ayant des offres SVoD), la durée
d’écoute de la SVoD a elle aussi aug-
menté, mais seulement d’un peu
plus de 10 minutes mardi et mer-
credi, pour un total de visionnage
de 2 h 35 par jour en moyenne.
Recettes publicitaires
en berne
« Ce n’est pas énorme. On avait enre-
gistré des durées plus importantes en
janvier, après des sorties de films e t de
séries très appréciées plus importan-
tes en fin d’année », indique Gilles
Pezet, chez NPA. Le nombre d’utili-
sateurs quotidiens moyens (plus de
4 millions) est c ertes très élevé, mais
n’est p as non p lus à son apogée. « La
consommation devrait très forte-
ment augmenter dès q ue l’on va avoir
de nouvelles saisons de séries comme
“La Casa de papel” [début avril,
NDLR], etc. », prédit Gilles Pezet.
Toutefois, c ette hausse de
l’audience ne s’accompagne pas
d’une augmentation des recettes
publicitaires. Car la plupart des
commerces étant fermés et les sor-
ties réduites, bon nombre d’annon-
ceurs publicitaires ont réduit la
voilure. D’autant que les budgets
communication sont coupés en
premier en phase de récession. Par
exemple, NRJ, qui publiait ses résul-
tats annuels la semaine dernière, a
indiqué « enregistrer des annulations
de campagnes de publicité depuis le
début du mois de mars, avec une forte
accélération ces derniers jours ».
Des premiers chiffres permet-
tent de cerner l’étendue des dégâts :
entre lundi et mercredi, l a durée des
publicités (hors chaînes d’informa-
tion) a baissé de 14 % en un an et de
9 % comparativement à la première
quinzaine de mars. A elle seule, TF1
a perdu 30 minutes de publicité par
rapport à début mars, soit un recul
de 15 %, pour un total de 2 h 55 de
publicité par jour. « Et ce n’est qu’un
début... la tendance risque de s’accé-
lérer nettement. Cela va être dur »,
note un expert. Le Syndicat natio-
nal de la publicité télévisée permet
aux annonceurs de reporter leurs
campagnes annulées sans frais
jusqu’au 21 août, « pour les inciter à
revenir sur le marché rapidement »,
explique David Larramendy, son
président. L’enjeu est crucial pour
les chaînes de télévision gratuites,
qui vivent de la publicité.n
Les Français regardent la télévision une heure de plus
Marina Alcaraz
@marina_alcaraz
La télévision est de plus en plus
plébiscitée par le grand public,
mais elle attire de moins en moins
d’annonceurs publicitaires. C’est le
paradoxe de cette période de confi-
nement et de chômage partiel, liée
au coronavirus. Alors que les Fran-
çais ne peuvent quasiment plus
sortir de chez eux et que les enfants
restent à domicile, la durée d’ écoute
de la télévision a déjà progressé
d’environ une heure sur un an. Par
exemple, mercredi, elle a atteint
4 h 30 en moyenne, contre 3 h 29 le
18 mars 2019, selon Médiamétrie.
Ce n’est pas la première fois
que l’on observe de tels pics de
consommation. Cela a aussi été
le cas, par exemple, certains jours
La durée d’écoute
de la télévision a progressé
d’environ une heure
ces derniers jours. La SVoD
est aussi en hausse, mais
dans une moindre mesure.
Toutefois, la publicité
est en berne.
Raphaël Balenieri
@RBalenieri
Après Netflix, jeudi soir, YouTube
et Amazon vont réduire les débits
de leurs vidéos pour soulager les
réseaux des opérateurs télécoms,
très sollicités en raison du télétra-
vail, du gaming, du streaming, etc.
La plateforme vidéo de Google
va a bandonner pendant
trente jours la « haute définition »
sur tous s es c ontenus en Europe et
au Royaume-Uni et opter pour
une diffusion en mode standard,
moins consommatrice de bande
passante. Amazon, de son côté,
a indiqué avoir « déjà commencé »
à réduire les débits sur son propre
service, Prime Video. De même,
Canal+ va donner la possibilité
aux opérateurs télécoms de sus-
pendre la diffusion de ses chaînes
4K sur leurs box.
Sous pression, le service de
SVoD Disney+ a, lui aussi, fini
par reporter, en dernière minute,
son lancement en France du
24 mars au 7 avril, répondant
à une demande du gouverne-
ment et des opérateurs télécoms
- même si aucun de ceux-ci n’a
signé un accord de distribution
avec lui, à ce stade. Pour les autres
pays européens où la plateforme
est lancée mardi (Royaume-Uni,
Irlande, Allemagne, Espagne, Ita-
lie, Suisse et Autriche), des mesu-
res vont être prises « pour réduire
l’utilisation globale de la bande pas-
sante d’au moins 25 % », a indiqué
Kevin Mayer, qui supervise le
département des activités interna-
tionales, streaming, distribution
et marketing des contenus Disney.
