Les Echos. April 06, 2020_wrapper

(Steven Felgate) #1

38 // Lundi 6 avril 2020 Les Echos


H&M doit économiser son cash sans négliger
ses vieux défis.

Faire naufrage dans le port de Stockholm, voilà qui n’a pas empêché le « Va-
sa » de refaire surface. H&M, un autre grand navire amiral suédois, peut
s’en inspirer pour une phase de plongée qui se comptera de toute façon
en trimestres et non en siècles. Sa « recovery » boursière a pris l’eau
au moment même où ses efforts pour gagner en flexibilité payaient. Tout en
publiant un bénéfice supérieur de 66 % aux attentes pour le trimestre écoulé,
la nouvelle directrice générale, Helena Helmersson, avertit donc d’une perte
pour celui en cours (clos fin mai), en plein branle-bas de combat pour
colmater les fuites de cash provoquées par le coronavirus. Les ventes ont
baissé de 46 % en mars, quand les fermetures ne touchaient pas encore ses
principaux marchés, Allemagne, Etats-Unis, Royaume-Uni. Selon un calcul
à la louche, il faudrait limiter à un tiers au maximum la baisse d’activité pour
éviter la brasse coulée à son résultat, vu la marge d’Ebitda (12,5 % l’année
dernière), et en coupant comme prévu de 20 à 25 % dans les dépenses (hors
amortissements). La multinationale familiale a aussi annulé son dividende,
divisé par deux son budget d’investissements et salue les aides publiques.
Sans être aussi rassurante que celle du rival Inditex (Zara), sa santé financière
à l’entrée de cette passe délicate lui laisse une marge de manœuvre.
Il lui faudra surtout convaincre que ses progrès promis dans le domaine des
ventes en ligne et du développement durable ne seront pas des vœux pieux.

Coupes délicates


S’il y a un secteur qui peut connaî-
tre un rebond en « V », c’est
évidemment celui des puces
électroniques. Les analystes
d’Oddo BHF font le scénario d’un
flash crash des ventes mondiales
de semi-conducteurs (–21 % d’avril
à juin par rapport à janvier-mars,
une chute comparable à celle
du troisième trimestre de 2008)
suivi d’un redressement éclair
(+15 % de croissance séquentielle
de juillet à septembre). Ce serait
quand même la première fois
que le marché baisserait à deux
chiffres deux années de suite.
Oddo BHF s’attend donc
à beaucoup de volatilité en Bourse.
Le profil de croissance en partie
structurelle constaté depuis 2016
a maintenu les valeurs d’entrepri-
ses de l’indice de Philadelphie très
au-dessus de 2008 (en moyenne
à 3,9 années de revenus contre
pour un point bas à 2,2). Mais
l’accroissement des besoins
en réseaux, serveurs et mémoire
assurera le salut de certaines.

La crise sanitaire teste le nouveau profil boursier des semi-conducteurs.
Les ailes des tirelires

Le coronavirus va faire un tri
sans précédent dans l’aérien malgré
les sauvetages nationaux.

Enfin comme tout le monde? Les six milliards d’euros de prêts garantis
organisés par Paris et La Haye pour éviter l’arrêt cardiaque à Air France-
KLM ne déparent pas dans le paysage de l’aérien mondial. Du ciel vidé
de ses avions tombent des dollars par milliards : 10 par le fonds souverain
singapourien Temasek pour renflouer les luxueuses carlingues de
Singapore Airlines, 50 par Washington pour soutenir ses compagnies,
soit l’équivalent de 20 % de leur valeur cumulée à Wall Street. Ce n’est pas
un hasard si les empennages de flottes pourtant privées portent souvent
les couleurs du drapeau national... Les brumes des tempêtes mêlant
les ombres, on oublierait presque qu’Air France-KLM entre dans
ce cumulo-nimbus sanitaire avec l’endettement le plus élevé et la renta-
bilité la plus faible du secteur en Europe. Les mannes des tirelires
étatiques ne vont pourtant pas ralentir le tri darwinien sans précédent
qu’entraîne la pandémie de coronavirus. A l’image de ce qui s’est passé
pour l’automobile et les banques il y a dix ans, le soutien de l’Oncle Sam
pourrait mettre définitivement en position de force l’aérien américain,
déjà ressorti plus profitable de la dernière crise financière. De ce côté-ci
de l’Atlantique, les analystes d’Oddo BHF voient le britannique IAG
et l’irlandais Ryanair seuls capables de tirer parti de la consolidation
qui s’ensuivra. Même après, le ciel restera un peu plus « Covid » qu’avant.

