Les Echos - 23.03.2020

(Tina Sui) #1
Lundi 23 mars 2020
http://www.lesechos.fr

Christophe Palierse
et Bruno Trévidic

Rien ne va plus dans le secteur aérien. Tant
pour les compagnies aériennes que pour les
agences de voyages. Alors même
que l’Europe a récemment rappelé aux
transporteurs leur obligation à rembourser
les passagers pour des vols qu’ils ont annu-
lés, les compagnies en font fi, cherchant à
limiter les sorties de cash. Elles veulent
imposer la pratique des reports e t du recours
aux bons à valoir sur un vol ultérieur.
Cette généralisation du non-rembourse-
ment par les compagnies est ouvertement
dénoncée par les agences de voyages. Air
France, qui représente près de 60 % de la
billetterie sur son marché domestique, vient
ainsi de confirmer aux professionnels des
mesures visant, in fine, à une « limitation des
remboursements », e t ce pour des billets pour
un transport jusqu’au 31 mai...
« Notre politique commerciale laisse le
choix au client entre le report du voyage ou un
avoir valable un an sur l’ensemble du réseau,
explique un porte-parole d’Air France. Et s’il
n’utilise pas cet avoir dans un délai d’un an, il y
a aura un remboursement... Mais pas avant
un an », précise-t-il.
Une politique manifestement contraire à
la réglementation européenne, mais qui
n’est pas le propre d’Air France. Toutes les
compagnies semblent s’être donné le mot
pour tenter d’éviter par tous les moyens
d’avoir à rembourser les vols annulés dans
les prochaines semaines.
Pour certains, cette mesure permettrait
d’éviter le pire. A savoir une faillite pure et
simple des compagnies aériennes, qui
reviendrait à une perte sèche pour leurs
clients. En cas de faillite, les passagers ne
sont généralement jamais remboursés.
Un argument présenté c es derniers jours à
la Commission. Mais celle-ci est restée

inflexible. Face à ce refus, l’Iata n’a pas man-
qué de manifester sa « déception ». « La Com-
mission semble sous-estimer considérable-
ment la crise qui frappe les compagnies
aériennes en Europe », a réagi son directeur
régional Europe, Rafael Schvartzman.

Annulations en série
De leur côté, les agences de voyages, sous la
pression de leurs clients, s’alarment. Elles
s’estiment « piégées » par les procédures de
l’Iata, l’organisme auquel elles règlent régu-
lièrement leur facture au titre de la billette-
rie. Les agences vont devoir payer, alors

même qu’elles sont assaillies de demandes
de remboursement pour des vols dont on
sait d’ores et déjà qu’ils n’auront pas lieu.
« Tout s’est accéléré en l’espace d’une
semaine. Jeudi soir, nous avions déjà 10.
billets à traiter », précise le président et
cofondateur du spécialiste de la billetterie
aérienne MysterFly, Nicolas Brumelot.
Selon la procédure Iata, les agences peu-
vent déduire de leur somme à verser le
montant des billets mis en rembourse-
ment. Sauf que les compagnies font, assu-
rent les agents de voyages, « la sourde
oreille ». Pis, « le problème s’accentue », selon

J


CAC 40
4.048,8 points
5,0136 % n

DOW JONES
19.173,98 points
-4,5462 % n

EURO/DOLLAR
1,06 88 $
-5,3198 % J

ONCE D’OR
1.494,4 $
1,3668 % n

PÉTROLE (BRENT)
26 ,98 $
-3,9858 %

DEVISESEUR/GBP0,9214 EUR/JPY1,1875 EUR/CHF1,0566 GBP/USD1,165USD/J PY1,1103USD/CHF0,9875TAUXEONIA-0,444LIFFE EURIBOR 3 MOIS-0,393OAT 10 ANS0,1898T- BONDS 10 ANS1,23 97


AÉRIEN


ADP 38
Airbus 38
Air France-KLM 38
Aldi 20
Altice 24
Amazon 20, 24
Apple 24
Auchan 20
Boulanger 20
Canal+ 24 , 25
Carrefour 20, 38

