Les Echos - 03.04.2020

(Chris Devlin) #1
28 –LESECHOSWEEK-END

BUSINESS STORY ANTHONYFAUCI


président.»Mais ils’estpermis dans les médias
des commentaires d’une étonnantefranchise
sursaposition inconfortable.Il yadeux
semaines, son interview dansScience Magazine
n’est pas passéeinaperçue: il ydéclarequ’il
ne peut pas«sauter sur le microetlepousser »
quand le président profère une énormité.
AuNewYorkTimes,ilaexpliqué la semaine
dernièreque DonaldTrumpest«intelligent [...].
Il n’est pasidiot,ilneprendpas mesremarques,
du moinsjusqu’àmaintenant,commeunelogique
d’obstruction.Illeprendbien. »Le ton estpour

le moinscondescendant,oronconnaît la
maladive susceptibilitéduprésidentaméricain,
qui depuisson arrivéeau pouvoir,ilyatrois ans,
alimogédesdizaines de conseillersetde
ministres. Sans parlerde sonextrême
nervositéfaceàl’effondrementde l’économie
et des marchésactionsqui,illesait,peut
lui coûtersa réélectionennovembre.
Dans l’entourage du POTUS, tous ceux
qui donnent la prioritéàl’activité productive
tentent de reléguer le scientifique au second
rang. Sur Internet circule une violente

campagne complotiste de dénigrementàson
égard. Envain apparemment. Alors que des
rumeurs couraient la semaine dernière sur une
possible disgrâce, DonaldTrumpadonné en
public son soutienàAnthonyFauci. Ilamême
retweeté le messaged’uneutilisatricequi avait
applaudi le«facepalm»dudocteur du20 mars.
L’assurance d’AnthonyFauciet lapatience
inhabituelledeDonaldTrumpàson égard
s’expliquentparl’immense légitimitéque l’expert
s’est forgée au fildesdécennies–ilaconsacré
toute sa vieàlasanté de sesconcitoyens.
Il acommencéàtravailler, trèsjeune,dans
la pharmaciede sonpère,unItalo-Américain
dont lesancêtresontémigréaux États-Unis
àlafinduxixesiècle. Il était chargé d’apporter
leur prescription aux clients,pendant que sa
mèreet sasœurtenaient la caisse et la
comptabilité.Étudiant brillantissime, il sorten
1966 majorde sa promotion de l’Écolede
médecinedel’université de Cornell,située dans
le norddel’État deNewYork, membre de l’Ivy
League. Aprèsunstageenhôpital, ilrejoint dès
196 8lelaboratoire d’investigation clinique de
l’Institut nationaldes allergies etdesmaladies
infectieuses(NIAID), qui dépenddu
Départementde la Santéetqu’il n’aplusquitté.
Le jeuneFaucieffectueune rapidecarrière,
prenant dès 1980 la tête du laboratoire
d’immunorégulation.En 1984, il estnommé
directeur du NIAID, un fauteuil qu’iloccupe
depuis... bientôt trente-six ans.Ondit qu’ila
refusé plusieursoffresdeprendreladirection
du NIH,l’organismequi chapeauteson Institut,
carlapersonnequi occupecette fonctionest
directement nomméeparleprésident, qui
du même couppeut la révoquer.Précaution qui
se révèle fortjudicieuseaujourd’hui... Ledébut
des années 1980 ,cesont des tempscruels,
auxÉtats-Unis en particulier, car l’épidémie

Parmi les22membres
de lacellule de crise,
en voici six qui jouent
desrôlesimportants
ou, aucontraire, se
sontfait marginaliser.

(^1) MikePence,
le vice-président
àlamanœuvre
Bien qu’il ait très mal
gérélarecrudescence
descontaminations au
VIH dans l’Indiana
quand il en était
gouverneur,ilaété
chargé parDonald
Trump de diriger la
cellule de crise. Il se
sort plutôt bien de
l’exercicemédiatique,
se montrant moins
agressif queTrump
–ilsetourne souvent
vers AnthonyFauci.
(^2) DeborahBirx,
la coordinatrice
Ancienne colonelle,
diplomateetmédecin,
elleaété nomméesous
l’administration Obama
responsable de la
coordination de l’aide
humanitaireaméricaine
pour la luttecontrele
sida dansle monde.
Dans la crise du
coronavirus, ellen’ade
cessed’inciter les
jeunes,volontiers
insouciantssurtout
en période de spring
break,àse tenir
àdistanceles uns
desautres.
(^3) Robert Redfield,
l’ombredestests
manquants
Il estàla têtedu réseau
CDC, lescentres
pour lecontrôle et
la prévention des
maladies, élément clé
du système desanté
américain, mais enfait
il aété mis sur la
touche. Il paieson
échecàfour nirdes kits
de testsperformants
et suffisamment de
matériel de protection
aux soignants.
(^4) SeemaVerma,
la technicienne
Àlatêtedes
programmes
Medicaid et Medicare
d’assistanceaux
plus démunis et aux
personnesâgées,
c’estpar sonbiais
que l’administration
acherché, notamment
en développantla
télémédecine,àdifférer
de nombreuses
opérations
chirurgicalesde
manièreàpréserver les
capacités deshôpitaux.
5 AlexAzar, ministre
de la Santéenretrait
En France,c’estle
ministrequi va au front,
pas aux États-Unis.
AlexAzar, dont
le Département
chapeautelaCDC,
le NIH(qui contrôle
le NIAIDd’Anthony
Fauci) et la FDA, s’est
fait coiffer parMike
Pence.C’esttoutefois
lui quiaautoritépour
réquisitionner les
chaînesdeproduction
desentreprisespour
lesréorientervers des
matériels médicaux.
6 Stephen Hahn,
le patron de la FDA
Cetoncologistepréside
depuis 2019 la très
puissanteFoodand
DrugAdministration,
qui autorise la mise
sur le marché des
médicaments.
CommeFauci, ilaosé
contrediredevant
les camérasle
président lorsque ce
dernierapromis que
la chloroquine serait
rapidement disponible.
(^125)
20 mars:leprésident Donald Trump et le secrétaire d’État Mike Pompeo (à sa droite), avec
certains membres de la Task Force. Anthony Fauci est le deuxième en partant de la droite.
DISTRIBUTION DES RÔLES AU SEIN DE LATASK FORCE
STEFAN
IREYNOLDS
/BLOOMBE
RG
AN
DREW
HAR
RER
/BLOOMBE
RG
4
3 6
AL
DRAGO
/BLOOMBE
RG

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