2,5 %, à 4,85 millions. Rien à voir
avec le retrait, en fin d’année der-
nière, de l’actionnaire chinois
d’ATB, Casil Europe, au profit du
français Eiffage. La direction de
l’aéroport avance plusieurs rai-
sons pour expliquer cette mau-
vaise performance. D’abord, les
incertitudes générées par le Brexit
ont pesé sur le trafic avec Londres,
en recul de 3,3 % en 2019. Ensuite,
l’offre de sièges globale a diminué
de 0,3 % quand, les années précé-
dentes, les compagnies à bas coûts
easyJet, Ryanair et Volotea avaient
multiplié les destinations. Et
l’ouverture à l’automne par Rya-
nair d’une base et de 11 nouvelles
lignes n’aura pas permis de rattra-
per le retard accumulé.
Effet Brexit
Pa r ailleurs, la moindre croissance
du trafic domestique tient à « la
concurrence nouvelle de la SNCF
avec les TGV Ouigo depuis l’été 2019,
sur le segment Toulouse-Orly » ,
explique le président du directoire
d’ATB, Philippe Crébassa. Ce der-
nier évoque aussi les travaux
menés à l’aéroport d’Orly. Ils ont
perturbé son trafic qui a baissé l’an
dernier. La « navette » entre l’aéro-
port francilien et ATB reste néan-
moins la ligne la plus fréquentée
d’Europe avec 2,2 millions de pas-
sagers, malgré une baisse de 2,8 %.
La liaison avec Charles-de-Gaulle
a, elle, fait un bond de 10,3 % et
frôle le million de passagers.
L’aéroport a aussi été impacté
par les grèves de la navigation
aérienne.
Air France est redevenue l’an
dernier la première compagnie à
Toulouse, avec 2,68 millions de
passagers, grâce à une progres-
sion record du nombre de passa-
gers de 11,6 %. Stable à 0,3 %, easy-
Jet suit, à 2,52 millions, Ryanair
plus loin, à 870.800 en hausse de
2,6 %, tandis que Lufthansa, à
531.160, a crû de 4,7 %. Les compa-
gnies low cost ont formé 43,4 % du
trafic toulousain, en progression
d’un point. Cette activité étale n’a
pas empêché le chiffre d’affaires
d’ATB d’augmenter de 6 % sur
l’exercice 2019, à 160,6 millions
d’euros. L’excédent brut d’exploita-
tion (Ebitda) a fait un bond de 13 %,
à 62 millions. Une performance
attribuée notamment au boom
des recettes commerciales, en
hausse de 26 %, du fait du double-
ment des boutiques, à l’initiative
de l’ancien actionnaire chinois
Casil Europe. Les revenus immo-
biliers ont augmenté de 7 %, du fait
de l’ouverture de l’hôtel NH et la
construction d’un quatrième hall
de peinture d’avion loué à Sabena
Technics.
Agrandissement
Po ur 2020, l’aéroport s’agrandit en
aménageant un parking avion au
nord et ouvrira une nouvelle salle
d’embarquement à pied d’ici à
avril. En juin, Air Canada lancera
une ligne régulière Toulouse-
Montréal, avec cinq vols par
semaine. Quant aux compagnies à
bas coûts, elles devaient ouvrir
une dizaine de nouvelles destina-
tions au printemps, mais l’épidé-
mie de coronavirus pourrait tout
changer. « Nous n’avons pas relevé
d’effet sur le trafic jusqu’à fin février
mais plusieurs dizaines de vols ont
été annulés en mars et on voit le tra-
fic baisser » , reconnaît Philippe
Crébassa. Le président du direc-
toire d’ATB s’attend « à un impact
majeur dans les trois prochains
mois si la France passe au stade 3 de
l’épidémie. » Il faudra aussi gérer la
baisse des ressources pour les
acteurs de la plateforme.n
Le trafic de Toulouse-Blagnac a stagné l’an dernier
Laurent Marcaillou
— Correspondant à Toulouse
C’est un retournement de ten-
dance. Après avoir augmenté de
28 % entre 2015 et 2018, le trafic de
l’aéroport de Toulouse-Blagnac
(ATB) a quasiment stagné en 2019,
affichant une très légère baisse de
0,1 % sur un an, à 9,62 millions de
passagers. Une activité nettement
en deçà de celle de la moyenne des
aéroports français, en hausse de
4 % l’an dernier. En conséquence,
l’aéroport de Marseille Provence
repasse devant ATB, comme cin-
quième plateforme aéroportuaire
française.
