Les Echos. April 06, 2020_wrapper

(Steven Felgate) #1

Les Echos Lundi 6 avril 2020 PME & REGIONS// 27


innovateurs


dent de la société. Mais il envisage
de la vendre entièrement à Böllhoff
quand il partira à la retraite dans
cinq ans.
Serge Dumas a repris en 2011
cette PME de 42 salariés et l’a
modernisée. L’entreprise fabrique
des petites séries de fixations (vis,
écrous, rondelles et axes) spéciales
pour Airbus, Stelia, Safran, MBDA,
Thales, Liebherr Aerospace, etc.
Ces éléments en métaux durs
(titane, acier Inox) sont forgés à
chaud ou à froid.
Fort de nouveaux clients, Gillis
Aerospace a quitté Moissac pour
déménager en 2017 dans une usine
moderne équipée de machines
automatiques, dans la commune
voisine. Puis, il a ouvert un atelier de
traitement de surface en 2018 pour
maîtriser tout le cycle. L’entreprise
a investi 6,3 millions d’euros
entre 2012 et 2018 pour se moderni-

Laurent Marcaillou
—Correspondant à Toulouse


Le fabricant de fixations pour
l’aéronautique Gillis Aerospace à
Dieupentale (Tarn-et-Garonne)
vient de céder 4 0 % de son capital
au groupe allemand Böllhoff, spé-
cialisé dans les composants
d’assemblage pour l’industrie,
l’automobile, etc. Son propriétaire
Serge Dumas, 5 8 ans, reste prési-


OCCITANIE


Le groupe allemand de
solutions d’assemblage
prend 4 0 % du capital
de la PME française
spécialisée dans
les fixations spéciales
pour l’aéronautique.


tiat, dans la banlieue de Limoges
(Haute-Vienne) avec pour objectif
d’être opérationnel d’ici 2021. Mon-
tant de l’investissement : 2 5 millions
d’euros. La marque, très visible dans
les publicités durant les années 1990,
possède une seconde unité à La
Valoine, également dans le Limou-
sin, où elle fabrique des terrines et
des mousses, le tout affichant un
chiffre d’affaires de 250 millions
d’euros, avec 540 salariés.
« La vétusté des locaux et des
machines freinait la compétitivité de
l’usine de Feytiat, et remettait en cause
sa pérennité. Il fallait donc investir
fortement pour récupérer une pré-
sence dans les linéaires qui n’est plus
proportionnelle à la réelle notoriété de

la marque », explique le directeur
général délégué Vincent Fleury. De
nouveaux fours de cuisson du jam-
bon vont être installés.
L’idée est de relancer le jambon,
mais aussi de développer sous cette
enseigne populaire de nouveaux
produits dans les secteurs du snac-
king ou du cocktail, ainsi que des
plats traiteurs. Le groupe Cooperl
accompagnera cette opération par
une communication renforcée.

Report de commandes
Le dirigeant de l’entreprise balaie
une remise en question du projet de
relance à cause de la pandé-
mie. « Nous vivons comme tout le
monde cette crise en nous adaptant à

Date de création : 1995
Fondateurs : Yves Germain
et Christophe Baillet
Chiffre d’affaires :
50 millions d’euros
Effectif : 350 personnes
Secteur : biologie

Pascale Braun
—Correspondante à Metz

A Nancy, le premier test de l’inté-
gralité des occupants et soi-
gnants de l’Ehpad Notre Maison
donne ses résultats : dans cet
établissement où aucun cas de
Covid-19 n’est déclaré, un faible
pourcentage du personnel s’est
trouvé en contact avec le virus.
D’une fiabilité « incontestée »,
ces analyses ont pu être réalisées
en moins de 24 heures par le pre-
mier robot de détection du
Covid-19. A partir de prélève-
ments sanguins, l’équipement
acquis par le groupe lorrain
Atoutbio auprès du fabricant
chinois YHLO, pour un coût de
200.000 euros, met en évidence
les anticorps IgM (précoces) et
IgG (matures). L’indication est

donc plus fiable qu’un test ne
donnant qu’une réponse posi-
tive ou négative. « Nous sommes
les premiers à utiliser ce robot,
mais [...] d’autres groupes fran-
çais et européens sont en train de
s’équiper de ce type de matériel »,
souligne Yves Germain, cofon-
dateur du groupe, qui détient
23 laboratoires en Lorraine.
Sitôt déballé, le robot a fait ses
preuves sur les personnels du
laboratoire et sur des patients
atteints du Covid-19 en phase
« tiède », hospitalisés à la clini-
que Pasteur d’Essey-lès-Nancy.
La première analyse effectuée à
la demande du CHU de Nancy a
permis d’attester la contamina-
tion au Covid-19 d’une patiente
atteinte d’une encéphalite inex-
pliquée. Après l’annonce du
décès de 20 résidents d’un
Ehpad dans les Vosges toutes
proches, l’ARS Grand Est et Lau-
rent Hénart, maire de Nancy, ont
demandé à Atoutbio d’effectuer
le dépistage de Notre Maison.