La semaine dernière, Thierry
Breton, le commissaire européen
au Marché intérieur, avait pris les
devants avec les grandes plate-
formes de vidéos à la demande,
Comme Netflix, ils ont
accepté de soulager les
réseaux des opérateurs
télécoms. Disney+ a, lui,
reporté son lancement.
négociant avec elles des mesures
susceptibles d’alléger la bande
passante. En France, Cédric O, le
secrétaire d’Etat au Numérique,
avait fait passer le même message.
Surchauffe
Dans l’Hexagone, Google (tous
services confondus, dont You-
Tube) mobilise à lui tout seul plus
de 15 % de la bande passante
des opérateurs télécoms, selon
l’Arcep, derrière Netflix (25 %)
mais devant Facebook (5 %). Et en
temps normal, l a vidéo représente
entre 60 % et 70 % du trafic Inter-
net sur les réseaux. Or le confine-
ment généralisé et la fermeture
des écoles ont entraîné une
hausse de la consommation de
données chez les quatre opéra-
teurs télécoms de 10 % à 30 %, liée
notamment au streaming.
Si leurs réseaux ont évité à ce
stade tout bug majeur, des cas de
surchauffe ont été observés en
local, surtout sur la 4G. Pas ques-
tion pour autant de laisser la
consommation flamber. « Il n’y a
pas péril en la demeure, mais il faut
être vigilant, dit-on au ministère
de l’Economie. La situation
appelle des réponses rapides. »
Si Netflix et Amazon sont deux
services purement récréatifs, You-
Tube, lui, cherche, depuis le début
de la crise, à s’imposer comme une
source d’information fiable sur le
coronavirus, même si les « fake
news » sur l’épidémie sont loin
d’avoir disparu du site. La pre-
mière allocution d’Emmanuel
Macron a, par exemple, été diffu-
sée en direct sur YouTube. Des
professeurs u tilisent aussi la plate-
forme pour enseigner à distance.
« Les internautes viennent sur You-
Tube pour trouver des sources fia-
bles d’information et des contenus
pédagogiques pendant cette période
difficile, rappelle Google. Bien que
nous n’ayons vu que quelques pics
d’utilisation [...], nous avons des dis-
positifs en place pour automatique-
ment ajuster notre système et mobi-
liser moins de capacité réseau. »n
YouTube et Amazon
dégradent à leur tour
la qualité de leurs vidéos
de l’hiver 2018, ou encore au
moment des attentats de novem-
bre 2015. « Mais cette forte crois-
sance de la durée d’écoute intervient
après plusieurs années de recul, à un
moment où la télévision souffre de la
concurrence des plateformes de
vidéo à la demande », explique
Philippe Nouchi, expert chez Publi-
cis Media. La durée d’écoute a en
effet perdu 6 minutes en 2019.
Cette hausse se constate aussi
chez les jeunes, qui ont pourtant eu
tendance à délaisser la télévision de
« papa » ces dernières années. Pour
les 15-24 ans, la durée d’écoute est
ainsi montée de 43 minutes à 1 h 38
au total, mercredi. La télévision n’a
donc rien à envier, à ce stade, à
Netflix et consorts... Selon le baro-
mètre de NPA Conseil (qui se fonde
sur du déclaratif des personnes
14 %
LA BAISSE
de la durée des publicités,
par rapport à un an plus tôt,
entre lundi et mercredi derniers.
En tant qu’opérateur d’importance
vitale, la responsabilité de SFR est
d’assurer toutes les communica-
tions dans cette période exception-
nelle. Les télécoms et Internet, pour
les clients, sont comme l’eau ou
l’électricité, personne ne compren-
drait que cela ne fonctionne pas.
Jusqu’à quel point les usages
ont-ils augmenté?
On a constaté un doublement de
l’usage de la voix et la data mobile.
Des applications comme Whats-
App sont utilisées quatre fois plus
que d’habitude. Le fixe, lui, est plus
stable, mais o n commence à voir des
volumes de certaines plateformes
extrêmement significatifs comme
Netflix qui fait 100 % de croissance
depuis une semaine. Cela pose la
question de l’engorgement.
Y a-t-il un risque d’explosion
des réseaux?
Non, le réseau de SFR est solide, prêt
à absorber de très fortes hausses de
trafic. Mais il pourrait y avoir des
problèmes de saturation significa-
tifs en cas d’usages déraisonnables
pendant plusieurs semaines. Nous
aurions alors une qualité de service
extrêmement dégradée. Nous fai-
sons tout pour que ce ne soit pas le
cas e t en appelons à la responsabilité
des uns et des autres. SFR Business
accompagne ses entreprises clientes
avec des offres dédiées, nous avons
mis en place un numéro de service
client pour le secteur de la santé. La
mobilisation doit être générale!
Qu’est-ce que faire preuve
de responsabilité numérique?