A Toulouse, le trafic internatio-
nal a reculé de 2 % en 2019, à
4,75 millions de passagers, quand
le trafic domestique a progressé de
Après une hausse de 50 %
du nombre de passagers
en neuf ans, le trafic de
l’aéroport de Toulouse
a marqué le pas en 2019.
Les vols internationaux
ont reculé, tandis que la
navette avec Paris-Orly a
été touchée par la concur-
rence du TGV Ouigo.
Adrien Lelièvre
@Lelievre_Adrien
A l’image des grands acteurs du
secteur aérien, Air France-KLM est
rattrapé en plein vol par la crise du
coronavirus. Le groupe aérien fran-
co-néerlandais a transporté un peu
moins de 7 millions de passagers en
février 2020, soit 0,5 % de moins
qu’il y a un an sur la même période.
Ce chiffre reflète « l’impact de
l’annulation de tous les vols de et vers
la Chine e t l’impact initial d u
Covid-19 en Asie » , précise le groupe
dans un communiqué. Au total, le
nombre de passagers transportés
vers l’Asie a reculé de près de 25 %
en février.
Le pire est à venir
Mais le pire est à venir. « Les pro-
chains mois seront plus fortement
impactés du fait de l’expansion du
Covid-19 dans d’autres régions du
monde et d’une réduction plus
importante des capacités » , indique
Air France-KLM. Dans le détail, le
groupe prévoit d’annuler 3.600 vols
en mars 2020. Les capacités de vol
vont être réduites de 13 % sur le
réseau longue distance, de 25 % sur
le réseau européen et de 17 % sur le
réseau domestique. KLM prévoit de
réduire ses opérations long-cour-
riers à un niveau similaire.
Une facture salée
Alors que l’OMS évoque désormais
le risque d’une pandémie, le groupe
dirigé par Benjamin Smith assure
suivre « l’évolution de la situation au
quotidien » et être prêt à faire « des
ajustements complémentaires » si
nécessaire.
La facture promet d’être salée
pour les acteurs du secteur. La
perte de chiffre d’affaires pour les
compagnies aériennes en 202 0
pourrait se situer entre 63 et
113 milliards de dollars, selon la der-
nière estimation de l’association du
transport aérien international
(IATA), dont les prévisions finan-
cières font référence. Le chiffre de
113 milliards est basé sur l’hypo-
thèse d’une pandémie mondiale
n’épargnant aucune destination. Or
ce scénario prend de plus en plus
d’épaisseur. L’épidémie a déjà préci-
pité la faillite de la compagnie
aérienne britannique Flybe la
semaine dernière, tandis que
Lufthansa a annoncé clouer au sol
plus d’une centaine d’avions.
Si l’épidémie continue à semer
l’effroi, d’autres compagnies aux
finances fragiles, à commencer par
Alitalia, pourraient être sérieuse-
ment menacées.n
AÉRIEN
Le groupe franco-
néerlandais
a transporté moins
de passagers
en février 2020 par
rapport à l’an dernier.
Il prévoit d’annuler
ce mois-ci un quart
de ses vols en Europe.
Air France-KLM va annuler 3.600 vols en mars
lLes aéroports de France vont plaider cette semaine leur cause auprès du gouvernement, alors que le trafic
chute brutalement de 20 % depuis le début du mois de mars.
lUn coup d’arrêt brutal imputable à l’épidémie de Covid-19 après une année 2019 record.
Coronavirus : alerte rouge
dans les aéroports de France
Les réservations à l’international de vols en direction de l’Europe se sont effondrées de plus de 70 % ces derniers jours. Photo Alain Jocard/AFP
Anne Bauer
@annebauerbrux
Quel paradoxe! Après avoir encore
enregistré un nouveau record de
fréquentation l’an dernier avec
214,2 millions de passagers com-
merciaux transportés, soit 3,8 % de
plus qu’en 2018, les aéroports fran-
çais appellent maintenant le gou-
vernement à l’aide. Ce mercredi
11 mars, le secrétaire d’Etat aux
Transports, Jean-Baptiste Djebbari,
doit rencontrer des représentants
de l’Union des aéroports français
(UAF). Ils auront une première
demande urgente : l’annulation du
renforcement, depuis le 1er jan vier
dernier, de la taxe sur la solidarité
imposée aux compagnies aérien-
nes. De quoi augmenter la facture
d’au moins 60 millions d’euros sur
le trafic aérien en France.
