Mercredi 11 mars 2020
http://www.lesechos.fr
Solenn Poullennec
@SolennMorgan
Le gendarme des assurances invite les
épargnants à redoubler de prudence avant
de placer leur épargne dans des contrats
d’assurance-vie. Mardi, l’Autorité de
contrôle prudentiel et de résolution (ACPR)
a mis en exergue plusieurs pratiques ayant
cours sur ce marché à 1.800 milliards d’euros
et susceptibles de réserver de mauvaises
surprises aux particuliers.
Cette mise en garde, la deuxième du genre
en quelques semaines, intervient à l’heure
où les assureurs font évoluer significati-
vement leur offre de produits d’épargne.
Confrontés à la faiblesse des taux d’intérêt, ils
encouragent les épargnants à souscrire des
contrats d’assurance-vie « en unités de
compte » (UC), notamment investis en
actions. Même si la tempête boursière liée
au coronavirus pourrait changer la donne,
cette stratégie, vue d’un bon œil par les
superviseurs, s’est révélée payante jusqu’à
peu. En témoigne la collecte historiquement
élevée de ces supports à la fin de 2019.
Contrairement aux contrats « en euros »
très prisés des Français pour leur sécurité,
ces contrats en UC ne garantissent pas à
l’épargnant qu’il retrouvera toujours sa mise
de départ. Ils ont cependant l’avantage
d’offrir un rendement potentiellement plus
attractif que les fonds en euros, dont la
rémunération a été ramenée au plancher.
Surtout, ils sont moins consommateurs de
fonds propres pour les assureurs en cette
période de taux bas. D’où la multiplication
des initiatives prises pour encourager leur
souscription.
Ainsi, des assureurs n’hésitent pas à pro-
poser des avantages financiers aux sous-
cripteurs de contrats comportant une part
significative d’UC (de 30 à 50 %). Certains
acteurs augmentent aussi les frais prélevés
aux détenteurs des contrats en euros. Or,
« compte tenu de la baisse du rendement
annuel d es fonds e uros, les frais a insi prélevés
peuvent parfois représenter l’équivalent du
rendement de plusieurs années » , prévient
l’ACPR.
Insistant sur la nécessité de comparer les
contrats, l’autorité souligne par ailleurs que
certains d’entre eux n’offrent pas une garan-
tie en capital complète. L’assureur se réserve
en effet le droit d’imputer des frais de gestion
sur les sommes censées être garanties aux
épargnants. Cette pratique, permettant aux
assureurs de réduire leurs besoins en fonds
propres, s’est répandue avec la baisse des
taux et a été, par exemple, mise en œuvre
chez Generali, Spirica ou Predica.
Tour de passe-passe
« Av ec ce tour de passe-passe, les assureurs
sont parvenus à transformer la garantie
totale du fonds en euros en garantie par-
tielle » , dénonçait l’association de défense
des consommateurs et usagers CLCV dans
une enquête récente. Et celle-ci d’appeler à
ce que l’absence de garantie soit expressé-
n
CAC 40
4.636,61 points
-1,5145 % J
DOW JONES
24 .124,62 points
1,1471 % J
EURO/DOLLAR
1,1305 $
0,1506 % n
ONCE D’OR
1.655,7 $
-1,00 45 % J
PÉTROLE (BRENT)
37,28 $
11,55 %
DEVISES EUR/GBP0,87 59 EUR/JPY1,1803EUR/CHF1,0594GBP/USD1,29 09 USD/J PY1,0443USD/CHF0,937 TAUX EONIA-0,456LIFFE EURIBOR 3 MOIS-0,468 OAT 10 ANS-0,3773T- BONDS 10 ANS0,
ASSURANCE
Air France-KLM 16
Alibaba 19
Alitalia 16
Alma 25
Alstom 30
Aramisauto.com 17
Avis 17
BNP Paribas 29
BNY Mellon 28
Crédit Agricole SA 29
Covea 30
Débutant-e AccepT 27
EasyJet 16
Europcar 17
Flybe 16
Ganymed Robotics 27
H2O 28
Hertz 17
Ikea 19
Ingenico 30
La Pataterie 21
LVMH 30
Memphis 21
Mercedes 17
Natixis 28
PSA 17
Rothschild & Co 30
