Les Echos. April 06, 2020_wrapper

(Steven Felgate) #1
Lundi 6 avril 2020
http://www.lesechos.fr

Edouard Lederer
@EdouardLederer

Le débat sur la création d’un régime d’assu-
rance de « catastrophe sanitaire » compara-
ble ou inspiré de catastrophe naturelle com-
mence à faire son chemin. Dans une
interview au « Journal du dimanche », le
directeur général d’AXA, Thomas Buberl, a
suggéré comment pourrait fonctionner un
tel régime, qui manque cruellement aux
entreprises. Un peu à la façon d’une catastro-
phe naturelle, le confinement leur fait subir
de lourdes pertes d’exploitation qui ne sont
pour la plupart pas couvertes par un méca-
nisme d’assurance.
« Nous devons réfléchir à la création d’un
mécanisme de mutualisation qui puisse
accompagner les crises sanitaires, a-t-il expli-
qué. Je vais prendre une initiative pour avan-
cer dans cette direction. » Jeudi dernier déjà,
la présidente de la Fédération française de
l’assurance (FFA), Florence Lustman, avait
annoncé dans une tribune le lancement
d’une « réflexion pour faire des propositions
aux pouvoirs publics en ce sens ».

Les entreprises couvertes
sur les risques matériels
Le patron d’AXA avance d’ores et déjà quel-
ques pistes. Première indication, ce disposi-
tif pourrait ne pas être uniquement mis en
place en France. « AXA est prêt à prendre
l’initiative pour travailler avec l’Etat français
et d’autres Etats européens », indique-t-il
ainsi. Thomas Burberl suggère que ce fonds
appartienne à 50 % à l’Etat et à 50 % à un pool
d’assureurs privés. Il serait financé par des
primes encaissées chaque année et mises en
réserve. « En cas de crise, les assureurs paie-
raient jusqu’à deux ou trois fois le montant des
primes, l’Etat prenant le relais au-delà »,
explique le dirigeant pour qui « il faudra
aussi faire beaucoup plus en matière de pré-

vention ». Ce débat renvoie au fait que les
entreprises sont plutôt couvertes contre des
dommages matériels.
Selon un sondage réalisé en décembre
dernier par l’Amrae (l’association des risk
managers d’entreprise), plus de 70 % des
grandes entreprises ne disposaient pas
d’assurance en pertes d’exploitation sans
dommages, les 30 % restants concernaient
pour l’essentiel des extensions de garanties
limitées. Avec la crise du coronavirus, « les

pertes d’exploitation des entreprises françai-
ses dues au confinement vont sans doute se
chiffrer à des dizaines de milliards d’euros,
somme qu’aucun acteur à part l’Etat ne peut
supporter seul », estimait jeudi dernier Flo-
rence Lustman dans sa tribune. A l’avenir,
pour anticiper des crises de ce type, « les
assureurs ne pourront pas couvrir seuls de tels
événements et [un éventuel régime de catastro-
phe sanitaire] devra s’appuyer sur un parte-
nariat avec l’Etat ».

n


CAC 40
4.154, 58 points
-1,5726 % n

DOW JONES
21.052,5 3 points
-1, 6854 % n

EURO/DOLLAR
1,0825 $
-4,1 01 7 % n

ONCE D’OR



  1. 61 3,1 $
    -0,2288 % J


PÉTROLE (BRENT)
34 ,11 $
14, 88 72 %

DEVISESEUR/GBP0, 8813 EUR/JPY1,1724 EUR/CHF1,0557GBP/USD1, 2259 USD/JPY1,08 45 USD/CHF0, 9749 TAUXEONIA-0,4 42 LIFFE EURIBOR 3 MOIS-0,336OAT 10 ANS0,0 551 T-BONDS 10 ANS0, 587


ASSURANCE


AB InBev 28
Air France-KLM 21, 38
Allianz 29
Amazon 20, 23
Apple 23
AXA 29
Biosynex 27
Bricomarché 18
Brink’s 30
Carnival 28
Castorama 18

