Le Monde - 18.03.2020

(Nancy Kaufman) #1

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RENDEZ-VOUS
LE MONDE·SCIENCE & MÉDECINE
MERCREDI 18 MARS 2020

LE PLUS PETIT DINOSAURE
SORTI DE L’AMBRE

Le plus petit oiseau actuel, le colibri d’Elena,
ne pèse que 2 grammes. Un record égalé
par un dinosaure aviaire dont le crâne a été
trouvé dans une bulle d’ambre de Birmanie
vieille de 99 millions d’années, provenant
du site d’Angbamo, dans le nord du pays.
Oculudentavis khaungraae, ainsi que l’ont
baptisé ses découvreurs, est désormais le plus
petit dinosaure connu. Gang Li (Académie des
sciences chinoise) et ses collègues le décrivent
dans Nature, le 12 mars (ici, une vue d’artiste).

Son crâne est remarquable par la taille
relative qu’y tiennent les orbites. Elles sont
énormes, mais les osselets scléraux en leur
centre forment une structure étroite, lais-
sant passer peu de lumière : Oculudentavis
devait être diurne. Son bec allongé, orné
d’une multitude de petites dents pointues,
suggère qu’il s’agissait d’un prédateur,
mettant probablement des arthropodes
à son menu – contrairement au colibri, qui
se contente de nectar. Sa découverte ouvre
un nouveau monde aux paléontologues, qui
ne soupçonnaient pas qu’un aussi petit pré-
dateur volant puisse avoir existé au crétacé.
(PHOTOS : HAN ZHIXIN-CHEN HAIYING)

E. BUSSER, G. COHEN ET J.L. LEGRAND © POLE 2020 [email protected]

Mais qui donc est dans le bain?


A la plage, Alice, Bob, Denise et Elisabeth ont leurs petites habitudes. Si Alice se baigne, alors Bob la rejoint systé-
matiquement. De même, si Elisabeth se baigne, ses deux copines Alice et Denise la suivent dans l’eau. D’ailleurs,
l’une au moins, de Denise ou d’Elisabeth, se baigne toujours. Ce jour-là, les quatre amis rentrent dans l’eau à tour
de rôle, chacun d’eux se baignant avant que le suivant ne... le suive.


  1. Dans quel ordre le font-ils?
    A un moment donné, ils sortent tous de l’eau pour accueillir Cédric, avec lequel ils ont également leurs petites habi-
    tudes. Ainsi, Bob se baigne ou Cédric se baigne, mais ils ne se baignent jamais tous les deux ensemble. Cédric et
    Denise, quant à eux, ne se séparent pas. Ils se baignent tous les deux ou aucun des deux ne se baigne.
    Cette fois, tous ceux qui rentrent dans l’eau le font ensemble.
    2.Qui sont-ils?


Solution du problème 1136



  1. Parmi 13 points de type E (à coordonnées entières), il en
    existe toujours 3 dont le centre de gravité est de type E.
    On partage les abscisses des treize points en trois groupes,
    selon leur reste dans la division par 3. D’après le principe
    des tiroirs, l’un de ces groupes compte au moins cinq points.



  • Si trois de leurs ordonnées ont le même reste, les trois
    points correspondants vérifient la condition.

  • Sinon, il existe trois points dont les ordonnées ont trois
    restes différents. Leur somme sera un multiple de 3.



  1. 9 est le nombre minimum de points parmi lesquels on
    est sûr d’en trouver 3 dont le centre de gravité est de type E.
    Pour 8 points, il peut n’exister aucun triangle répondant
    à la question, par exemple pour les points de coordonnées
    (00), (0,1), (1,0), (1,1), (3,4), (3,6), (4,3), (6,4).
    Pour 9 points, on range leurs coor-
    données dans les cases jaunes du
    tableau suivant, selon leurs restes
    dans la division par 3 (abscisses en
    ligne, ordonnées en colonnes).
    Cas 1 : les neuf points sont dans quatre cases ou moins. Une
    des cases en contient trois, qui répondent à la question.
    Cas 2 : les neuf points sont dans sept cases ou plus. Une
    rangée du tableau sera complète ; on choisira ses points.
    Cas 3 : les neuf points sont dans cinq ou six cases. Si une
    des rangées ou une des diagonales est complète, on choisit
    les trois points correspondants. Dans le cas contraire, il
    existe trois points ayant trois abscisses et trois ordonnées
    de restes différents et on les choisit.


