Les Echos. April 06, 2020_wrapper

(Steven Felgate) #1

24 // HIGH-TECH & MEDIAS Lundi 6 avril 2020 Les Echos


CORONAVIRUS


dépenses dans les médias français
seraient prises en compte, pour évi-
ter qu’une mesure fiscale ne profite à
Facebook ou Google. « L’Italie vient
de mettre en place des mesures de ce
type, souligne Aurore Bergé. Un tel
crédit d’impôt bénéficierait à l’ensem-
ble de l’économie et accompagnerait
la reprise. Selon une étude de Deloitte
en 20 17 , un euro investi en publicité
rapporte 7,85 euros de PIB. Cela ne
touche donc pas qu’un secteur. »
Pour l’heure, rien n’est acté. « Le
gouvernement est attentif, mais rien
n’est arbitré », reconnaît la députée.

« Il y a urgence. Si le gouvernement
décidait une telle mesure trop tard, en
phase de reprise, elle perdrait beau-
coup de son intérêt et pourrait même
être mal perçue », note un spécialiste.

« Une piste à creuser »
Toutefois, la proposition ne semble
pas être parmi les priorités immé-
diates. Le ministère de la Culture
indique qu’il faut d’abord faire un
« état des lieux précis », qu’il s’agit
plus d’un « sujet de relance que
d’urgence » et qu’un crédit d’impôt
« n’est pas la seule réponse possible ».

Du côté de Bercy, on précise que l e
sujet est « regardé » mais que
« l’objectif du gouvernement n’est pas
de mettre en place des dispositifs spé-
cifiques à tel ou tel secteur ».
Tout en « saluant l’initiative », le
rapporteur général du Budget, Lau-
rent Saint-Martin, souligne lui aussi
que les besoins de chaque secteur
seront analysés à la sortie de la crise,
et qu’il y a donc peu de chances pour
qu’une telle mesure figure dans le
projet de loi de finances rectificatif à
venir. « C’est une piste à creuser »,
reconnaît-il toutefois.n

Un crédit d’impôt pour les annonceurs


à l’étude pour aider les médias


Marina Alcaraz
@marina_alcaraz


Un crédit d’impôt sur les dépenses
des annonceurs pour soutenir le
secteur des médias. C’est la proposi-
tion de la députée Aurore Bergé, rap-
porteure de la loi sur l’audiovisuel,
relayant une demande de plusieurs
groupes et organisations profes-
sionnelles dans les médias – comme
le SNPTV, regroupant les régies télé-
visées, l’Union des marques regrou-
pant les annonceurs, etc.
En cette période de confinement,
les médias enregistrent une chute
marquée de la publicité, alors que de
nombreux commerces sont fermés
et que les entreprises ont tendance à
« couper » leurs budgets communi-
cation en phase de crise. « On parle
de baisses allant de 70 % à 90 % des
recettes publicitaires en avril pour la
télévision, la radio et la presse. Et les
professionnels craignent encore un
effondrement en mai », pointe la
députée. « C’est une vraie catastro-
phe », soupire un spécialiste de la
télévision, notant que toute l’indus-
trie est unie autour d’un tel dispositif.
Si la plongée de la publicité tou-
che, de fait, de plein fouet les médias



  • plusieurs groupes cotés ont déjà
    prévenu d’un impact sur leurs
    comptes –, elle a des effets bien plus
    larges : « Elle va aussi toucher la créa-
    tion audiovisuelle et cinématographi-
    que, le financement de l’information
    et la diversité, si certains médias
    locaux ne s’en relèvent pas », précise
    Aurore Bergé.


Une mesure en Italie
Son ambition est donc de mettre en
place un crédit d’impôt « transi-
toire » pour inciter les entreprises à
poursuivre leurs investissements à
la télévision, la radio, la presse ou
encore l’affichage aux deuxième et
troisième trimestres, en échange
d’une réduction d’impôt. Seules les


Relayant la proposition
de plusieurs organisations
professionnelles et acteurs
des médias, la rapporteure
de la loi sur l’audiovisuel,
Aurore Bergé, plaide pour
la mise en place d’un crédit
d’impôt sur les dépenses de
communication, pour soute-
nir les médias durant la crise.


Les médias enregistrent une chute marquée de la publicité, alors que de nombreux commerces
sont fermés et que les entreprises réduisent leurs budgets communication. Photo Denis Allard/RÉA

streamer Ibai Llanos a organisé une
Liga virtuelle rassemblant 18 des
20 clubs de football qui composent
la première division espagnole.
Très suivie sur la plateforme Twitch
(170.000 spectateurs) et très média-
tisée (25 articles dans le quotidien
sportif « Marca »), la première édi-
tion, disputée sur le jeu Fifa 2020
(développé par Electronic Arts) s’est
conclue sur la victoire finale du
Real Madrid.

