Les Echos - 23.03.2020

(Tina Sui) #1

Les Echos Lundi 23 mars 2020 ENTREPRISES// 19


En France, selon RTE, la de-
mande d’électricité est de 15 % infé-
rieure en moyenne au niveau habi-
tuellement constaté au mois de
mars, depuis la mise en place du
confinement. Plus globalement, en
Europe, la demande a aussi décro-
ché de 10 à 15 % ces derniers jours.
Le phénomène devrait logique-
ment s’amplifier à mesure que les
usines ferment et que d’autres
régions se confinent.
Dans ce contexte, si la situation
devait durer, les fournisseurs
d’électricité et de gaz devraient, eux
aussi, prendre des mesures pour
réduire leurs capacités de produc-
tion. Les centrales à gaz, dont le
coût marginal de fonctionnement
est plus élevé, seraient les premiè-
res à fermer.

Un manque à gagner
immédiat
Pour les fournisseurs d’électricité et
de gaz, le manque à gagner lié à la
crise du coronavirus est immédiat,
car si les p opulations sont confinées
chez elles et si les data centers tour-
nent à plein, cela ne compense pas
la baisse de consommation des usi-
nes. Concrètement – comme l’élec-
tricité ne se stocke pas –, les fournis-
seurs doivent revendre l’électricité,
achetée l’an passé à des cours nette-
ment plus élevés, à prix cassé sur le

En France, en Italie et au Royaume-
Uni, d es mesures doivent être prises
pour décaler le paiement des factu-
res d’é lectricité des entreprises en
difficulté. Anticipant des vagues de
défauts, les fournisseurs devraient
donc gonfler leurs provisions pour
impayés. « Les acteurs très exposés à
la distribution, comme Uniper, EDF,
Fortum ou Engie, sont particulière-
ment exposés à ce risque », estime
Pierre Georges.

Des chantiers retardés
La crise retarde aussi les chantiers
en cours qui souffrent de défaut de
main-d’œuvre et ont des difficultés
d’approvisionnement. En la
matière, les inquiétudes sont vives
dans le secteur des énergies renou-
velables, puisque les acteurs qui
livrent en retard risquent de perdre
leur accès aux tarifs de revente
d’électricité garantis par l’Etat.
Pour EDF et Engie, la dégradation
du contexte économique devrait
aussi plomber le bilan. « Le taux
d’actualisation de leurs provisions
pour couvrir leurs engagements de
retraites et de retraitement des
déchets nucléaires devrait être revu à
la baisse, étant donné l’environne-
ment prolongé de taux d’intérêt bas
qui se profile. Leur dette économique
va donc continuer de croître... », pré-
vient Pierre Georges.n

Le marché de l’électricité broie du noir


Sharon Wajsbrot
@Sharonwaj


Le plongeon a été brutal. Depuis la
fin février, le prix du mégawat-
theure a décroché d’environ 30 %,
en France, sur la Bourse euro-
péenne de l’électricité (Epex Spot).
« C’est u ne des baisses les plus rapides
que j’aie vues. Qui plus est, les prix
ont aussi baissé pour les contrats à
terme en 2021 et 2022, le marché anti-
cipe donc une crise très longue »,
estime Julien Tchernia, le président
du jeune fournisseur de gaz et
d’électricité français ekWateur.
Il faut dire que les événements de
ces derniers jours ont fait littérale-
ment s’effondrer la demande
d’électricité. « En 2008 ou après le
11 septembre 2001, l es usines
n’avaient pas fermé », rappelle
Xavier Barbaro, président-fonda-
teur du producteur d’énergies
renouvelables Neoen.


Selon RTE, la consommation
d’électricité en France a
baissé d’environ 15 % ces
derniers jours, une situation
inédite qui fait plonger
les prix du marché de gros.
Ce coup de frein brutal
pourrait fragiliser certains
fournisseurs d’électricité
et de gaz en Europe.


L’opérateur du réseau de distri-
bution de gaz a cessé toutes les acti-
vités non urgentes ou essentielles,
et les salariés qui le peuvent sont en
télétravail. Les fonctions liées à la
sécurité du réseau et aux interven-
tions d’urgence, de même que le
rétablissement du gaz pour les
clients qui ont subi une coupure,
nécessitent toutefois une présence
sur le terrain.