NUMÉRIQUE, EN AVANT, TOUTES!
À LYON JUSQU’AU 19/03
En clôture de quinze jours d’événements
liés à la place des femmes dans le monde
numérique, une série d’événements aura
lieu à Lyon. Mercredi 18 mars à 18 h 15, une
table ronde « Femmes et jeux vidéo » se
déroulera au Cybercafé du campus de la
Doua. Jeudi 19 mars à partir de 14 h au
département informatique de l’université
de Lyon 1, on pourra visiter une exposition :
« Portraits de pionnières du numérique »,
assister à un débat en amphithéâtre : « Les
femmes dans le numérique », ou participer
à un atelier d’algorithmique débranchée.
Infos sur Egalite-diversite.univ-lyon1.fr

CINÉ-CLUB UNIVERS CONVERGENTS
À PARIS LE 31/03
Sciences, fictions et société : trois univers qui
s’interrogent et deviennent prétexte au dia-
logue entre scientifiques et grand public. C’est
de la rencontre de ces mondes que sont faites
les projections du ciné-club « Univers conver-
gents », sous l’égide de l’Institut Henri Poin-
caré. Pour sa dernière édition, il projette le
film « Le syndrome chinois », qui s’intéresse
à la fin plus ou moins hypothétique de notre
monde. La séance aura lieu mardi 31 mars à
19 h 30 au cinéma Le Grand Action, 5, rue des
Ecoles, Paris 5e. L’entrée est gratuite sur ins-
cription une semaine à l’avance.
Informations sur http://www.ihp.fr/cine-club

MATHÉMATIQUES DU HASARD
ET PHYSIQUE À PARIS LE 22/04
La dernière conférence 2020 du cycle « Un
texte, un mathématicien » aura lieu mer-
credi 22 avril à 18 h30 à la BNF (Paris 13e)
Sous le titre « G.W.Gibbs : les mathéma-
tiques du hasard au cœur de la physique? »,
Vincent Beffara y développera, à partir d’un
texte de 1902 du scientifique américain
J-W. Gibbs, une réflexion sur ce que ce der-
nier nomme « Principes élémentaires en
mécanique statistique ». L’état d’un système
n’est pas défini par la position et la vitesse
de chaque molécule, mais par une loi de
probabilité sur ces positions et ces vitesses.
Informations sur Smf.emath.fr/BNF/2020

N° 1137

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O C É A N O G R A P H I E
« Corail, un trésor à préserver »
Etranges communautés animales que celles
des coraux! Dans cet ouvrage richement
illustré et accessible, on découvre leur mode
de vie et de reproduction, leur importance
pour la faune et la flore marines, et pour
les populations humaines des îles
et côtes. Résisteront­ils aux multiples
agressions d’origine anthropique?
> Sous la direction de Denis Allemand,
Robert Calcagno, Bernard Fautrier, Institut
océanographique (Glénat, 146 p., 19,95 €).

LE LIVRE


L’« Erebus » à la 


conquête des pôles


Michael Palin, membre


des Monty Python,


s’est mis dans le sillage


d’un navire mythique


de l’exploration polaire


C’


est une des plus fantastiques dé­
couvertes de l’archéologie sous­
marine de ces dernières décen­
nies : en septembre 2014, près de la pénin­
sule Adélaïde, dans le Grand Nord canadien,
une épave mythique était retrouvée, cent
soixante ans après sa disparition dans des
circonstances mystérieuses. L’Erebus, fierté
de la marine britannique, était enfin loca­
lisé. Quelques mois plus tard, c’était au tour
du Terror, son fidèle vaisseau compagnon,
d’être repéré dans les mêmes eaux glacées.
Avant cette résurrection, ces deux bombar­
des ont connu une vie et une mort houleu­
ses, que Michael Palin, membre des Monty
Python et passionné d’histoire maritime,
retrace avec brio. Il s’est pour l’occasion
reconverti en documentariste scrupuleux,
puisant dans des documents de bord d’une
richesse étourdissante, des correspondances
privées pieusement conservées par les des­
cendants des protagonistes. Il y ajoute un
soupçon bienvenu de reportage, se plaçant
dans le sillage direct des explorateurs pour
décrire terres et glaces qu’ils furent les pre­
miers à croiser. Transparaît enfin son empa­
thie pour des personnages hauts en couleur,
dont il souligne la grandeur et les travers avec
tact et « humor ». Le résultat est un régal.
L’Erebus ne devait pas avoir ce destin d’ex­
plorateur infatigable des pôles. Mis en service
en 1828, il a d’abord patrouillé en Méditerra­
née pour la Couronne. Celui qui en prendrait
les commandes, James Clark Ross, faisait
alors ses premières armes en Arctique, locali­
sant le 1er Juin 1831 le pôle Nord magnétique.
En établissant son décalage avec le pôle Nord
géographique, il rendait un service insigne
au transport maritime encore très dépen­
dant de la boussole – le GPS d’alors, rappelle
Palin. En 1839, l’Erebus est sorti de sa retraite
et confié à Ross pour poursuivre ces relevés
magnétiques, cap au sud.
Son objectif est d’atteindre la latitude la
plus australe. « DuDu », sobriquet donné au
Français Jules Sébastien César Dumont d’Ur­
ville, a déjà ouvert la voie, découvrant la terre
Adélie. Le capitaine de l’Erebus ne plantera
pas cette fois le drapeau britannique sur le
pôle magnétique – des montagnes de glace
de mer l’en empêcheront. Mais, en trois expé­
ditions épiques, il commencera à décrire les
pourtours du continent Antarctique. De cet
enfer blanc, il reviendra le cheveu gris, les
mains tremblantes. Pas question de rempiler
pour trouver le passage du Nord­Ouest.
C’est John Franklin, un vétéran de l’Arctique,
âgé de 60 ans, qui dirigera la nouvelle expédi­
tion. Parti en 1845, il n’en reviendra pas. Son
épouse, Jane, multipliera inlassablement les
opérations de secours, refusant l’évidence et
les témoignages parfois glaçants – des restes
humains suggèrent que ces sujets de Sa Ma­
jesté auraient pu se livrer au cannibalisme...
Palin rend hommage à ces perdants ma­
gnifiques : finalement, ce sera le Norvégien
Roald Amundsen qui vaincra le pôle Sud et
ouvrira les passages du Nord­Ouest et du
Nord­Est. Mais lui, note le Monty Python, n’a
pas de statue à Londres...
hervé morin