Ryanair 16
Séché Environnement 20
Smart 17
Tellurian 28
Tesla 28
Vinci 30
Volkswagen 17
Volotea 16
Yes Bank 30
= LES ENTREPRISES CITÉES
l’essentiel
Johannes Eisele/AFP
L’expert en déchets dangereux
Séché décolle à l’international
Le français Séché Environnement est
passé en quelques années d’une quasi-
inexistence hors de l’Hexagone à un
quart de son activité réalisée
hors de France. Son objectif de
forte croissance d’ici à fin
2022 est confirmé en dépit
du coronavirus. // P. 20
La Pataterie remet
le couvert
Reprise à la fin 2017, la chaîne en
franchise spécialisée dans la cuisine
de la pomme de terre a fait monter en
gamme son offre et s’est offert comme
ambassadeur un chef médiatique,
Norbert Tarayre. // P. 21
Le recyclage et la réparation
des vieux jouets à un tournant
Chaque année, 120.000 tonnes de jouets
sont jetées. La loi anti-gaspillage a donné
un an de sursis à la filière pour
organiser u ne collecte. La loi est
une incitation pour les fabri-
cants à développer des lignes
de produits responsables.
// P. 22
Le coronavirus grippe
le marché du mobile
chinois
Les ventes de mobiles se sont effon-
drées de 56 % en février sur un an, chu-
tant à 6,4 millions d’unités. L’épidémie de
coronavirus en Chine aura aussi un
impact sur le marché mondial. // P. 23
Assurance-vie : les autorités appellent
les épargnants à la prudence
ment mentionnée « dans les documents
commerciaux, publicitaires et contractuels ».
De son côté, l’ACPR insiste sur le fait que
« les professionnels sont tenus de fournir à
leurs clients une information claire, y compris
sur les risques inhérents a ux contrats en unités
de compte ». Le superviseur des assurances
exige par ailleurs des professionnels qu’ils
s’adaptent au profil de leurs clients et indi-
quent sans ambiguïté que l’assurance-vie est
un produit de long terme, avec un horizon de
placement de huit ans au minimum, compte
tenu de son régime fiscal spécifique.n
Le superviseur des assurances a invité mardi les épargnants à bien comparer les conditions des contrats d’assurance-vie
pour ne pas avoir de mauvaises surprises. Photo Getty Images
Julien Dupont-Calbo
@jdupontcalbo
Il aura fallu un nouveau SUV rouge et
un peu moins de dix-sept ans à Tesla
pour franchir l e cap symbolique du mil-
lion de voitures produites. Elon Musk,
le patron du constructeur californien
de véhicules électriques, aura donc
échoué à surpasser Henry Ford.
L’homme qui, un siècle auparavant,
avait mis seulement douze ans pour
faire la même chose, entre 1903 et 1915.
La millionième Ford est sortie de la
ligne de Rivière rouge, dans la banlieue
de Détroit, un matin d’hiver, le
10 décembre.
A l’époque, le marché automobile
était certes bien moins concurrentiel
qu’aujourd’hui, mais il fallait surtout
tout inventer. C’est bien Henry Ford qui
a défini la manière d’assembler une voi-
ture et de faire une usine automobile.
D’ailleurs, tous ceux qui voulaient
savoir comment il pouvait réaliser ses
miracles faisaient le voyage à Détroit
pour le voir à l’œuvre – André Citroën,
Armand Peugeot et Louis Renault
n’étant pas les derniers à le faire.
Du sang et des larmes
Po ur rappel, Peugeot a sorti de l’usine
de Sochaux son millionième véhicule
estampillé du lion en 1952, 56 ans après
sa création dans le Doubs. En Allema-
gne, l’actuel numéro un mondial de
l’automobile Volkswagen a accompli
l’effort en 17 ans, entre 1938 et 1955. La
millionième? Une Coccinelle, forcé-
ment. Au Japon, Toyota a mis un quart
de siècle pour passer la marche.