Or, dans le même temps, alors
que la baisse du trafic en février
apparaissait circonscrite à quelques
zones à risque, comme la Chine ou
la Corée du Sud, depuis le début de
mars, le secteur aérien dévisse dans
son ensemble. « La diminution du
nombre d e passagers atteint 20 % glo-
balement pour tous les aéroports
français et cela pourrait s’aggraver » ,
a déclaré le président de l’UAF, Tho-
mas Juin, lors d’une conférence de
presse mardi. « La situation est
d’autant plus critique que cela arrive
au printemps, la période de l’année
où traditionnellement la demande
aérienne augmente. Il n’y aura donc
pas de possibilité de rattrapage et on
peut s’inquiéter de nouvelles faillites
dans le transport aérien » , a-t-il
averti. Et d’ajouter que les réserva-
tions à l’international de vols en
direction de l’Europe s’effondrent de
plus de 70 % ces derniers jours.
Pa s de vols fantômes
En revanche, Thomas J uin a
démenti que des avions volent à
vide, comme le laissent croire des
photos de carlingues vides sur les
réseaux sociaux. « V oler sans passa-
ger coûte une fortune et les compa-
gnies aériennes n’ont actuellement
qu’une idée en tête : sauver leur tréso-
rerie » , a-t-il commenté. Si certains
TRANSPORTS
avions s’avèrent effectivement peu
remplis dans un sens (Paris-Rome
par exemple), ils sont souvent bien
plus pleins dans l’autre (Rome-Pa-
ris). La règle européenne dite du
80/20 impose, i l est v rai, aux c ompa-
gnies d’utiliser au moins 80 % de
leurs créneaux horaires de décol-
lage et d’atterrissage dans les aéro-
ports européens, sous peine de les
perdre au profit d’un concurrent
l’année suivante. C’est pourquoi cer-
taines compagnies pourraient être
tentées par des « vols fantômes ».
Toutefois, les ministres des Trans-
ports européens devraient suspen-
dre dans les jours qui viennent cette
règle, au moins provisoirement,
comme ils l’avaient déjà fait lors de
crises précédentes, après l’épidémie
du SRAS ou la crise financière de
2008.
En France, les aéroports
emploient quelque 200.000 person-
nes, qu’elles soient sur les pistes,
dans les boutiques, les tours de con-
trôle... D ans l’immédiat, s elon l ’UAF,
les aéroports ne devraient recourir
au chômage partiel, mais plutôt
reporter les multiples embauches
saisonnières qui démarrent le plus
souvent en avril. La profession va
plaider auprès du ministre de l’Eco-
nomie, Bruno Le Maire, pour de
classiques reports de charges socia-
les et fiscales, afin de protéger le sec-
teur. Par ailleurs, l’Union des aéro-
ports français a répété que ses
membres appliquaient strictement
les consignes données par les auto-
rités de santé, et que si elles ne pre-
naient pas la température des pas-
sagers c’est parce qu’on ne le lui
avait, pour l’heure, pas demandé.
Enfin, l’UAF a vivement protesté
contre les attaques menées par
divers écologistes contre le trans-
port aérien. « Toutes les études
sérieuses montrent que le transport
aérien émet de 2 à 3 % du CO 2 mon-
dial, mais les Français croient à la
suite de ces campagnes que c’est bien
davantage » , regrette l’o rganisation
professionnelle. Toutefois, ces criti-
ques n’ont, pour l’heure, pas ralenti
la croissance du trafic, sauf en
Suède. Néanmoins, la profession,
des constructeurs aéronautiques
aux compagnies en passant par les
aéroports, va réagir et communi-
quer cette année sur ses efforts de
réduction d’é missions. Elle rappel-
lera aussi l’impossibilité de rempla-
cer l’avion par le train dans de très
nombreux cas de figure.n
En France,
les aéroports
emploient quelque
200.000 personnes.
1.967.
VOLS
Les aéroports français et
d’outre-mer ont enregistré près
de 2 millions de vols en 2019,
soit une hausse de 1,5 % pour
une croissance supérieure du
nombre de passagers à 3,8 %.
ENTREPRISES
Mercredi 11 mars 2020 Les Echos