Casino 20
Danone 38
Darty 22
Disney+ 24
EDF 19
Engie 19
FNAC 20, 22
Franprix 20
Google 24
Hemarina 28
Ikea 20

Intermarché 20
KMW 23
La Française des Jeux 38
Leader Price 20
Lidl 20
Lufthansa 29
Monoprix 20
Netflix 24
Nuxe 22
Orpi 18
Paprec 21

Petit Bateau 22
SFR 24
Suez 21
Système U 20
TeePy Job 28
Total 19
Uniper 19
Veolia 21
Winergia 28
Xenothera 28
YouTube 24

= LES ENTREPRISES CITÉES


l’essentiel


IStock


Les maisons de champagne
enchaînent les fermetures
L’épidémie de coronavirus a provoqué la
fermeture en chaîne des caves de cham-
pagne. Le travail dans les vignes se
poursuit, ainsi que l’activité de
tirage, sans quoi les prochai-
nes vendanges seraient
impossibles. // P. 22

Canal+ pourrait
renoncer à la TNT
La première chaîne payante
française demande une baisse de
la TVA pour rester sur la diffusion
hertzienne. Elle pourrait se contenter du
satellite et des box télécoms, ce qui lui
ferait faire des économies mais risquerait
d’engendrer une perte de clients. // P. 25

Les entreprises de nettoyage
redéploient leurs effectifs
Les sociétés de nettoyage sont en
première ligne dans les entreprises
encore ouvertes. Leur défi : répartir
leurs effectifs, les protéger et
ne pas risquer la rupture de
consommables de protec-
tion et de lavage. // P. 27

La production de crédit
immobilier à l’arrêt
Face au blocage des transac-
tions dans l’immobilier, les
courtiers en crédit militent pour
des mesures d e soutien aux ménages et la
suspension des recommandations du
régulateur. Les banques multiplient les
initiatives pour aider leurs clients. // P. 31

Les compagnies aériennes bloquent


le remboursement des vols annulés


le président de l’organisation interprofes-
sionnelle Les Entreprises du Voyage (EdV),
Jean-Pierre Mas, avec la généralisation par
les compagnies d’un avoir, au lieu d’un rem-
boursement.
Il a déjà saisi le directeur général de Iata,
Alexandre de Juniac, « en vain ». Jean-
Pierre Mas espère désormais une « réponse
européenne ». Le président de MisterFly est
revenu à la charge, vendredi matin, avec la
publication d’une « lettre ouverte » à
Alexandre de Juniac, au titre choc : « Cris de
désespoir d’un pan entier d’une industrie
que vous menez à l’échafaud ».n

Air France représente 60 % de la billetterie aérienne sur son marché domestique. Photo Stéphane de Sakutin/AFP

Myriam Chauvot
[email protected]

Vendredi, 90 % des chantiers de cons-
truction de France é taient g elés, s elon la
Fédération française du bâtiment
(FFB). Et la situation est similaire dans
les travaux publics. Mais un dégel par-
tiel est en vue, après l’accord trouvé, en
fin de semaine, entre les fédérations du
BTP, la ministre du Travail, Muriel Péni-
caud, et celle de la Transition écologi-
que, Elisabeth Borne. L e secteur du BTP
ne voulait pas faire reprendre le travail à
son personnel, comme y appelait
Muriel Pénicaud, avant d’avoir pu
s’organiser et s’alarmait d’une menace
de non-éligibilité au chômage partiel.
Au terme de l’accord trouvé, la profes-
sion et l’Organisme professionnel de
prévention du BTP vont rédiger un pro-
tocole définissant les conditions sani-
taires requises selon les types de chan-
tiers, diffusé cette semaine via un Guide
de bonnes pratiques.
Le projet de texte des fédérations doit
être avalisé par l es ministères d u Travail
et de la Santé auxquels il devait être
transmis dimanche soir. La FFB espère
qu’il sera prêt pour diffusion le 25 ou le
26 mars. Il d éfinira « à quelles conditions
un chantier peut rester ouvert, à quelles
conditions il doit être fermé et s’il est
fermé, bien entendu l’entrepreneur aura
droit au chômage partiel », a résumé le
ministre de l’Economie.