« Atteindre le public »
La Solo Maître CoQ, une course de
voile qualificative pour la Solitaire
du Figaro, s’est pour sa part tenue
sur le système Virtual Regatta
Offshore. Le 19 mars, quelque
21.500 participants se sont élan-
cés en ligne sur le parcours de
340 miles au départ et à l’arrivée
des Sables-d’Olonne, avec des
détours par l’île-de-Ré, Belle-Île
ou le plateau de Rochebonne.
Les professionnels ne sont donc
pas les seuls à se saisir de l’oppor-
tunité. « Il y a un énorme report des
acteurs du sport sur le sport online,
avec des semi-professionnels comme
des ligues régionales de la Fédération
française de football qui viennent
créer des tournois Fifa », note
Antoine Frankart, fondateur et

réelle incidence sur les résultats des
championnats, pour des raisons
d’équité sportive évidentes. Des
contraintes techniques viennent
également s’ajouter : afin de préser-
ver l’attractivité du spectacle, les
pilotes du championnat virtuel de
F1 s’affrontent sur des voitures aux
performances équivalentes, et les
dommages mécaniques des acci-
dents sont atténués.
S’il rassemblait plusieurs vérita-
bles pilotes de F 1 (Charles Leclerc,
Alex Albon, Lando Norris, George
Russell et Nicholas Latifi), le Grand
Prix de Hanoï se déroulait d’ailleurs
sur le circuit de... Melbourne, le jeu
vidéo F1 2019 ne proposant pas
la course vietnamienne.
Ces compétitions ne génèrent
enfin aucune source de revenus,
si ce n’est des dons reversés à des
causes caritatives – 180.000 euros
pour la lutte contre le Covid-19 dans
le cas de la Liga virtuelle. L’intérêt
commercial réside, peut-être, dans
la conquête de nouveaux publics,
mais cela reste à démontrer. « Outre
la fanbase, cela attire des spectateurs
qui n’auraient pas forcément regardé
de la Nascar ou de la voile. Mais est-ce
que cela va les fidéliser dans le temps?
Je n’en suis pas persuadé », conclut
Nicolas Besombes.n

Les fédérations sportives passent à l’e-sport


en attendant la reprise des compétitions


Basile Dekonink
@Bdekonink


Le Grand prix de Formule 1 (F1) de
Hanoï a bien eu lieu le week-end der-
nier. Mais pas au Vietnam : paralysé
comme l’immense majorité des
compétitions sportives par la crise
du Covid-19, le championnat du
monde a trouvé refuge sur Internet,
où son équivalent virtuel permet à la
catégorie reine des sports mécani-
ques de continuer à exister malgré
l’épidémie. La F1, la Formula-E, la
Nascar (la plus grande compétition
automobile américaine), le football,
le basket ou la voile : ces dernières
semaines, les championnats vir-
tuels se sont multipliés, à l’initiative
des fédérations, de sportifs ou de
personnalités de l’e-sport.
Ce fut le cas, par exemple, en
Espagne, où le commentateur et


Affecté mais pas paralysé
par la crise du Covid-19,
l’e-sport constitue un relais
pour des fédérations
sportives privées de
compétitions physiques.
Les sports mécaniques,
le basket, le football ou
la voile se distinguent par
des initiatives populaires.


Sébastien Dumoulin
@sebastiendmln

C’est une première pour Google.
La firme de Mountain View a
annoncé vendredi, dans un post
de blog, la publication d’un
rapport de mobilité des popu-
lations lié au Covid-19 dans
131 pays du monde. Concrète-
ment, Google s’appuie sur les
données de géolocalisation des
smartphones pour décrire les
déplacements des individus et
aider les autorités publiques,
notamment à mesurer le res-
pect des mesures de confine-
ment dans des zones géographi-
ques déterminées. Pour ce faire,
Google se repose sur l’histori-
que des positions des utilisa-
teurs qui ont accepté que ces
données soient enregistrées


  • pour améliorer les suggestions
    de déplacement dans Google
    Maps, par exemple. Google a
    l’habitude de faire profiter des
    tiers de cette connaissance fine
    des flux de population.
    « Dans Google Maps, nous uti-
    lisons des données agrégées et
    anonymisées qui montrent la fré-
    quentation de certains types
    d’endroits, aident à identifier
    quand un commerce local a ten-
    dance à être le plus encombré.
    Nous avons été informés par des
    autorités de santé que le même
    type de données agrégées, ano-
    nymisées, pourrait être utile à
    l’heure où ils ont des décisions
    cruciales à prendre dans la lutte
    contre le Covid-19 », écrit Google.