Chez Tesla, le premier modèle était
sorti d’usine en 2008, c’était le petit
Roadster. Douze ans plus tard, le cons-
tructeur de voitures électriques peut
compter sur sa nouvelle usine de Shan-
ghai pour viser un objectif de
500.000 voitures produites en 2020,
soit 36 % de plus qu’en 2019 – si les com-
mandes sont au rendez-vous. Elon
Musk p ourra également compter d’ici à
quelques trimestres sur une nouvelle
usine, en Europe cette fois, dans la
région de Berlin plus précisément.
Actionnaire depuis 2 004, E lon Musk n’a
véritablement pris le contrôle et les
commandes de ce qui n’était alors qu’un
petit constructeur qu’en 2008. La pro-
duction d’abord faible s’est accélérée en
particulier depuis cinq ans.
La montée en cadence de Tesla n’a
pas été une partie de plaisir. Le groupe a
pu être confronté à certains problèmes
de qualité, et le lancement de la Model 3
fut un calvaire – au grand plaisir des
concurrents installés. Dans cette
affaire, Elon Musk avait fait l e pari d ’une
robotisation à outrance, un pari raté.
« C’était une erreur, la mienne. Les hom-
mes sont sous-évalués », avait-il tweeté
en avril 2018.n
Tesla passe
la barre
du million
de voitures
AUTOMOBILE
La montée en cadence
de Tesla n’a pas été
une partie de plaisir.
Le groupe a pu être
confronté à certains
problèmes de qualité,
et le lancement de la
Model 3 fut un calvaire.
chaque jour dans le marché monétaire.
Une réaction jugée insuffisante par Donald
Trump, déterminé à soutenir l’économie
américaine et Wall Street, dont la bonne
santé est l’un de ses arguments de campa-
gne. Le président américain a exhorté la
Réserve fédérale américaine (Fed) à être
« un leader » au lieu de suivre tardivement
le mouvement de ses homologues.
De mesures « majeures »
Cet accès de colère du locataire de la
Maison-Blanche intervient donc au len-
demain d’un lundi noir historique sur
les places boursières mondiales. Les
investisseurs semblent attendre une
réponse coordonnée des Etats à la crise
sanitaire et économique provoquée par
l’épidémie de Covid-19.
Les marchés espèrent, en particulier, les
mesures « majeures » que Donald Trump
a promis d’annoncer dans la journée. Ils
guettent également des annonces des ban-
ques centrales, notamment une nouvelle
baisse des taux par la Fed lors de sa réu-
nion de politique monétaire la semaine
prochaine. La Banque du Japon se tient
prête à agir et la Banque centrale euro-
péenne (BCE) pourrait déployer jeudi
un éventail de mesures, inédites pour
certaines. — Les Echos avec agences
Coronavirus : Trump s’en
prend de nouveau à la Fed
Jamais avare de tweets rageurs contre
le président de la banque centrale amé-
ricaine Jerome Powell, Donald Trump
a récidivé mardi, alors que le rebond des
marchés traumatisés par l’épidémie de
coronavirus tournait court à Wall Street.
« Notre Réserve fédérale minable et lente,
dirigée par Jay Powell, qui a relevé les taux
trop rapidement et [les a] baissés trop tard,
devrait ramener notre taux directeur aux
niveaux de ceux de nos pays concurrents »,
a tempêté le président américain sur
le réseau social.
Ces pays « ont maintenant un avantage
allant jusqu’à deux points, et leur monnaie
les aide e ncore plus », a-t-il déploré. La Fed a
en effet annoncé la semaine dernière une
baisse surprise de son taux directeur de
0,50 point (dorénavant entre 1 et 1,25 %),
le maintenant toutefois à un niveau plus
élevé que ceux des autres pays. En Europe,
le principal taux de la Banque centrale
européenne (BCE) est en effet à zéro tandis
que celui frappant les dépôts confiés par
les banques est déjà négatif, à – 0,50 %.
La Fed a également promis lundi
de porter à au moins 150 milliards de dol-
lars quotidiens les montants qu’elle injecte
BANQUE CENTRALE