28 // PME & REGIONS Lundi 23 mars 2020 Les Echos
innovateurs
Date de création : 2007
Président : Franck Zal
Effectif : 30 personnes
Secteur : biotechnologies
Stanislas du Guerny
—Correspondant à Rennes
Franck Zal, le PDG d’Hemarina,
multiplie depuis plus de dix ans
les études et dépôts de brevets
internationaux pour dévelop-
per ses transporteurs d’oxygène
issus de l’hémoglobine du ver
marin, nommé arénicole. Il a
même créé un élevage sur l’île
de Noirmoutier en Vendée, afin
de sécuriser ses approvisionne-
ments. Sa molécule Hemo2life
est notamment utilisée pour
l’oxygénation de greffons
rénaux avant la transplanta-
tion, ce qui permet d e les préser-
ver beaucoup plus longtemps.
« Dans le cadre de l’épidémie du
Covid-19, cette même molécule
doit pouvoir aider les malades
victimes du syndrome de détresse
respiratoire aiguë – SDRA –
sachant qu’elle a une capacité
oxygénante 40 fois supérieure à
celle de l’hémoglobine des verté-
brés », estime Franck Zal. En
fait, Hemarina a démontré
Hubert Vialatte
— Correspondant à Montpellier
Concourir à l’effort de solidarité, en
apportant notamment des solu-
tions d’urgence aux centres hospi-
taliers débordés. Bastide Le Confort
Médical, entreprise gardoise cotée,
déborde de son activité habituelle
de fourniture de matériel médical
destiné aux soins à domicile.
Pas moins de 3 millions de mas-
ques chirurgicaux ont été comman-
dés à des fabricants chinois, dont l es
usines ont rouvert. Face à la crise
sanitaire, l’acheminement depuis
l’Asie est privilégié par avion,
« même si le coût des produits est
multiplié par dix par rapport au
transport maritime », précise Vin-
cent Bastide, directeur général.
Autres pièces commandées, des
concentrateurs d’oxygène, très
Eqinov ajoute un nouveau métier à
sa palette de services de perfor-
mance énergétique. Cette entre-
prise d’Issy-les-Moulineaux
(Hauts-de-Seine) qui a réalisé, en
2019, 45 millions d’euros de chiffre
d’affaires vient de boucler l’acquisi-
tion de Winergia.
Basé à Nanterre (Hauts-de-Seine),
Winergia emploie une trentaine de
collaborateurs et a réalisé 2,5 mil-
lions d’euros de chiffre d’affaires
l’année dernière. L’entreprise a « une
compétence d’études en efficacité
énergétique. C’est la partie amont de
notre méthode, indique Natacha
Hakwik, cofondatrice d’Eqinov. Les
ingénieurs de Winergia se rendent
chez le client, recueillent des données,
les analysent pour déterminer le type
d’équipement nécessaire et réaliser les
calculs de rentabilité ».
Métiers complémentaires
Présent sur le marché des études en
bâtiments tertiaires, Winergia
complète le fonds de commerce
d’Eqinov constitué à 80 % d’entre-
prises industrielles. Surtout, les
deux entreprises exercent des
métiers complémentaires. Eqinov,
qui emploie une quarantaine de
salariés, est davantage positionné
sur l’aspect financier de la perfor-
mance énergétique. Il commercia-
lise notamment des outils de finan-
cement de projets pouvant entrer
dans le cadre de certificats d’écono-
mies d’énergie et d’effacement pro-
grammé de consommation électri-
que pour les industriels.
En clair, l’entreprise se fait rétri-
buer par les producteurs d’énergie
tels qu’EDF et par le gestionnaire du
réseau de transport d’électricité
RTE, pour trouver des industriels
qui acceptent, sur demande, de
réduire temporairement leur con-
sommation pour optimiser le ren-
dement des centrales électriques et
éviter les risques de surcharge,
voire de panne. Il ne s’agit pas de
basculer leur alimentation sur un
groupe électrogène mais bien de lis-
ser leur consommation. Les entre-
prises peuvent, par exemple, déci-
ÎLE DE FRANCE
Cette entreprise
d’Issy-les-Moulineaux
fait l’acquisition
de Winergia, dont
l’expertise en écono-
mies d’énergie va
lui permettre
de renforcer sa
présence sur le mar-
ché des bureaux.
mie du coronavirus, sur la plate-
forme TeePy Job. Les dernières
offres d’emploi déposées émanent
d’une chaîne de restauration qui
recherche un commis de cuisine et
des serveurs. Côté demandes, une
assistante, un palefrenier et un
comptable proposent leurs servi-
ces. Particularité, elles concernent
des seniors.
C’est que la plateforme TeePy Job
est n ée en 2018 d’un constat.