CMA CGM 28
CNP Assurances 29
Darty 18
Disney 23
Eko 23
Facebook 24
FNAC 18
France Télévisions 23
Gillis Aerospace 27
H&M 38
HBO 23

Imerys 28
JC Decaux 28
Jeff de Bruges 19
La Maison du Chocolat 19
LVMH 28
M6 23
McDonald’s 19
Netflix 23
Nicolas 18, 19
Oracle 28
Orange 28

Pernod Ricard 28
Picard 18
Schneider Electric 28
SCOR 29
TF1 23
T-Mobile 23 , 28
WarnerMedia 23
AVIS FINANCIERS
Gecina 19
Natixis 31
Vicat 21

= LES ENTREPRISES CITÉES


l’essentiel

Laurent Rouvrais/La Maison du


C
hocolat


Les chocolatiers veulent
quand même fêter Pâques
La majeure partie des acteurs avaient
fermé leurs boutiques, voire arrêté leurs
ventes sur Internet, au début du confi-
nement. Pour Pâques, un certain
nombre rouvre en mettant en
place les mesures sanitaires
nécessaires. // P. 19

Un crédit d’impôt pour
les annonceurs à l’étude
pour aider les médias
La rapporteure de la loi sur
l’audiovisuel, Aurore Bergé, plaide
pour la mise en place d’un crédit d’impôt
sur les dépenses de communication,
pour soutenir les médias durant la crise.
// P. 24

Le secteur du cartonnage,
en surchauffe, s’adapte
La ruée vers les denrées alimentaires et les
produits d’hygiène a en partie compensé
l’arrêt brutal d’autres secteurs, mais
les acteurs de l’emballage en car-
ton ont dû faire preuve d’adap-
tation sur le plan humain et
industriel. // P. 26

La crise sanitaire
dope le paiement
sans contact
Le nombre de transactions par
carte bancaire a baissé la semaine
du 23 mars au 29 mars. Mais le paiement
sans contact progresse encore plus vite
que la moyenne d’avant crise.
// P. 30

Le patron d’AXA esquisse un futur

régime de catastrophe sanitaire

Ces déclarations interviennent alors que
la semaine dernière, sur BFMTV, le ministre
de l’Economie, Bruno Le Maire, s’est dit
« convaincu » que les assureurs peuvent
« faire encore davantage » pour aider les
entreprises à survivre au coup d’arrêt provo-
qué par le coronavirus. Parmi d’autres
mesures, les assureurs ont décidé de déblo-
quer 200 millions d’euros pour abonder un
fonds de solidarité aux petites entreprises
mis en place par le gouvernement.n

Le directeur général d’AXA, Thomas Buberl : « Notre groupe est prêt à prendre l’initiative pour travailler avec l’Etat
français et d’autres Etats européens. » Photo Eric Piermont/AFP

Nathalie Silbert
@natsilbert

Premier pas vers le dépistage massif
des Français : le ministre de la Santé,
Olivier Véran, met dans la boucle des
tests de détection du Covid-19, « les
laboratoires hospitaliers, de ville, dépar-
tementaux, vétérinaires, de recherche,
de gendarmerie, de police ». Annoncée
par un tweet, la mesure sera opération-
nelle « dès ce lundi », a-t-il précisé.
La situation s’est donc enfin déblo-
quée pour les 7 5 laboratoires publics
dépendant des départements. Spécia-
lisés dans l’analyse de contrôle des
eaux, de l’hygiène alimentaire ou de
santé animales, ils auraient informé
dès le 15 mars, selon « Le Point », le
directeur général de la santé, Jérôme
Salomon, de leur capacité à effectuer
entre 1 50.000 et 300.000 tests PCR par
semaine à partir d’avril. Ils vont ainsi
pouvoir apporter leur écot à l’objectif
du gouvernement de porter à 50.000 le
nombre de tests quotidiens réalisés à
fin avril. Les personnels soignants et
les maisons de retraite devraient en
être les premiers bénéficiaires.

