L’Europe est à un tournant de son histoire. Elle est en
train de se forger une dimension qu’elle n’avait jamais
eue jusqu’alors : celle d’une union solidaire, capable de
dépasser les intérêts particuliers de chacun et de tenir
son rang face aux deux superpuissances que sont la
Chine et les Etats-Unis. Plusieurs tabous ont été brisés
ces derniers jours, qui témoignent de ce changement
de paradigme. Vendredi soir, Ursula von der Leyen
a proposé la suspension du Pacte de stabilité, et avec
elle, des règles de discipline budgétaire imposées aux
dix-neuf Etats de la zone euro. Jamais, même au plus
fort des crises de 2008 et de 2012, une telle décision
n’avait été envisagée. Accusée de ne pas prendre la
mesure de son poste, la présidente de la Commission
signe ainsi sa première mesure historique.
A cela s’est ajouté, 24 heures plus tard, l’abandon par
Berlin du « schwarze Null », un principe que les
Allemands semblaient chérir autant que le football,
selon lequel les comptes de
l’Etat devaient rester
constamment positifs.
Voilà déjà plusieurs mois
que des économistes
exhortaient Angela Merkel
à sacrifier cette vache sacrée et
à ouvrir les vannes budgétaires.
En promettant des centaines de
milliards d’euros pour
surmonter l’épidémie, la
chancelière fait donc, elle aussi,
sa révolution : l’austérité
germanique, qui semblait
inébranlable il y a quelques
mois, se fracasse sur la réalité
d’une pandémie qui, bien plus
que la dette grecque ou la crise
financière, risque de terrasser
l’économie outre-Rhin.
Toutes les digues ne sont pas
rompues pour autant. Pour que
l’Europe soit au rendez-vous de
l’histoire, c’e st aux 27 leaders
européens qu’il convient d’agir
désormais. On attend d’eux
qu’ils créent, ce jeudi, les outils
nécessaires pour voler au
secours d’un pays sans les
conditions humiliantes qui
avaient été imposées à la Grèce à l’époque. L’Italie
sombre, l’Espagne crie à l’aide. Peu importe que cette
volonté se traduise par des obligations européennes
- les fameux coronabonds – ou des fonds directs.
Derrière la technique financière, c’est une vraie
union budgétaire qui doit être scellée cette semaine à
Bruxelles. Au-delà du désastre humain que le Vieux
Continent est en train de vivre, cette crise aura ainsi,
peut-être, une vertu : celle de voir s’imposer une
intégration européenne, bien plus vite que quiconque
l’imaginait jusqu’alors.
(
Lire nos informations
Pages 2 à 9L’ ÉDITORIAL
DES « ÉCHOS »Nouveau monde,
nouvelle Europe
L’ Europe
change de
paradigme :
en
s’octroyant
de nouvelles
largesses
budgétaires,
elle se
donne enfin
les moyens
de ses
ambitions.
Par Lucie
Robequain
« L’arrivée du printemps », par Hélène Le Cam pour « Les Echos ». En partenariat avec Les Beaux-Arts.1011
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DERNIÈRE HEURE
LA PHOTO DU JOUR
LE PRINTEMPS EST ARRIVÉ La peur du coronavirus n’a pas empêché les Japonais d’admirer la floraison des ceri-
siers dans l’Archipel. Portant des masques pour se protéger de l’épidémie et armés de leur appareil photo, les habi-
tants de Tokyo se sont rendus au parc national de Shinjuku pour célébrer l’avènement du printemps. Des restrictions
ont cependant nettement réduit le nombre des pique-niques dans le parc et la foule était moins dense que l’année
passée. Le Japon est l’un des rares pays à ne pas avoir confiné sa population. Seules les écoles publiques sont fermées,
le gouvernement ayant appelé à annuler ou restreindre un grand nombre d’événements. Photo Paul Brown/Rex/Sipa
Séisme à Zagreb
CATASTROPHE – Un tremblement
de terre de magnitude 5,3 a frappé
la capitale croate, Zagreb, dimanche
matin, provoquant d’importants
dégâts matériels et des scènes de
panique. Le séisme a fait un mort,
un garçon de 15 ans, selon l’agence
Hina. Mais les pompiers ont
annoncé que « des personnes sont
restées ensevelies » dans les décom-
bres. L’épicentre de cette secousse
se situait à 7 km au nord de la ville
de Zagreb, selon le Centre sismologi-
que euro-méditérranéen. Le minis-
tère de l’Intérieur a appelé les
citoyens à rester dans les rues et
à ne pas se grouper pour se protéger
d’une éventuelle infection au coro-
navirus. Dans les vieux quartiers
de Zagreb, des façades de bâtiments
se sont effondrées et des parties de
la ville sont restées sans électricité.
Une des tours de l’emblématique
cathédrale a été endommagée.
Décès du magistrat
Pierre Truche
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JUSTICE – Le magistrat
Pierre Truche, ancien
avocat général du procès
de Klaus Barbie, est mort samedi
à l’âge de 90 ans. De substitut
du procureur de la République
à Arras à procureur général de
la Cour de cassation, ce Lyonnais
aura gravi pendant quarante ans
tous les échelons du parquet. Il
était unanimement salué pour son
humanité et son éthique. La minis-
tre de la Justice, Nicole Belloubet,
a salué une « figure immense de la
magistrature » soulignant « sa
contribution décisive à la définition
du crime contre l’humanité ».
Roland Marchal
est rentré en France
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DIPLOMATIE – Après neuf
mois et demi de détention
en Iran, le chercheur
français Roland Marchal est
rentré samedi à Paris, en échange,
selon Téhéran, de la libération
par la France d’un ingénieur
iranien menacé d’extradition aux
Etats-Unis. A son arrivée, il a été
hospitalisé à l’hôpital militaire
de Saint-Mandé, près de Paris,
pour des examens. « Les analyses
sont bonnes », a-t-il précisé. L’état
de santé du chercheur suscitait
beaucoup d’inquiétudes,
l’Iran étant en outre très touché
par l’épidémie de coronavirus.