L’Erebus, de Michael Palin
(Paulsen, 398 p., 24,90 €).

LIVRAISON


DIX MILLE PAS ET PLUS


MÊME CONFINÉ, CONTINUER À BOUGER


Par SANDRINE  CABUT et PASCALE  SANTI


L


a situation est inédite, sidérante. L’annonce,
jeudi 12 mars, de la fermeture des crèches et
établissements scolaires... puis, deux jours
plus tard, l’extension de ces mesures à tous les com­
merces non alimentaires, hors pharmacies, pour li­
miter la propagation du nouveau coronavirus, a été
comme un électrochoc. La consigne est désormais de
rester le plus possible à domicile. « Cela nous amène à
revoir notre façon de vivre, de travailler et de se dépla­
cer », souligne Anne Vuillemin, professeure des uni­
versités en sciences et techniques des activités physi­
ques et sportives (Staps) à l’Université Côte d’Azur.
Dans ce contexte, penser à faire du sport ou juste à
bouger peut paraître dérisoire. Il est pourtant primor­
dial, pour sa santé physique et mentale, de continuer à
le faire, et de couper les temps de sédentarité. Depuis
lundi 16 mars, des millions d’enfants, d’adolescents,
d’étudiants se retrouvent chez eux. C’est le cas aussi de
millions de salariés en télétravail, les conduisant les
uns et les autres à rester plus de temps assis derrière
leur écran, pour travailler ou s’occuper. Les temps de
transport étant supprimés, « toute rupture de sédenta­
rité est bonne à prendre », insiste Mme Vuillemin.

« Il faut essayer de ne surtout pas accroître sa séden­
tarité », abonde David Thivel, membre du conseil
scientifique de l’Observatoire national de l’activité
physique et de la sédentarité (Onaps). Les effets délé­
tères de ce temps passé assis ou allongé pendant la
période d’éveil ont été bien montrés. L’endocrinolo­
gue James Levine, spécialiste de l’obésité de la Mayo
Clinic (Etats­Unis), a mis en évidence le rôle fonda­
mental du NEAT (non­exercise activity thermogene­
sis), ces dépenses énergétiques non sportives corres­
pondant à tous les petits gestes du quotidien, et leur
chute libre dans nos sociétés modernes.
Dans son appartement, on peut faire des pauses ac­
tives, se lever le plus souvent possible, marcher chez
soi, faire des exercices d’assouplissement et, pourquoi
pas, danser. Christèle Gautier, chef de projet Stratégie
nationale sport santé à la direction des sports, appelle
elle aussi à « lutter contre la tentation du canapé, par
exemple, lorsqu’on regarde la télévision, se mettre de­
bout, se lever toutes les heures, et cela pendant au mini­
mum deux minutes, pour faire des exercices ». Elle pré­
conise de mettre une alarme sur son téléphone, pour
rendre cela plus ludique.
Les enfants doivent continuer à se dépenser, à
transpirer. « L’enjeu, en particulier pour les plus jeu­

nes, est de garder le moral, de rester de bonne humeur,
d’assurer un état d’éveil du cerveau pour bien tra­
vailler dans la journée et un état de fatigue physique
suffisant en fin de journée pour parvenir à s’endormir.
Il faut ancrer ces habitudes dans un quotidien inhabi­
tuel », détaille Mme Gautier, qui conseille de lancer
des défis, sous forme de jeux, pour inciter les adoles­
cents à bouger. Des tutoriels en ligne existent déjà de
longue date pour faire des activités sportives chez
soi. D’autres initiatives pourraient voir le jour rapi­
dement du côté du monde associatif du sport.
Thibault Deschamps, conseiller pour le ministère
des sports, insiste par ailleurs sur les bienfaits de
l’exercice sur le stress, le moral...
A défaut de faire ses séances habituelles dans son
club ou sa salle de sport, et si l’on ne peut plus aller
marcher ou courir dehors, on peut toujours être
inventif sans beaucoup de matériel : imaginer un
parcours dans l’appartement, transformer un bu­
reau en table de ping­pong... Sans aller jusqu’à par­
courir l’équivalent de 50 km autour de sa pièce de
vie, comme l’a fait Pan Shancu, un marathonien
habitant la ville de Hangzhou, en Chine, il est possi­
ble, dans ces temps troublés, de continuer à effectuer
ses 10 000 pas par jour et plus. Chiche.

AFFAIRE DE LOGIQUE – N°1137

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