Les Echos - 03.04.2020

(Chris Devlin) #1
LESECHOSWEEK-END– 21

INTERNATIONAL SOS


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International SOSapar ailleurs maintenu
la continuité de son service de consultation à
Wuhan aubénéfice, notamment, des salariés
locaux de ses clients. PhilippeKlein, le médecin
français responsable du centre,n’ajamais lâché
la barre. Maisàmesure que la pandémies’est
répandue, l’entrepriseatrès vite euàrépondre
àunafflux de demandes d’assistance en
provenance du monde entier.«Avant même un
support médical, nos clients attendent de nous
qu’on les aideàévaluer le risque, en fonction de la
stratégie mise en place par les autorités dechaque
pays »,indique PhilippeGuilbert.Tousformulent
la même questionàunmillion:faut-il rapatrier
tout le monde ou maintenir une activité sur
place ?«Les informations transmises par notre
réseau unique d’experts médicaux dans 87 pays
leur permettent defairedes choix informés. »
Reste que, faceàunnouvel agent pathogène, il
n’yajamais de certitudes.«Enfévrier,personne
n’imaginait que l’épidémie serépercuterait avec
une telle brutalité en Europe »,reconnaît Arnaud
Vaissié. Même les scientifiques étaient très
partagés sur l’impact de ce coronavirus.«In
fine, beaucoup de nos clients nous ont demandé
de leur fournir un “benchmark” en leur donnant
des indications sur les stratégies adoptées par
leurshomologues »,précise le directeur médical
pour l’Europe. Une preuvedeleur désarroi.
Après des centaines de rapatriements, une
bonne partie de l’activité d’International SOS
consiste désormaisàfaire de la prévention en
diffusant auprès de ses clients des«guidelines »
sur les mesures de précaution appropriées.
«Hier encore, j’ai animé un“webinar”
pour un grand cabinet d’avocats américain
en vidéoconnexion avec un millier de salariés »,
témoigne PhilippeGuilbert. Grâceàl’expertise
accumulée au cours des précédentes épidémies,
International SOSaaussi pu leur fournir
des fiches techniques sur comment mettre
en place un dépistage, gérer un cas d’infection,
décontaminer des locaux, organiser le retour
au travail d’un salarié guéri... Si l’ambiance
au sein des centres d’assistance du groupe
est résolument électrique, pas de risquepour
autant de court-circuit. La gestion de crise fait
partie de l’ADN d’International SOS.L’entreprise
est née en 1985àSingapour.
Enposte comme médecin
àl’ambassade deJakarta,
Pascal Ray-Herme

aconvaincuson ami d’enfance ArnaudVaissié de
venir le rejoindreenAsieduSud-Estpour mettre
en place un service d’assistance médicale aux
filiales des multinationales installées dans la
région.«Àl’époque, cetterégion du monde était
en plein développement »,expliquelegestionnaire
du tandem,diplôméd’HEC. Cetteoffre de«Samu
pour expatriés»était alors toutàfait nouvelle.

GUERRE CIVILE, PRISE D’OTAGES ET CYCLONE
Elf Aquitaine, Alstom, General Electric,
Siemens... l’entreprise, baptiséeàl’origine
Asian Emergency Assistance, signe très vite ses
premiersgrandsclients.Elle monte des plateaux
àJakarta, Ho Chi MinhVille, HongKong et
mêmePékin.«Nous étions présents au tout début
de l’ouverture chinoise »,souligne ArnaudVaissié,
qui se souvient encore des ambulances
rudimentaires dont disposait le pays àl’époque.
La compagnie développeensuite ses propres
centres de soins. En particulier dans les pays où
l’offre hospitalière laisseàdésirer.Elleencompte
aujourd’hui 62dans le monde, dusimple service
de consultation, commeàWuhan,àlaclinique
de 50 lits, commeàJakarta. Elle met aussi
en place des antennes médicales sur des sites
difficiles d’accès.Parmi ses premiers clients,
la plus grosse mine d’or et de cuivre du monde,
exploitée parFreeport McMoRan en Indonésie,
pour laquelle International SOS gère toujours
plusieurs dispensaires,ycompris au profit
des autochtones papous. Mais l’entreprise se
spécialise aussi dans les plateformespétrolières
ou les gros chantiers de construction. En tout,
elle dirige aujourd’hui plus de 900 antennes
médicales sur des sites«extrêmes ».
Le rachatdeson concurrent américain
SOS Assistance,en 1998,lui ouvrelaporte
des marchés américain et européen.

Àgauche: fin janvier,
les vols rapatriant
les Français de Wuhan
ont été affrétés par
International SOS.

Àdroite:
dans l’un des
26 centres
d’assistance du
groupe,àLondres.

Arnaud Vaissié,
cofondateur et PDG
d’International SOS.

Rebaptisée International SOS, l’entreprise
développedanslafouléede nouveauxoutils
technologiques,comme le«TravelTracker »,
uneapplication quipermetdegéolocaliserles
salariés desesclients dansdes zonesàrisqueet
et d’entrer en contactaveceux.Quatremillions
de voyageurs sontaujourd’hui abonnésàce
service. Cardepuisqu’illui afallugérer en 1998
l’évacuation de5000 expatriés deJakartavers
Singapourpour causededébut de guerrecivile,
InternationalSOSaajouté unecorde àson arc :
l’assistance sécurité.Delagestion d’une prise
d’otages dansunhôtel àBamako en 2015àcelle
du cyclone Idai au Mozambique l’andernier,
l’entrepriseintervient avecses équipes d’anciens
militairesoud’ex-agentsdelaDGSE surtoutes
sortesdethéâtres.Avec ses 11 000 salariésdont
1400 médecins, le groupe, quiaréalisél’an
dernier 1,5milliardde dollars de chiffre
d’affaires,est donc habitué aux situationsles
plus difficiles.Mais parson ampleur,lacrise
du coronavirus est sansaucundouteinédite.
«Beaucoupd’entreprisesn’étaient pas préparées
àyfaireface,soulignePhilippe Guilbert.Seules
celles qui sontconfrontées,depar leuractivité,
àlanécessité d’assurerunecontinuitédeservice
ou cellesqui avaientétédirectement touchées
parles précédentes épidémies avaient écritdes
procédures spécifiques. »Les autres sereposaient
surles autorités nationales compétentes.
«EnFrance, le H1N1aenvoyé un très mauvais
signal en laissantpenserque la prévention coûtait
cher et était,aufinal, superflue »,déplore Arnaud
Vaissié.L’homme est désormais certain qu’après
la crise, toutes les grandesentreprisesrédigeront
leurs propres plansdecontinuation d’activité.
InternationalSOS seralàpourles yaider.

YE


NM


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