// Budget de l’Etat 202 0 : 39 9,2 milliards d’euros // PIB 2019 :2. 47 9,4 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale : 3.428 euros/mois à partir du 01- 01 -2 02 0 // SMIC horaire : 10 ,15 euros à partir du 01- 01 -2 020
// Capitalisation boursière de Paris :1.827,78 milliards d’euros (au 06-01-2020)
// Indice des prix (base 1 00 en 2015) : 10 3,55 en décembre 2020 // Taux de chômage (BIT) : 8,6 % au 3etrimestre 2019
// Dette publique :2. 41 5,1 milliards d’euros au 3e trimestre 2019

=
Les chiffres de l’économie

Le salut des puces


crible


EN VUE


Jean Castex


D


éconfinement, voilà un mot que
l’on pensait réservé au vocabu-
laire atomique, à l’évacuation
des centrales nucléaires. Voici qu’on
l’utilise pour le simple fait de sortir de
chez soi. Et que l’on nomme un « Mon-
sieur déconfinement » pour organiser
la sortie en ordre de millions de Fran-
çais qui déjà piaffent d’impatience. La
mission confiée à Jean Castex est si cru-
ciale que les médias l’ont déjà requalifié
en « ministre du déconfinement ».
Même François Mitterrand, qui avait
fait rigoler la France entière avec son
ministre du Temps libre, n’y aurait
jamais pensé. Espérons que Jean Cas-
tex, actuel délégué interministériel aux
JO 2024 (ou 2025 ?) en a profité pour
s’exercer au patinage tant le sujet est
glissant. Le petit-fils du sénateur UDF
de Vic-Fezensac, le maire de Prades
depuis 2008, est plutôt du pays du
rugby mais de toute façon il a d’autres
qualifications pour le poste. A 54 ans, le

conseiller à la Cour des comptes est
passé par la Ddass du Var, fut directeur
de l’hospitalisation avant de diriger le
cabinet de Xavier Bertrand, puis rem-
placer Raymond Soubie comme
conseiller social de Nicolas Sarkozy,
dont il fut le secrétaire général à l’Ely-
sée. Son profil en fait un produit recher-
ché, on en parla pour la SNCF, pour
l’Intérieur où son profil politique fit pré-
férer Christophe Castaner. Jusqu’ici
tout le monde l’aime, loue ses compé-
tences d’organisation, Xavier Bertrand
évoque son « sens du terrain, du dialo-
gue » parle de la prise de la mairie de
Prades en 2008 comme « mission
impossible » (il fut réélu à 75 %). Pour
« L’Obs », Patrick Pelloux complète le
CV : « Un homme d’Etat. Le sens du tra-
vail. Respectueux des gens. » Il résume :
« C’est un super mec ». Vas-y mec!

(


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Pages 2 à 5

La Bourse de Paris finit en baisse



  • La Bourse de Paris a de nouveau
    chuté vendredi, pénalisée par les
    chiffres de l’emploi américains.
    Dans un volume d’échanges nourri
    de 3,3 milliards d’euros l’indice
    CAC 40 a perdu 66,38 points
    (–1,57 %) à 4.154,58 points. Sur la
    semaine, il a cédé 4,52 %. Depuis le
    premier janvier, l’indice phare de la
    place de Paris a perdu 30,50 %.
    Le taux de chômage outre-Atlan-
    tique a bondi à 4,4 %, alors que les
    Etats-Unis étaient dans une situa-
    tion de plein-emploi avant l’épidé-
    mie de coronavirus. En Europe, les
    nouvelles économiques n’ont pas
    été de nature à rassurer les investis-
    seurs. L’activité du secteur privé
    dans la zone euro a chuté en mars à


son plus bas niveau historique. Du
côté des valeurs, Carrefour a bondi
de 6,08 %. Le distributeur a signé la
meilleure performance de l’indice
devant Publicis (+4,22 %) et Sanofi
(+2,37 %). Le groupe pharmaceuti-
que a annoncé qu’il pourrait pro-
duire des millions de doses
d’hydroxychloroquine si les résul-
tats des essais cliniques confirment
son efficacité contre le Covid-19.
A l’inverse Safran a dévissé de
8,16 %. Le secteur bancaire a égale-
ment souffert. Société Générale
a chuté de 8,15 % et BNP Paribas a
perdu 5,03 %. Plombé par la chute
des cours du pétrole, Total a cédé
7,58 %. Accor qui va fermer deux
tiers de ses hôtels, a reculé de 3,43 %.
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