Alors que depuis 2011, l’Europe a
exclu ces laboratoires de la biologie
humaine, « les dispositions réglemen-
taires nécessaires seront prises pour
leur permettre [...] de réaliser les opéra-
tions matérielles de tests dans le cadre
d’un partenariat organisé avec un labo-
ratoire de biologie médicale », a indiqué
à l’AFP une source au ministère de la
Santé. Cette participation prendra
« juridiquement » la forme d’une réqui-
sition, a-t-elle précisé.

Remboursement
De leur côté, les 3.861 laboratoires de
ville sur le territoire ont été confirmés
dans leur rôle de dépistage. François
Blanchecotte attend encore des préci-
sions. Les interrogations du président
du syndicat des biologistes portent
notamment sur les tests sérologiques
qui permettent de diagnostiquer si une
personne produit des anticorps contre
le virus. Avec 7.500 biologistes et une
capacité à traiter quotidiennement
500.000 patients, les laboratoires
d’analyse médicales en ville représen-
tent une force de frappe significative.
« Nous avons déjà les machines pour les
réaliser, mais nous attendons les autori-
sations », souligne-t-il. Selon lui, un
point doit notamment être réglé : celui
de la prise en charge de ces tests par la
Sécurité sociale. Une réunion serait
prévue mardi avec Nicolas Revel, le
président de la Caisse nationale de
l’Assurance maladie.
Une partie des laboratoires de villes
effectue déjà les tests PCR de détection
du Covid-19. Alors que jusqu’à présent,
les pénuries de réactifs et d’écouvillons
freinaient leur activité, la situation
commence enfin à s’améliorer.n

Tests :

les laboratoires

de ville et

départementaux

à la rescousse

SANTÉ

Avec 7.500 biologistes,
les laboratoires
d’analyse médicales
en ville représentent
une force de frappe
significative.

reportées, explique-t-on au ministère des
Finances. Il n’y aura pas de décision for-
melle avant la fin de la pandémie. »

550 millions de dollars
En imposant ces délais très incertains, le
ministère pourrait même ne pas avoir à
formuler de veto : l’acquéreur américain
pourrait renoncer à son offre. Cela fait
déjà des mois que Teledyne négocie avec
le vendeur et la Direction générale de
l’armement. Et de l’avis de certains res-
ponsables au sein du ministère des
Armées amenés à examiner des offres de
ce type, « le dossier de Teledyne est très éla-
boré et solide, avec une lettre d’engagements
poussés, travaillée dans le cadre d’un dialo-
gue avec l’Etat ». Il reste donc a priori peu
de concessions supplémentaires à obte-
nir du groupe américain.
En parallèle, souligne-t-on au sein de
l’Etat, « cela laisse plus de temps pour trou-
ver une autre solution ». Il n’est pas certain
néanmoins que la crise fasse baisser le
prix d’achat de Photonis, point bloquant
pour des candidats français. Teledyne a
officialisé avoir mis la barre à 550 millions
de dollars.n

Bercy dissuade l’américain

Teledyne de racheter le leader

français de la vision nocturne

Anne Drif
@ANNDRIF

La crise du Covid-19 donne plus de pou-
voir à l’Etat pour écarter les offres étran-
gères sur des entreprises stratégiques.
Dans un document communiqué à la
SEC, le gendarme boursier américain,
l’américain Teledyne signale avoir reçu le
31 mars un « avis négatif » du ministère
français des Finances pour racheter le
leader de la vision nocturne Photonis, un
projet qui avait soulevé la colère de parle-
mentaires et essuyé des tirs de barrage au
sein du ministère des Armées et des servi-
ces de renseignement.
Cet avis doit être confirmé par écrit,
une option que n’est jamais allée jusqu’à
activer le ministère des Finances au titre
du contrôle des investissements étran-
gers. Bercy ne veut pas nuire à l’entrée en
France de capitaux internationaux.
Dans le cas de Photonis, il ne formali-
sera pas ce refus dans les prochaines
semaines. « C’est la crise, nous n’avons pas
à décider maintenant. Les échéances sont

DÉFENSE
Free download pdf