D’un côté, des entreprises qui ne
trouvent pas les compétences dont
elles ont besoin et, de l’autre,
920.000 demandeurs d’e mploi de
plus de 55 ans qui cherchent un
poste et 500.000 retraités en quête
d’une activité complémentaire. « Au
départ, il s’agissait de TPE qui nous
avaient fait part de leurs difficultés à
trouver de la main-d’œuvre qualifiée.
Il y avait b eaucoup d ’artisans qui pen-
saient recruter d’anciens compa-
gnons », résume le fondateur de
l’entreprise Jean-Emmanuel Roux.
Un modèle bien rodé
TeePy Job démarre ainsi début 2018
sur un modèle rodé pendant deux
ans par une première structure. Les
candidats déposent gratuitement
leurs demandes et l’entreprise qui
cherche à recruter paie pour dépo-
ser une annonce. Un algorithme
opère une première sélection de
candidats. Ces derniers sont alertés
pour, éventuellement, affiner leur
CV. Si l’entreprise est intéressée, elle
paie pour enter en contact avec le
candidat. « Les candidats, de 55 à 75
ans, sont des chômeurs et des retraités
qui ont besoin d’un revenu complé-
mentaire ou veulent transmettre leur
qu’elle est capable de délivrer de
l’oxygène « à tous les niveaux du
vivant ». Autre atout de cette
molécule issue de la plateforme
technologique M101 d’Hema-
rina : « Sa taille est 250 fois plus
petite qu’un globule rouge, elle
peut passer dans des endroits où
la circulation est réduite. » Dans
les cas graves du Covid-19, cela
pourrait éviter que les patients
ne s’asphyxient par manque
d’oxygène dans le sang.
Stock de 5.000 doses
« Des chirurgiens de l’hôpital
Georges Pompidou m’ont solli-
cité. Nous avons présenté notre
molécule au Comité scientifique
Covid-19 réuni autour du Prési-
dent de la République et nous
attendons l’avis des Autorités de
Santé. Nous sommes prêts à four-
nir des milliers de doses », insiste
Franck Zal. La société dispose
dans ses congélateurs d’un
stock de 5.000 doses qu’elle
pourrait rapidement porter à
15.000, voire 20.000. Chacune
est présentée sous forme d’une
poudre conditionnée dans un
flacon de 30 mg, ensuite diluée
dans une solution de perfusion.
L’expertise de Hemarina a
déjà été précieuse au monde
médical lors de la greffe totale du
visage réalisée par le professeur
Laurent Lantieri, chef du service
de chirurgie plastique, recons-
tructrice et e sthétique à l’Hôpital
européen Georges Pompidou. Il
vient de demander officielle-
ment au ministre de la Santé de
tester la molécule d’Hemarina
pour lutter contre le Covid-19,
estimant que « cela pourra sau-
ver des vies dans cette crise ».n
L’ INITIATIVE HEMARINA
DR
Une molécule à base de ver
marin contre le Covid-19
Date de création : 2014
Présidente : Odile Duvaux
Effectif : 8 personnes
Secteur : biotechnologies
Emmanuel Guimard
—Correspondant à Nantes
Dès 2016, Xenothera, spécialiste
des anticorps polyclonaux
« humanisés », avait mené un
projet sur le coronavirus mis de
côté pour suivre d’autres direc-
tions thérapeutiques. « Mais
nous savons depuis plusieurs
années que nos anticorps peu-
vent être intéressants en cas
d’infection virale », précise Odile
Duvaux, sa présidente. C’est
pourquoi, la biotech nantaise
estime aujourd’hui pouvoir
relancer à court terme une « clé
thérapeutique » contre les infec-
tions à coronavirus, « aussi bien
pour la pandémie actuelle que les
futures infections ». Selon Odile
Duvaux, « quelques mois seule-
ment » seraient nécessaires
pour démarrer les essais clini-
ques. « Nous avons besoin de
trois millions d’euros pour pro-
duire les premiers lots », estime
la dirigeante qui demande
der d’arrêter ou de réduire la
puissance d’un compresseur de
chambre froide qui peut le suppor-
ter. Elles y sont incitées financière-
ment par Eqinov à partir des fonds
que leur versent les producteurs et
RTE. Eqinov envisage d’autres
acquisitions de ce type. —D. Ma.
Economies d’énergie : Eqinov se diversifie
dans le marché des bureaux
savoir-faire », poursuit Jean-Emma-
nuel Roux. De toute taille, les entre-
prises recherchent souvent sur
TeePy Job des collaborateurs
d’appoint expérimentés et directe-
ment opérationnels. C’est le cas de
transporteurs qui recrutent ainsi
des chauffeurs d’autocar lors de
pointes d’activité.
Très actif à Paris mais basé à
Rillieux-la-Pape (Rhône), TeePy
Job emploie 11 salariés et prévoit de
porter son effectif à 25 collabora-
teurs fin 2021. L’entreprise a bouclé,
fin janvier, sa quatrième levée de
fonds – 500.000 euros – auprès du
groupe privé Alpha Centauri Invest.
