Libération - 07.03.2020

(Darren Dugan) #1

Libération Samedi 7 et Dimanche 8 Mars 2020 u 19


C’est la principale mesure nationale prise depuis que le
nouveau coronavirus circule sur le territoire français : l’inter -
diction au niveau national «des rassemblements en milieu
confiné de plus de 5 000 personnes». Une décision qui semble
à certains internautes contradictoire avec le maintien du ser-
vice sur les lignes de métro des grandes villes françaises,
comme à Paris ou à Lyon. Dans la capitale, par exemple, la
station souterraine de Châtelet-les-Halles brasse quelque
750 000 passagers quotidiens en transit sur les lignes de métro
et de RER. Contacté par CheckNews, le cabinet du secré-
taire d’Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, justifie
cette ouverture par le fait que les moyens de transport comme
le train ou le métro sont «essentiels à la vie économique du
pays». «Par ailleurs, concernant les gares et les stations, les gens
ne sont pas statiques. Ce sont des lieux de passage. Ce n’est pas
pareil qu’un concert où l’on reste des heures», avance le minis-
tère. «Une fois dans la rame de métro, vous n’y restez pas pen-
dant des heures, et il n’y a pas 5 000 personnes. C’est quelques
centaines maximum.» Dans une interview à Libération, Jean-
Baptiste Djebbari estimait mardi «qu’arrêter les transports n’ap-
porterait aucune solution sur le plan sanitaire» : «Nous n’en som-
mes pas encore à penser aux restrictions de transport. La
réflexion sur les transports est tout autre. [...] Nous allons met-
tre en œuvre tous les moyens de protection. Je rappelle
que pendant la grippe hivernale les transports continuent
de fonctionner.»
Alexandre Bleibtreu, infectiologue à la Pitié-Salpêtrière, va
dans le même sens. Il explique à CheckNews : «Dans une salle
de concert, les gens sont plus longtemps en contact très proche
dans un espace confiné que dans une rame de métro.» Et
d’ajouter : «Il faut rappeler que le virus est relativement peu létal
et plutôt que de paralyser le pays, il faut se recentrer sur la
mission première de la médecine, qui consiste à soigner les
personnes vraiment malades.» Sur les droits de retrait invo-
qués par certains personnels, le secrétaire d’Etat aux trans-
ports indique par ailleurs avoir «demandé aux PDG de la SNCF
et de la RATP de recevoir les organisations syndicales au-
tant que nécessaire».
VINCENT COQUAZ

Pourquoi les métros


circulent-ils malgré


les interdictions


de rassemblements?


n Usine de production de gel
hydroalcoolique près de Nantes, vendredi.
PHOTO STÉPHANE MAHÉ. REUTERS
nDans une rue de Nice, le 24 février.
PHOTO LAURENT CARRÉ
nDans le métro parisien, mardi.
PHOTO SIMONE PEROLARI.REA
nPréparation de tests de dépistage
du coronavirus. PHOTO IAN HANNING. REA

Mis au point le 27 janvier par l’Institut Pas-
teur, les tests du Covid-19 sont dispensés
dans plusieurs établissements, mais ne sont
pas réalisés systématiquement. Le protocole
actuel, au stade 2 de l’épidémie, prévoit que
le test soit «réalisé uniquement dans un cas
de suspicion de la maladie, validée par le
Samu et un infectiologue référent». En clair,
il n’est pas question de tester tout le monde.
Ce n’est qu’après observation par plusieurs
professionnels de santé et un questionnaire
que le patient peut être classé en «cas possi-
ble» et donc accéder à un test. Ce que con-
firme à CheckNews le chercheur Vincent
Enouf, directeur adjoint du Centre national

de référence (CNR) des virus respiratoires
de l’Institut Pasteur : «Ce qu’on entend par
“cas de suspicion”, qui peuvent prétendre à
un test de dépistage, sont les personnes re-
venant de régions endémiques (Chine, Sin-
gapour, Italie), les “cas contacts”, qui ont par-
tagé un même lieu de vie ou eu un contact
étroit à moins d’un mètre avec une personne
détectée positive, et, enfin, les cas de dé-
tresse respiratoire aiguë (DRA).»
Que se passera-t-il en cas de passage à la
phase 3, c’est-à-dire le stade épidémique?
Le chercheur estime peu probable que la
pratique de ces tests soit intensifiée : «Ce se-
rait un contresens et ne servirait à rien d’im-
poser un test à tout le monde. Car nous rédui-
rions nos ressources et les laboratoires ne
seraient pas équipés.» Confirmation du mi-
nistère de la Santé, qui indique que la prise
en charge, à ce moment-là, se fera directe-
ment par les médecins de ville et non plus
par le Samu. Et «les tests de dépistage seront
alors réservés aux cas graves».
ANAÏS CONDOMINES

A qui propose-t-


on des tests


de diagnostic


du Covid-19?

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