Les Echos Lundi 6 avril 2020 EVENEMENT// 07
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Les rejets de CO
2
réduits de
58 % chaque jour en Europe
l Si elle devait s’étendre sur 4 5 jours, la mise sous cloche de l’Europe
ferait chuter de 5 % le bilan annuel de ses émissions de gaz à effet de serre.
lLe transport et la production d’énergie sont les premiers secteurs concernés.
Joël Cossardeaux
@JolCossardeaux
C’est le cabinet de conseil en mana-
gement Sia Partners qui l’affirme.
Chaque jour de confinement
se solde en Europe par une réduc-
tion de 58 % de ses émissions de
CO 2 , principal responsable des
gaz à effet de serre (GES) qui
réchauffent la planète. Et si la
période de quarantaine ouverte
par l’Italie, puis par l’Espagne, la
France et d’autres pays (qui ne sont
pas tous allés aussi loin) devait
durer 45 jours, ce sont 145 méga-
tonnes de CO 2 qui pourraient ne
pas être rejetées en 2020 par
l’Union européenne à Vingt-Sept.
Un chiffre qui n’est pas négligeable :
il correspond à 5 % de ses émis-
sions en période normale.
Hausse des émissions
dues au chauffage
Ce ralentissement n’est pas uni-
forme. Il varie fortement selon les
secteurs et il augmente même dans
un cas très précis, celui du loge-
ment. Les mesures de confinement
font en effet monter les émissions
dues au chauffage. Elles font aussi
chauffer les data-centers, télétravail
et divertissement en ligne obligent.
Résultat, les rejets de CO 2 qui se
« jouent à domicile » sont en hausse
de 29 % par rapport à une journée
normale, durant laquelle l’habitat
résidentiel émet 890 kilotonnes de
ce gaz par jour en Europe.
La tendance est inverse dans
l’automobile, où l’activité a baissé de
88 % et où les restrictions de circu-
lation imposées avec plus ou moins
d’intensité ont un fort impact envi-
ronnemental. Le volume de CO 2
ainsi évité chaque jour est estimé à
158 kilotonnes dans l’enquête
express réalisée par Sia Partners. Un
chiffre important au regard des
1.311,5 kilotonnes relâchées par cette
branche. S’agissant du trafic aérien,
largement suspendu à l’exception
du transport sanitaire et du fret par
avion-cargo, le quasi-arrêt des vols
commerciaux et les fermetures
d’aéroport se soldent par une baisse
de 87 % des rejets de CO 2. Ils ne s’élè-
vent plus qu’à 3 .000 kilotonnes par
jour, contre un peu plus de 39.
en période normale.
Quant à la production d’énergie,
principale source d’émissions,
l’arrêt de sites industriels ou encore
la réduction à l’essentiel des trans-
ports entraînent une chute de la
consommation de matières fossi-
les (pétrole, charbon, gaz), dont
l’impact positif sur les GES est on ne
peut plus net. Ce sont, au quotidien,
plus de 1.155 kilotonnes de CO 2 ,
soit 40 % de ce qui est émis par ce
secteur en temps ordinaire (plus de
2.900 kilotonnes), qui ne sont pas
envoyées dans l’atmosphère.
Ces 5 8 % de CO 2 en moins, au
total, représentent « une baisse
d’une ampleur qui n’a jamais été
constatée en Europe », estime
Charlotte de Lorgeril, associée de
Sia Partners, dont les équipes ont
produit cette étude. Reste à savoir
quel sera l’impact du coup d’arrêt
brutal donné à l’économie de
l’UE sur le bilan annuel de ses émis-
sions de GES. « Tout dépendra de la
durée du confinement et de l’après-
Covid-19 », juge-t-elle.
Reprise progressive
Certaines branches comme celle
des transports, et en premier lieu
l’aérien, ne retrouveront pas le
même niveau d’activité qu’aupara-
vant, en tout cas pas tout de suite,
selon Charlotte de Lorgeril, qui
estime que la reprise s’y fera très
progressivement. « On le voit en
Asie. Dans les zones où le confine-
ment a été levé, le télétravail reste
encore très pratiqué. Et même s’il y a
une envie de reprendre son activité de
plain-pied, les choses repartent en
douceur. Ce sera aussi valable pour
les pays d’Europe », détaille-t-elle.
Cette période de creux plus ou
moins longue, à laquelle il semble
falloir s’attendre, se lira dans les
courbes d’évolution des émissions
de gaz à effet de serre de 2020.n
Changement de programme. Les
travaux de la Convention citoyenne
pour le climat, reportés le 1 8 mars
pour cause de coronavirus, se sont
finalement tenus ce week-end pour
cause... de coronavirus. Plus préci-
sément, ses 1 50 membres tirés au
sort, réunis dans le plus grand confi-
nement, celui des salles virtuelles
du Web, ont débattu sur « les consé-
quences économiques et sociales » de
la crise liée à l’épidémie de Covid-19.
Un ordre du jour distinct de celui
pour lequel ce cénacle aurait dû se
retrouver au Conseil économique,
social et environnemental. Après
six mois passés à réfléchir pendant
plusieurs week-ends à des mesures
pour contrer le réchauffement cli-
matique, dans l’optique de « réduire
d’au moins 40 % les émissions des gaz
à effet de serre d’ici à 2030 dans une
logique de justice sociale », l’heure du
rendu de copie au chef de l’Etat
aurait dû sonner dimanche.
Réparer les dégâts
Mais maintenir, avec le problème de
sécurité sanitaire que cela posait,
cette ultime session serait apparu
comme totalement décalé par
rapport au drame sanitaire que vit le
pays. Laisser s’installer à la place un
silence assourdissant sur la ques-
tion de la transition écologi-
que l’aurait été tout autant. C’est
Réunis en visioconférence
le week-end dernier, les
150 citoyens tirés au sort ont
intégré dans leurs travaux
les conséquences socio-
économiques de la crise.
Le virus s’est invité dans les
travaux de la Convention
citoyenne pour le climat
ce qu’a considéré la Convention qui a
d’autant moins hésité à s’auto-saisir
des enjeux socio-économiques
posés par le coronavirus qu’ils ne
sont pas sans se recouper avec les
défis lancés par le réchauffement cli-
matique et la transition énergétique.
« Après le drame humain que
nous vivons viendra le temps de répa-
rer ses dégâts sociaux et économi-
ques », estime Laurence Tubiana,
coprésidente du comité de gouver-
nance de la Convention. « En tra-
vaillant à une contribution civique à
l’effort national de réponse à la crise,
la Convention témoigne de l’intérêt
d’ouvrir une réflexion collective large
de nos sociétés sur leur devenir »,
considère l’architecte de l’Accord d e
Paris sur le climat.
Le coronavirus pourrait amener
la Convention citoyenne à réorien-
ter certaines propositions à l’étude
ou à en renforcer d’autres – notam-
ment le développement des circuits
courts, dont il a été beaucoup ques-
tion le week-end dernier dans ses
travaux. Dimanche, ses 150 mem-
bres devaient voter un texte dans un
strict huis clos. Son contenu devrait
être rendu public dans le courant de
cette semaine. —J. C.
Le coronavirus
pourrait amener la
Convention citoyenne
à réorienter ou
renforcer certaines
propositions à l’étude.