Les cinq i nvestisseurs qui le compo-
sent vont s’impliquer pour dévelop-
per la présence d e TeePy Job auprès
des entreprises et envisager un
déploiement au-delà des frontières.
attendus dans les maisons de
retraite, des ventilateurs pour les
CHU ou, pour la partie préventive,
des produits consommables (gels
hydroalcooliques, gants, surchaus-
sures...).
PC de crise
L’essentiel des commandes sera
réceptionné entre fin mars et fin
avril, dans les deux centres logisti-
ques, à Gallargues-le-Montueux
(Gard) et Dol-de-Bretagne (Ille-et-
Vilaine) pour être ensuite expédié
vers les établissements de santé, les
Ehpad, les 150 points de revente du
groupe ou chez les patients traités à
domicile. « Nous enregistrons des
milliers de commandes supplémen-
taires par rapport aux f lux habituels,
explique Vincent Bastide. Il y a une
urgence sanitaire, mais aussi un
aspect irrationnel. Le siège social, qui
compte 300 salariés, est devenu un
vaste PC de crise, en relation quoti-
dienne avec le ministère de la Santé,
pour étudier notamment la façon la
plus efficace d’allouer les stocks de
ventilateurs. »
Il s’agit aussi, en interne, de proté-
ger les collaborateurs, exposés sur
le terrain sur les points de vente ou
lors de l’installation du matériel
près des patients. Sur les 2.200 sala-
riés du groupe, 8 ont déjà été testés
positifs au Covid-19.
Côté business, difficile d’évaluer
l’impact de ce pic d’activité, après
que le groupe a réalisé en 2019 un
chiffre d’affaires d e 335 mil-
lions d’euros. « L’activité de recrute-
ment de nouveaux patients atteints
de maladies chroniques (diabète,
apnée du sommeil...) s’est éteinte avec
la crise sanitaire. Plusieurs centaines
de salariés vont être placés e n
chômage partiel », c onclut le
dirigeant.n
OCCITANIE
L’entreprise gardoise,
spécialisée dans la
fourniture de matériel
médical, fait face à
un afflux exponentiel
de commandes.
Il faut aussi protéger
les 2.200 salariés
du groupe :
huit d’entre eux ont
contracté le Covid-19.
Bastide Le Confort Médical
a commandé 3 millions de masques
L’activité de recrutement de nouveaux patients atteints de maladies chroniques s’est éteinte
avec la crise sanitaire, constate l’entreprise.
TeePy Job aide les entreprises
à recruter des seniors
45
MILLIONS D’EUROS
Le chiffre d’affaires d’Equivov
en 2019.
2 , 5
MILLIONS D’EUROS
Le chiffre d’affaires de Winergia
en 2019.
l’obtention d’un soutien finan-
cier public rapide. Ce candidat
médicament, nommé XAV-19,
est « un mix d’anticorps protec-
teurs similaires à la réponse
naturelle de l’homme, qui neu-
tralisent le virus et l’empêchent
de se multiplier ». Ces anticorps
présentent l’avantage d’éviter le
processus pathologique d’ADE
(« antibody-dependant-enhan-
cement »), rencontré dans les
infections virales comme la
dengue ou le coronavirus. Au
lieu de protéger l’organisme,
l’anticorps peut au contraire
aider le virus à entrer dans les
cellules et à se multiplier.
D’origine animale
La solution proposée par Xeno-
thera se fonde sur sa plateforme
technologique développée pour
la production d’anticorps poly-
clonaux « humanisés » d’origine
animale, en l’occurrence le porc.
« Nous suppléons ou remplaçons
chez le patient les anticorps qu’il
ne produit pas lui-même », sim-
plifie Odile Duvaux. C’est l’autre
avantage d éterminant du
XAV-19. Car, s’il est admis que les
patients peuvent bénéficier d’un
traitement par anticorps ou
immunothérapie passive, « la
piste thérapeutique privilégiée à
ce jour est d’utiliser des anticorps
purifiés à partir de patients gué-
ris », explique-t-elle. « Or, cela
nécessite d’identifier les patients
guéris, d e leur prélever du sang, de
purifier leurs anticorps pour les
injecter aux patients... » Ce qui
constitue un goulet d’étrangle-
ment majeur.n
LA STRATÉGIE XENOTHERA
Des anticorps polyclonaux
réactivés contre le Covid-19
DR
Dominique Malécot
@DMalecot
Les nouvelles annonces se font
rares ces jours-ci, en pleine épidé-
LA PME À SUIVRE
AUVERGNE-
RHÔNE-ALPES
Cette plateforme met
en relation des entre-
prises qui ont besoin
de recruter ponctuel-
lement des collabora-
teurs expérimentés
auprès des chômeurs
de plus de 55 ans
ou des retraités.