13
13
13
12
14
17
20
20
23
22
16
11
14
(^1312)
12
14
13
11
13
17
21
17
18
13
12
15
14
14
15
14
12
15
16
JEUDI
VENDREDI
SAMEDI
JEUDI VENDREDI SAMEDI DIMANCHE
9/
7/
8/
11/
14/
11/
18/
9/
9/
7/
7/
4/
6/
21/
12/
6/
24/
16/
12/
-3/
8/
7/
7/
8/
8/
14/
10/
20/
8/
4/
11/
9/
4/
5/
21/
11/
10/
24/
18/
7/
-3/
8/
6/
10/
4/
5/
14/
4/
22/
7/
6/
11/
10/
2/
10/
22/
10/
11/
24/
16/
6/
4/
6/
3/
11/
1/
2/
17/
2/
20/
6/
5/
9/
9/
2/
4/
22/
9/
6/
25/
18/
4/
-2/
-2/
7/
12/
1/
7/
20/
2/
18/
8/
9/
8/
6/
-4/-
3/
23/
8/
7/
25/
17/
2/
-4/
-2/
9/
8/
10/15 11/
9/
10/
4/
4/
6/12 12/
4/
2/
3/
7/
2/13 8/
0/
2/
L’Europe a une fâcheuse tendance à recycler
les solutions du passé. Elle est tentée d’apporter au
coronavirus les mêmes remèdes qu’aux crises de 2008
et de 2011, à savoir un cocktail de mesures budgétaires et
monétaires pour soutenir les pays les plus vulnérables.
Le plan esquissé par les Vingt-Sept, mardi, est d’un
classicisme absolu : il s’agit principalement d’assouplir
les règles de déficit – le fameux plafond de 3 % – et de
laisser chaque Etat aider ses entreprises en difficulté.
C’est le minimum à attendre en pareilles circonstances.
A ce plan de soutien s’ajoutera celui de la Banque
centrale européenne, ce jeudi. Christine Lagarde, qui vit
là son baptême du feu, sera certainement tentée par
une baisse des taux et de nouvelles liquidités en faveur
des banques. Rien que de très classique, là aussi.
Mais ce n’est pas l’argent facile de la BCE qui empêchera
le virus de se propager, et les chaînes logistiques
de dérailler. La priorité, pour l’Europe, est de mettre
en œuvre une action sanitaire
coordonnée qui retarde le pic de
l’épidémie et évite aux hôpitaux
d’être dépassés. A ce stade,
l’improvisation européenne est
totale. La cacophonie aussi.
La France, qui avait interdit
les rassemblements de plus
de 5.000 personnes, a réduit le
seuil à 1.000 pour s’aligner sur
l’Allemagne, s’épargnant ainsi
tout soupçon de laxisme.
La Commission européenne
gagnerait à fixer des
recommandations collectives,
qui apporteraient plus
de cohérence entre les pays,
et moins d’angoisse pour leurs
citoyens. Elle gagnerait aussi
à encourager la solidarité.
Comment tolérer
que l’Allemagne interdise
l’exportation de son matériel
médical – dont les masques –
alors que l’Italie en a
cruellement besoin? Comment
comprendre qu’aucun pays
voisin ne puisse lui envoyer d’appareils respiratoires?
Si la Commission connaissait la capacité de chaque
pays à fournir ces équipements, et ses besoins réels, elle
pourrait créer une chaîne de partage entre les Vingt-
Sept. Allons plus loin : pourquoi ne pas imaginer l’envoi
de médecins des pays européens les moins touchés vers
ceux, comme l’Italie, qui en sont réduits à trier les
patients faute de bras? Car, lorsque le pic de l’épidémie
se déplacera du sud vers le nord du continent, d’autres
pays seront à leur tour submergés et appelleront
à l’aide... Confrontée à sa première crise sanitaire
d’ampleur, l’Union doit montrer qu’elle n’est pas
qu’économique. L’« Europe qui protège »,
qu’Emmanuel Macron appelait de ses vœux il y a
exactement un an, est encore à construire.
(
Lire nos informations
Pages 2 à 4
L’ ÉDITORIAL
DES « ÉCHOS »
Virus : l’Europe
qui protège (ou pas)
La priorité,
pour
l’Europe, est
de mettre
en œuvre
une action
sanitaire
coordonnée
qui retarde
le pic de
l’épidémie.
