme européen de stabilité).
«Ildispose d’un argument de poids en disant :
attention, le coronavirus peut êtreledébut de la
fin de l’Europe. Mais en cas de prolongement de la
crise, sa marge de manœuvreseratrèsétroite, car
le M5Spourrait le lâcher et la Ligue pourrait se
rallieràungouvernement technique piloté par
Mario Draghi[l’ex-patron de laBCE, NDLR]»,
estimeFrancoVenturini.«Appelez Draghi!»
adéjà titré, le 27 mars,Il Giornale,lequotidien
de la droite milanaise.«Legouvernement Conte
joue sa peau. Si l’épidémie se propageausud
de l’Italie, la situation pourraitrapidement
devenir catastrophique,necache pas Marc
Lazar.Mais plus l’Italiefait nation, plus elle
risque de s’éloigner de l’Union européenne. »
Faute d’avoir encore surmonté la tempête,
le Mister Chance italienpeut au moins se
targuer d’avoir réussiàobtenir– jusqu’ici –
une certaine forme d’unité nationale. Ce qui
n’est pas un minceexploit dans laPéninsule.

Évacuation de
cercueils de victimes
du coronavirus
depuis un dépôt
de Ponte San Pietro,
dans la province
de Bergame,
une des régions
italiennes
les plus touchées
par l’épidémie.

«LEGOUVERNEMENT CONTE


JOUE SA PEAU.


SIL’ ÉPIDÉMIE SE PROPAGE


AU SUD DEL’ITALIE... »


COZZ


OLI


/FO


TO


GR


AMMA


/RO


PI



  • REA

Free download pdf