Hors nomenclature
Dès lors, le laboratoire n’a cessé
d’être sollicité par des Ehpad,
hôpitaux ou établissements de
soins soucieux de connaître
rapidement la situation sérolo-
gique de leurs salariés. Atoutbio
facture 50 euros ces analyses qui
ne figurent encore dans aucune
nomenclature. Il possède une
capacité de 10.000 tests.
Pour l’heure, ce dépistage est
surtout préconisé pour les soi-
gnants, puis les professionnels
qui, des policiers aux caissières,
n’ont pas pu être confinés.n

L’INITIATIVE ATOUTBIO


Atoutbio

L’immunité de tout


un Ehpad testée à Nancy


dans les éléments d’assemblage
spéciaux, qui a réalisé un chiffre
d’affaires de 652 millions d’euros en
2018 et emploie 3.300 salariés dans
50 pays. Böllhoff possède déjà une
usine de fixations pour l’automo-
bile et Airbus Helicopters de 400
salariés à Chambéry. Il veut se ren-
forcer dans le secteur aéronauti-
que, pour lequel il réalise 15 mil-
lions d’euros de ventes mais ne
produit pas de vis.

Exportation
« Böllhoff fabrique des fixations nova-
trices et fera évoluer nos compétences
avec son bureau d’études, pour cher-
cher des marchés plus technologi-
ques », se félicite Serge Dumas.
L’implantation mondiale du groupe
allemand permettra aussi à la PME
de capter des marchés à l’exporta-
tion, qui ne représente que 10 % de
ses ventes.n

Fixations aéronautiques : Gillis


se raccroche à l’allemand Böllhoff


la fois sur nos organisations mais éga-
lement sur nos plannings. Nous som-
mes une entreprise agroalimentaire,
donc nous continuons nos produc-
tions et nos livraisons. Il faut aussi
prendre en compte le report des com-
mandes des réseaux de restauration
collective vers la grande distribution,
puisque les personnes sont confinées
et donc mangent plus à domicile. »
Madrange s’attend à ce que le
chantier de modernisation prenne
un peu de retard, car une bonne par-
tie de ses prestataires ne peuvent
plus travailler en cette période de
confinement. « Nous sommes tou-
jours, en revanche, sur le lancement
de nos innovations sur avril et mai »,
assure Vincent Fleury.n

aussi du principe même de test séro-
logique, qui s’appuie sur la détection
des anticorps. « Nous ne voulons pas
nous positionner trop en avance, mais
nous souhaiterions qu’il y ait une
communication des autorités de
santé sur le sujet des tests sérologi-
ques », avance Larry Abensur. Une

étude clinique a été lancée avec les
hôpitaux universitaires de Stras-
bourg il y a une quinzaine de jours,
dont les résultats pourraient per-
mettre d’obtenir une validation
scientifique. « Nous avons développé
une méthode simple, qui marche bien
mais pour laquelle nous manquons

encore de recul. Il y a urgence mais il
faut une démonstration de sa fiabi-
lité », reconnaît Larry Abensur.
La méthode reconnue et actuelle-
ment utilisée en France est celle de la
PCR, qui consiste à rechercher la
présence du virus dans des échan-
tillons prélevés dans le nez. Le test
sérologique développé par Biosynex
peut être utilisé en complément de la
méthode PCR, met en avant Larry
Abensur. « Il y a un intérêt en fin
d’infection pour un diagnostic tardif,
quand le virus n’est plus détectable en
PCR mais que les anticorps prennent
le relais. Il peut aussi être utilisé dans
le cadre de sondages de masse pour
détecter les personnes asymptomati-
ques et enfin pour tester sa propre
immunité. » Le test a déjà le mar-
quage CE qui permet une commer-
cialisation en Europe.

Autotests
L’entreprise développe depuis
quinze ans des tests de diagnostic
rapide (pour l’angine, le VIH, la gros-
sesse...) utilisés par les profession-
nels de santé et par les particuliers
en autotests. L’entreprise destine
son test sérologique pour le Covid-19
dans un premier temps aux profes-
sionnels, puis dans un second temps
au grand public qui pourrait ainsi
tester son immunité.
L’entreprise annonce, par ailleurs,
avoir signé deux accords de distribu-
tion pour deux tests basés sur la
technologie PCR avec des partenai-
res asiatiques. « Il s’agit d’un test
ultrarapide de 20 minutes et d’un test
plus classique, qui se réalise en
quelques heures », détaille Larry
Abensur.n

Coralie Donas
—Correspondante à Strasbourg


Détecter en 10 minutes les anticorps
spécifiques du Covid-19 dans une
goutte de sang. C’est la promesse du
test qu’a développé le laboratoire
Biosynex dans ses locaux d’Illkirch-
Graffenstaden près de Strasbourg.
Le 6 avril, il lance la production en
masse de ce test avec le partenaire
chinois avec lequel l’entreprise a co-
développé ce produit. « Nous avons
déjà des demandes de pays en Europe
et en dehors », souligne Larry Aben-
sur, le PDG de l’entreprise qui
compte 180 salariés et a réalisé
35 millions d’euros de chiffre d’affai-
res en 2019.