« Tout pour protéger
les salariés »
C’est pour ces techniciens que la
CGT s’inquiète. « Ils n’ont ni masque
ni gel hydroalcoolique alors qu’ils
sont amenés à côtoyer des usagers et
des collègues », poursuit Sébastien
Raya. La direction rétorque qu’elle
fait « tout pour protéger les salariés »
et que l’application s tricte d es consi-
gnes est suffisante.
Avant de se déplacer au domicile
d’un client, GRDF appelle pour
vérifier qu’aucun membre du foyer
n’est malade. Les salariés se ren-
dent le moins possible à l’atelier et

l’entreprise d’en faire le recense-
ment et de les mettre sous clef en
prévision d’une éventuelle réquisi-
tion pour les soignants.
« Les stocks de masques des e ntre-
prises de l’énergie ont été réquisi-
tionnés par l’Etat ces derniers jours
pour répondre aux besoins des ser-
vices de santé, expliquait jeudi der-
nier la ministre de la Transition
écologique, Elisabeth Borne, dans
une interview aux « Echos ». On
voit bien que tout le pays ne peut pas
porter un masque FFP2. Ce n’est pas
une nécessité. Il faut d’abord se tenir
à distance et se laver régulièrement
les mains. »
Aucun autre syndicat n’a sou-
tenu le droit d’alerte invoqué par la
CGT. « Nous n’étions pas assez pré-
parés, c’est vrai, et certains managers
ont dû être rappelés à l’ordre parce
qu’ils ne respectaient pas les consi-
gnes, mais ce sont des cas isolés, tem-
père Antony Lalo, coordinateur
CFDT. Le moment est grave et GRDF
doit rester au service d es Français. Ne
jetons pas d’huile sur le feu. »n

Chez GRDF, le manque de masques


inquiète les salariés


Vincent Collen
@VincentCollen


La polémique sur les masques qui
agite GRDF depuis la semaine der-
nière illustre à quel point la sécurité
des salariés contraints de poursui-
vre leur travail est un sujet sensible
pendant l’épidémie. La CGT a
exercé son droit d’alerte au nom
d’un « danger grave et imminent »
pour certains collaborateurs de la
filiale d’Engie. « Les salariés ne sont
pas assez protégés », critique Sébas-
tien Raya, délégué CGT.


La CGT a déposé un droit
d’alerte au nom d’un
« danger grave et imminent »
pour les salariés du
distributeur de gaz.
Comme beaucoup de
travailleurs contraints
de rester au contact des
clients pendant l’épidémie
de coronavirus, ils déplorent
un manque d’équipements
de protection.


activités : gaz, renouvelables et
électricité (300 millions), raffinage
et chimie (300 millions), marke-
ting et services (200 millions). Les
investissements dans les activités
« bas carbone » (renouvelables,
électricité, batteries...) seront
maintenus à leur niveau actuel (1,
à 2 milliards par an).
Les coûts d’exploitation vont
également ê tre bridés. Total avait
prévu des économies de 400 mil-
lions de dollars cette année, elles
seront doublées, à 800 millions.
« Nous allons vous demander des
efforts supplémentaires », a dit le
PDG. Les recrutements, en parti-
culier, seront gelés. Enfin, la
major française met fin à son
programme de rachat d’actions
de 2 milliards de dollars qui était
planifié en 2020. Quelque
500 millions ayant déjà été
dépensés, cela générera une éco-
nomie supplémentaire de
1,5 milliard.

Plus solide qu’en 2014
Le plan d’action porte en tout sur
un peu plus de 5 milliards. Il ne
permettra donc pas de combler
l’intégralité du manque à gagner
de 9 milliards. Pour les 4 milliards
restants, Total aura recours à
l’endettement. Cela gonflera le
taux d’endettement du groupe de
2 points de pourcentage (il était de
16 % fin 2019). « Nous pouvons
faire face à cette crise financière », a
assuré Patrick Pouyanné.
Le groupe est beaucoup plus
solide qu’e n 2014, à la veille de la
précédente chute des cours,
selon lui. A l’époque, le taux
d’endettement était de 30 %. Les
coûts de production représen-
taient près de 10 dollars par baril,
contre 5 dollars aujourd’hui. Et le
« point mort », c’est-à-dire le prix
du baril au-dessus duquel le
groupe est bénéficiaire une fois
payés les dividendes, est infé-
rieur à 25 dollars, contre plus de
100 dollars en 2014. « Nous avons
survécu aux tempêtes de 2015,
nous survivrons aux tempêtes de
2020 », a conclu le PDG.
Ce sera beaucoup plus dur
pour les sociétés parapétrolières
qui travaillent pour Total et ses
concurrents. Elles se verront pri-
vées d’une bonne partie de leurs
revenus. Patrick Pouyanné a
d’ailleurs anticipé que les rela-
tions avec ces prestataires pour-
ront « se tendre ». Les cours de
Bourse des parapétroliers se
sont écroulés ces dernières
semaines.
L’action du franco-américain
TechnipFMC a été divisée par
trois depuis le 1er j anvier. Vendredi
soir, le fabricant de tubes pour
l’industrie pétrolière et gazière
Vallourec a annoncé qu’il suspen-
dait ses prévisions financières
pour 2020. —V. C.