Certains chantiers risquent de ne
jamais remplir les conditions sanitai-
res p our redémarrer, tels les tunnels du
Grand Paris. Mais pour d’autres types
de travaux, la clarification des condi-
tions de travail et des modalités de chô-
mage partiel doit permettre la reprise
du travail en rassurant le personnel
et en sécurisant les employeurs, qui
craignent d’être mis en cause en cas de
contamination. « Selon le droit du tra-
vail, la responsabilité de l’employeur
n’est engagée que s’il ne prend pas les
mesures de p révention utiles p our la pro-
tection des salariés et qu’il s’agit d’une
obligation de moyens », a rappelé le
ministère de la Cohésion des territoires
dans un communiqué.

Clarifications
Autre avancée de l’accord, il clarifie les
rapports avec les clients. « Le gouverne-
ment invite les donneurs d’ordre et entre-
prises à ne pas rechercher la responsabi-
lité contractuelle des entreprises, de leurs
sous-traitants ou fournisseurs qui, lors-
que les conditions d’exécution ne permet-
taient plus de garantir la santé et la sécu-
rité de leurs salariés, ont dû suspendre
leur a ctivité », poursuit le communiqué.
Dans le cas des travaux publics,
comme par exemple les infrastructures
de transport ou les travaux de voirie, les
maîtres d’ouvrage au niveau national et
les préfets au niveau local coordonne-
ront et prioriseront les chantiers à
relancer. Enfin, « une attention particu-
lière sera portée au cas des chantiers au
domicile des particuliers lorsque ceux-ci
sont présents », précise le ministère.n

Accord du BTP


et de l’Etat


pour dégeler


les chantiers


TRAVAIL


Le secteur du BTP
s’alarmait d’une menace
de non-éligibilité
au chômage partiel.

de sa branche Parfums & Cosmétiques
pour fabriquer et distribuer gratuite-
ment des gels hydroalcooliques
en grande quantité.
Des grandes entreprises aux collecti-
vités, les dons de masques se multi-
plient dans l’Hexagone ces derniers
jours pour tenter de pallier la pénurie
de ces équipements pourtant indispen-
sables aux soignants, face à l’épidémie
de coronavirus. Le groupe français
Chargeurs a ainsi annoncé son
intention de « produire en quantités
industrielles du gel et des masques de
protection ».
Le liquide hydroalcoolique sera réa-
lisé s ur « son site Novacel de Normandie,
au sein de la branche Chargeurs Protec-
tive Films », explique le groupe dans un
communiqué de presse publié diman-
che. Si la production va monter en
puissance au cours de prochain jours,
la « cible, en fonction des matières pre-
mières accessibles, est de 5 tonnes par
semaine à l’horizon des prochaines
semaines », précise Chargeurs. Les
masques, eux, seront produis s ur le site
de la Lainière, de Picardie. La produc-
tion cible à deux semaines est de plus
de 1 million d’unités par semaine,
assure le groupe industriel.n

LVMH offre 10 millions


de masques à la France


Le groupe LVMH a annoncé samedi
qu’il allait fournir plusieurs millions de
masques à la France. Dans un commu-
niqué, LVMH (propriétaire du groupe
Les Echos - Le Parisien) annonce avoir
trouvé un fournisseur industriel chi-
nois « capable de livrer 10 millions de
masques en France dans les prochains
jours » : 7 millions de masques chirur-
gicaux et 3 millions de masques FFP2.
L’opération « pourra être renouvelée
durant au moins quatre semaines
dans des quantités similaires », soit
environ 40 millions de masques,
annonce le groupe.

Les dons se multiplient
Le groupe financera intégralement la
première semaine de livraison, pour
un montant d’environ 5 millions d’euros,
et assurera ensuite la gestion, la livraison
et le dédouanement de l’ensemble
des livraisons. Les premiers masques
devraient être acheminés aux autorités
sanitaires françaises « en début de
semaine prochaine », selon le communi-
qué. Plus tôt dans la semaine, le groupe
avait mobilisé des unités de production

PRODUCTION

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