Etude clinique à Strasbourg
Des pré-commandes en France ont
même été décrochées ces derniers
jours. La société attend toutefois une
validation du ministère de la Santé
pour lancer le produit. Le dirigeant
précise qu’il sera commercialisé au
prix de base de 10 euros, qui baissera
avec les volumes.
Biosynex attend la reconnais-
sance de son test en France, mais


GRAND EST


La société strasbour-
geoise, spécialisée
dans les tests
de diagnostic rapides,
a mis au point un test
pour dépister
le Covid-19 à partir
d’une goutte de sang.


Biosynex s’apprête à produire


son test de dépistage du Coronavirus


Biosynex a mis au point un test sérologique qui s’appuie
sur la détection des anticorps. Photo AFP.

Le salaisonnier Madrange maintient


son plan de relance malgré la crise


Date de création : 2008
Président : François Guérin
Chiffre d’affaires :
17 millions d’euros en 2019
Effectif : 100 personnes
Secteur : photovoltaïque

Emmanuel Guimard
—Correspondant à Nantes

L’un des seuls fabricants euro-
péens de panneaux solaires, Sys-
tovi, près de Nantes, lance une
nouvelle solution de stockage
d’énergie. Son système, nommé
Stock-O, consiste à dériver la
production électrique des pan-
neaux de la maison, aux heures
creuses de la journée, pour
chauffer une partie du ballon
d’eau chaude. « Car l’électricité
est vendue environ 10 centimes le
kilowatt/heure, alors qu’on
l’achète 18 centimes au
réseau », note François Guérin,
PDG de Systovi, filiale du groupe
de menuiserie Cetih, basé en
Loire-Atlantique. En pratique,
sur un ballon de 200 litres, 140
sont chauffés par le réseau pen-
dant la nuit, quand l’électricité

est moins chère. Un volume de
60 litres est volontairement pré-
servé. Le matin, les habitants du
foyer consomment l’eau chaude
et la part de l’eau froide s’accroît.
Ce volume va donc être chauffé
gratuitement, en journée, par
l’électricité photovoltaïque du
toit. Le soir, un plein réservoir
d’eau chaude est de nouveau dis-
ponible. Le système est piloté
par l’appli Smart-R, qui intègre
les prévisions météo pour affi-
ner les ratios d’eau. Systovi a tra-
vaillé deux ans sur ce système,
en lien avec De Dietrich, fabri-
cant de ballons d’eau chaude.

Réglementation en 2021
Selon François Guérin, Stock-O
coûte à peine plus cher qu’un
ballon conventionnel et peut
faire passer le taux d’autocon-
sommation électrique d’environ
50 à 80 %, améliorant la perfor-
mance de l’habitat dans le cadre
de la réglementation thermique
RT 2 020, applicable en jan-
vier 2 021. Il complète l’offre de
Systovi qui a déjà inventé la bat-
terie thermique Stock-R, capa-
ble de stocker de la chaleur
grâce à un matériau à change-
ment de phase. Cette technolo-
gie est basée sur des panneaux
aérovoltaïques permettant de
valoriser, à la fois, l’énergie pho-
tovoltaïque et thermique.
Le PDG ne croit pas aux batte-
ries classiques pour stocker
l’énergie de l’habitat. Cela « dou-
blerait le coût d’une installation et
pose question sur l’usage des ter-
res rares, l’impact environnemen-
tal et le recyclage ».n

Le système qui stocke


l’énergie solaire dans l’eau


Systovi

ser. Elle a réalisé un chiffre d’affaires
de 4,5 millions d’euros en 2019, en
hausse de 12 %, et prévoyait 5,2 mil-
lions en 2020 avant le coronavirus.
Pendant le confinement, elle main-
tient la fabrication avec les deux
tiers de l’effectif, mais son carnet de
commandes a diminué d’un quart
et il est rempli jusqu’à la mi-mai.
Ainsi modernisé, Gillis Aeros-
pace a attiré plusieurs acquéreurs
italien, suisse et allemand. Con-
seillé par le cabinet Oaklins France,
Serge Dumas a choisi Böllhoff, un
groupe familial allemand spécialisé

4 , 5


MILLIONS D’EUROS
Le chiffre d’affaires
de Gillis Aerospace en 2019.

LA TECHNOLOGIE SYSTOVI


Jean-Pierre Gourvest
—Correspondant à Limoges


Le salaisonnier Madrange, filiale du
groupe breton Cooperl a lancé la
modernisation de son usine de Fey-


LA PME À SUIVRE
NOUVELLE-
AQUITAINE


La marque a lancé
la modernisation
de l’un de ses deux
sites de production de
jambon et de charcute-
rie près de Limoges.

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