C’est le branle-bas de combat
chez Total, secoué p ar une d ouble
crise, la pandémie et l’effondre-
ment des cours du pétrole. Le
PDG, Patrick Pouyanné, s’est
adressé aux 100.000 salariés du
groupe jeudi dernier, dans un
message vidéo, pour leur annon-
cer les mesures difficiles qui
seront prises face à cette situa-
tion, inédite depuis le précédent
krach pétrolier, en 2014. Et qui
pourrait se révéler encore bien
pire pour le secteur.
Le budget de Total pour 2020
avait été construit sur la base
d’un baril de brent à 60 dollars en
moyenne. Il est aujourd’hui
tombé sous les 30 dollars, après
avoir perdu plus de la moitié de
sa valeur depuis le début de
l’année.

« Un trou de 9 milliards »
à combler
La crise sanitaire fait chuter la
demande partout dans le monde
tandis que l’offre augmente sous
l’effet de la guerre des prix déclen-
chée par l’Arabie saoudite. Résul-
tat, Total doit faire face à « un trou
de 9 milliards de dollars » par rap-
port à ce qui était programmé, a
expliqué le dirigeant.
Il fallait donc « mettre en place
une réponse immédiate », a-t-il
poursuivi, avant de dévoiler les
grandes lignes du plan d’action
mis au point dans l’urgence avec
le comité exécutif. Les premières
restrictions concernent les inves-
tissements. Ils seront réduits de
« plus de 20 % », soit une écono-
mie de « 3,3 milliards de dollars »
cette année.
Total n’est pas le premier à
prendre de telles décisions.
ExxonMobil et Saudi Aramco
ont déjà prévenu qu’ils rédui-
raient leurs dépenses, de même
qu’une kyrielle de producteurs
de gaz et pétrole de schiste aux
Etats-Unis. « Le secteur e st revenu
en mode survie, commentent les
analystes de Wood Mackenzie.
Les réductions des investisse-
ments seront immédiates et pro-
fondes. La dépense mondiale
pourrait chuter de plus de 25 %
cette année. »
La majorité des coupes prévues
par Total (2,5 milliards) concer-
nera l’exploration-production, le
solde étant réparti entre les autres

Le PDG du pétrolier,
Patrick Pouyanné,
annonce un plan d’action
pour faire face à la chute
des cours du pétrole.
Les investissements
seront réduits de plus
de 3 milliards de dollars
cette année. Le plan
d’économies sera doublé,
à 800 millions. Les rachats
d’actions sont arrêtés.

Total réduit ses


investissements


de plus de 20 %


marché. « Les plus exposés à ce ris-
que sont les petits fournisseurs, car
les gros acteurs sont généralement
couverts, mais l a pression sur l es prix
mettra l’ensemble du secteur sous
pression en 2021 », estime Pierre
Georges, responsable Europe du
secteur des « utilities » chez S & P
Global Ratings. Compte tenu de
l’hiver clément et de la crise du
coronavirus, l’agence de notation
table sur une chute de la consom-
mation d’électricité de 5 à 7 % en
Europe, dès 2020.

Relativement protégés par rap-
port à d’autres secteurs, les fournis-
seurs d’électricité et de gaz se voient
aussi demander de partager une
partie de l’effort gouvernemental.

Si la situation dure,
les fournisseurs
devront réduire
leurs capacités
de production.

Les centrales à gaz,
dont le coût marginal
de fonctionnement
est plus élevé, seraient
les premières à fermer.

vont directement de leur domicile à
leur lieu d’intervention avec leur
véhicule de fonction. Dans toutes
les situations, les agents sont appe-
lés à respecter une distance d’au
moins 2 mètres avec leurs collè-
gues et clients.
GRDF dispose bien d’une
réserve de masques FFP2 depuis
l’épidémie de grippe H1N1, mais en
quantité très limitée : moins de
2.000, dont une partie est périmée.
« Nous avions fait u ne commande d e
masques en janvier mais elle n’a pas
abouti », souligne-t-on au sein du
groupe. De toute façon, les autori-
tés préfectorales ont demandé à





MASQUES FFP
Les équipements datent
de l’épidémie de grippe H1N
retrouvés par GRDF.
Mais une partie est périmée.

COMMUNIQUÉ


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
MIXTE DU 25 MARS 2020

▼Avis aux actionnaires :
Ajournement de l’Assemblée Générale Mixte
du 25 mars 2020

Mesdames et Messieurs les actionnaires sont informés que, par
délibération du 20 mars 2020, le DirectoiredelaSociété POMONA a
décidé, en considération des mesures exceptionnelles en vigueur pour
faireface àl’épidémie de Covid 19, d’ajourner la réunion de l’Assemblée
Générale Mixte, initialement convoquée le mercredi 25 mars 2020 à
10H30 au siège social,3avenue du Docteur Ténine–92160 ANTONY.
Une nouvelle convocation vous sera communiquée ultérieurement.
Il convient de ne pas tenir compte des convocations qui vous ont été
adressées le 10 mars dernier.

POMONA
S.A. àDirectoireetConseil de surveillance
Au capital de 6.567.380€
Siège social:3,avenue du Docteur Ténine–92160 ANTONY
RCS 552 044 992 NANTERRE
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