Aucun élément
individuel
En France, il est ainsi possible
de visualiser, par régions et par
typologie de lieu, quelle est l’évo-
lution générale de la fréquenta-
tion par rapport à la situation
mi-février, soit un mois avant la
mise en place du confinement.
Google a classé les lieux de pré-
sence en six catégories : com-

Le géant américain
utilise la géolocalisation
des smartphones des
utilisateurs. Les données
agrégées et anonymisées
peuvent par exemple
permettre de mesurer le
respect du confinement.

Confinement : Google


publie des données


de géolocalisation


dans 131 pays


merces et loisirs, alimentation
et pharmacies, parcs et jardins,
gares et lieux de transit,
bureaux, et enfin logements
résidentiels.
L’effet du confinement est
très clair. Dans tous les lieux,
hors bureaux et logements, la
baisse de fréquentation
moyenne en France atteint 72 à
88 %. La présence sur les lieux
de travail chute, elle, de 56 %.
D’une région à l’autre, ces don-
nées varient. Les déplacements
dans l’espace public (jardins,
places, parcs, plages...) ont ainsi
chuté de 89 % en Ile-de-France
par rapport à la normale, mais
seulement de 73 % en Occitanie.

Les données publiées ne com-
portent aucun élément indivi-
duel. Google s’est assuré à deux
fois qu’il ne prêterait pas le flanc
à la critique sur ce point, alors
que le groupe est souvent pointé
du doigt pour son modèle
d’affaires reposant sur l’exploi-
tation des données personnel-
les. Google met en avant son uti-
lisation d’outils mathématiques
pour anonymiser les jeux de
données en conservant leur
pertinence statistique, une tech-
nique connue sous le nom de
« confidentialité différentielle ».
Ce faisant, le groupe s’expose
inévitablement à la critique
inverse, à savoir que ces don-
nées pourraient n’être que d’une
utilité limitée pour les autorités
en l’état. Les opérateurs télé-
coms fournissent déjà des indi-
cateurs du même type, avec une
maille beaucoup plus fine. Et les
gouvernements s’intéressent
désormais aux techniques de
suivi des contacts par Blue-
tooth, pour suivre et enrayer
l’épidémie. Autant de pistes
que Google se refuse d’exploiter
pour l’instant.n

Dans tous les lieux,
hors bureaux
et logements,
la baisse
de fréquentation
moyenne
en France atteint
72 à 88 %.

directeur de la plateforme orga-
nisatrice de tournoi Toornament
(propriété de la filiale de Fimalac,
Webedia).

« C’est très positif pour ces sports,
qui peuvent atteindre leur public
malgré ce moment très particulier,
constate Nicolas Besombes, sociolo-
gue et vice-président de l’association
France Esports. Les fédérations pour
lesquelles cela fonctionne le mieux
sont celles qui ont utilisé l’e-sport
comme un outil marketing mais qui
l’ont aussi pleinement intégré dans
leur stratégie » de développement, à
l’image des sports mécaniques où
la simulation virtuelle fait partie
des instruments dédiés à la détec-
tion des jeunes pilotes.
L’exercice a toutefois ses limites.
Pas question, par exemple, que ces
compétitions virtuelles aient une

La Solo Maître CoQ,
une course de voile
qualificative pour la
Solitaire du Figaro,
s’est tenue sur le
système Virtual
Regatta Offshore.

en pixels


Free veut prolonger de deux ans
son contrat d’itinérance avec Orange

TÉLÉCOMS Free a signé un avenant pour pouvoir prolonger
de deux ans le contrat d’itinérance lui permettant de louer une
partie du réseau mobile d’Orange, le temps de bâtir son propre
réseau. Sujet sensible, ce contrat, qui a permis à Free de
déployer une offre mobile sur tout le territoire en s’appuyant sur
le réseau d’Orange, moyennant une rémunération, avait suscité
une vive polémique chez ses concurrents. Il devait prendre fin,
fin 2020, comme l’avait décidé l’Arcep. Une prolongation a été
sollicitée par Free, en raison de « l’impossibilité pour Free Mobile
de rattraper le standard de couverture du marché » malgré « un
déploiement très volontariste », explique l’Arcep.

Antoine Gallimard redoute
« une vague de faillites » dans l’édition

ÉDITION Antoine Gallimard craint « une vague de faillites »
de librairies et de maisons d’édition si n’est pas mis en place rapi-
dement « un dispositif de soutien fort » de l’Etat, a-t-il déclaré à
Livreshebdo.fr. Le ministère de la Culture a annoncé le déblo-
cage de 22 millions dont 5 millions pour la filière du livre, « mais
ces moyens sont tout à fait insuffisants », a estimé le patron du
groupe Madrigall (Gallimard, Flammarion, Casterman...). « Il
faut que des délais soient accordés, à l’ensemble des entreprises du
secteur, pour le règlement des charges », a-t-il ajouté.
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