Par Lucie
Robequain
« Education moderne » par Johanne Licard © Johanne Licard / Agence Valérie Oualid
Valérie de Senneville
@VdeSenneville
Plus de cinq heures pour décrire
« l’inconsistance » d’un emploi. Cela lui
en donnerait presque de la densité si
ce n’était l’accumulation d’éléments
implacables et ravageurs mis en
lumière par le parquet national finan-
cier (PNF). Les deux procureurs,
Aurélien Létocart et Bruno Nataf, ont
dressé, mardi, au tribunal correction-
nel de Paris, un portrait féroce du « tra-
vail impalpable » de Penelope Fillon,
poursuivie avec son mari p our
« détournement de fonds publics » p our
ses « prestations fictives ou suréva-
JUSTICE
Pendant près de cinq
heures, le parquet
national financier s’est
employé mardi à dénon-
cer l’emploi « impalpa-
ble » et « désincarné »
de l’épouse de l’ex-can-
didat à la présidentielle.
luées » en tant qu’attachée parlemen-
taire. Demandant une « peine exem-
plaire » , le PNF a requis cinq ans
d’emprisonnement, dont trois ans
avec sursis, 375.000 euros d’amende et
dix ans d’inéligibilité à l’encontre de
l’ancien Premier ministre, trois ans
avec sursis et 375.000 euros d’amende
contre sa femme Penelope, et deux
ans avec sursis et 20.000 euros
d’amende contre son ancien sup-
pléant, Marc Joulaud.
Cynisme
Rien n’est venu nuancer ou adoucir ce
réquisitoire au vitriol. Entre 1998
et 2013, Penelope Fillon a conclu trois
contrats comme attachée parlemen-
taire de son époux et de son suppléant
pour lesquels elle a touché plus de
613.000 euros d’argent public. « A
chaque fois, ce n’est pas Madame Fillon
qui s’adapte à son contrat, c’est le
contrat qui s’adapte à Penelope
Fillon » , tacle le parquet.
Cruel, le PNF a commencé et fini
ses réquisitions en citant François
Fillon lui-même, qui « avait fait de la
probité une marque d e fabrique » : « La
politique, ça ne sert pas à se servir, mais
à servir les gens. » « Cela serait cocasse
si ce n’était tragique », a asséné Auré-
lien Létocart, qui a stigmatisé le
« cynisme » de l’ex-candidat à l’élec-
tion présidentielle. S’enfermant dans
le déni, refusant toute forme de
remise en cause, François Fillon aura
été au final « le propre artisan de son
malheur ».
Aurélien Létocart s’est appliqué à
déconstruire longuement et méthodi-
quement « l’impressionnisme » du tra-
vail « désincarné » de Penelope Fillon.
Pour ne plus aussi laisser une respira-
tion à la défense, qui a produit une
masse de documents attestant, selon
eux, de la réalité du travail de l’épouse
de l’ex-candidat. Mais « ils ont au final
traduit en creux l’inconsistance de son
travail », a taclé le magistrat.
« Attribuer un caractère profession-
nel à la moindre de ses activités, même
les plus anodines comme rapporter du
courrier ou discuter avec des gens en
faisant ses courses relève de la mau-
vaise foi », selon le procureur. Pour le
parquet, le rôle de Penelope Fillon
n’était, au total, que celui d’une « con-
jointe d’homme politique d’envergure
nationale, le seul à l’époque dans l a Sar-
the ». Mais dont « l’investissement
social et culturel évident » ne saurait,
selon le PNF, constituer un emploi
d’assistant parlementaire, tenu d’être
en rapport direct avec le mandat du
député.
Appât du gain
Quant à l’emploi auprès de Marc Jou-
laud, il aurait été encore plus « impal-
pable ». Penelope Fillon gagnait « plus
tout en travaillant moins », a ironisé
Aurélien Létocart. « L’appât du gain
fut manifestement plus fort que la rai-
son. » Une « inclination à s’affranchir
du bien commun pour conforter son
intérêt personnel », « dans une forme
de comédie humaine que Balzac ou
Claude Chabrol n’auraient sans doute
pas reniée » , a souligné Aurélien Léto-
cart. Ce mercredi, la parole sera à la
défense.n
DERNIÈRE HEURE
Emplois fictifs : réquisitoire
impitoyable contre le couple Fillon
François et Penelope Fillon lors de leur arrivée au tribunal correctionnel de Paris, mardi. P hoto Thomas Samson/AFP
Rien n’est venu
nuancer ou adoucir
un réquisitoire
au vitriol.