Cela veut dire qu’il faut utiliser le
wi-fi sur votre smartphone, votre
tablette ou ordinateur portable,
quand vous êtes chez vous, plutôt
que la 4G pour limiter l’impact sur
les réseaux mobiles. De même, les
plateformes de gaming, les Netflix,
Amazon, Apple et Google, ont la
responsabilité immense de ne pas
surcharger les réseaux. Je salue les
annonces de certains d’entre eux
pour réduire leur qualité et libérer
de la bande passante, même si nous
n’en voyons pas encore les effets
sur les réseaux de SFR. C’est un sujet
clé pour nous : on ne peut pas conti-
nuer à encombrer nos réseaux
comme cela, n’importe comment,
sans contrôle, sans garde-fou, sur-
tout dans une période de crise. Nous
devons absolument garantir la qua-
lité pour les services prioritaires, de
santé, pour le télétravail, ou encore
l’enseignement à distance. Le gou-
vernement, par la voix de Cédric O,
se mobilise aussi pour faire de
la pédagogie, c’est essentiel.
Justement, le service de SVoD
Disney+ prévoit de se lancer
prochainement en France.
Cela pourrait-il saturer
vos réseaux?
Les opérateurs t élécoms ont
demandé à Bercy de discuter avec
Disney+ pour différer ce lancement.
Ils annoncent désormais le 7 avril,
c’est une très sage nouvelle. La parti-
cularité de Disney+, c’est qu’ils vont
se lancer en OTT – c’est-à-dire avec
des flux unicast sur Internet. Et si
plusieurs millions de clients s’y
connectent dans les premiers jours,
comme cela a été le cas aux Etats-
Unis, cela pourrait entraîner un
engorgement de façon significative.
C’est une situation qui nous paraît
extrêmement inquiétante.
SFR ne distribue pas Disney+
dans ses box, donc le risque
semble limité pour vous...
Le développement de l’OTT est en
très forte croissance, comme nous
l’avons connu avec RMC Sport,
d’ailleurs. Donc nous ne pouvons
pas négliger l’effet sur les réseaux
de l’arrivée d’un nouvel acteur.
Du coup, seriez-vous prêt
à brider le débit de Disney+
pour éviter la panne?
On n’en est pas du tout là, mais ce qui
est sûr, c’est que dans la période que
l’on traverse, nous devons garantir
une continuité de service aux priori-
tés du pays et des Français. Et si
nous devions prendre des mesures
en ce sens, nous ne nous les interdi-
rions évidemment pas, et ce, dans le
respect des règles en vigueur. SFR
discute chaque jour avec Bercy et
l’Arcep de cette hypothèse. Donc
si nous étions dans l’obligation
nationale de prioriser telle ou telle
plateforme pour garantir le fonc-
tionnement du service aux person-
nels hospitaliers, aux pouvoirs
publics, et aux techniciens sur le
terrain, aux entreprises pour
qu’elles travaillent, aux enfants,
pour qu’ils bénéficient d’enseigne-
ment à distance, nous le ferions.n
Grégory Rabuel affirme que
« la responsabilité de SFR
est d’assurer toutes les
communications dans cette
période exceptionnelle ».
GRÉGORY RABUEL
Directeur général
de SFR
Propos recueillis
par Fabienne Schmitt
@FabienneSchmitt
et Sébastien Dumoulin
@sebastiendmln
Alors que la France termine sa pre-
mière semaine de confinement,
Grégory Rabuel, le directeur géné-
ral de SFR, explique comment
l’opérateur s’organise pour que ses
réseaux n’explosent pas.
Les opérateurs ont connu des
bugs cette semaine, la situation
est-elle sous contrôle chez SFR?
Oui, malgré une crise sans précé-
dent. Nous avons mis en place notre
plan de continuité d’activité et je
salue nos 10.000 collaborateurs
qui travaillent d’arrache-pied pour
assurer le bon fonctionnement du
réseau de SFR. Nos 5.000 techni-
ciens sont sur le terrain, j our et nuit ;
parfois ils ne peuvent circuler et éco-
pent d’amendes, alors qu’ils sont
dans leur bon droit au service du
pays. Nous travaillons avec les pou-
voirs publics pour qu’ils puissent
exercer leurs fonctions vitales sans
encombre et en toute sécurité. Nous
avons augmenté nos capacités
après des difficultés au niveau de
l’interconnexion avec les autres
opérateurs et parfois un peu de
congestions. Depuis, la situation
est revenue à la normale. Altice est
un groupe mondial implanté aux
Etats-Unis, en Israël ou encore au
Portugal, nous échangeons sur les
bonnes pratiques d’un pays à l’autre.
« SFR bridera
les plateformes
de streaming
si la situation
l’impose. »
« Les télécoms,
c’est comme l’eau
et l’électricité »
l Le directeur général de SFR affirme que les réseaux
télécoms tiennent le choc des pics de connexion.
lIl qualifie d’« extrêmement inquiétant » le lancement
prochain de Disney+, redoutant un engorgement.
SFR
HIGH-TECH & MEDIAS
Lundi 23 mars 2020Les Echos