Le Monde - 21.02.2020

(Grace) #1

6 |international VENDREDI 21 FÉVRIER 2020


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La mobilisation pour le droit


à l’IVG relancée en Argentine


Le président Alberto Fernandez doit présenter un projet de loi le 1
er
mars

buenos aires ­ correspondante

L

a place du Congrès, à
Buenos Aires, s’est à nou­
veau teintée de vert, la
couleur symbole du droit
à l’avortement, mercredi 19 fé­
vrier. Deux ans jour pour jour
après la manifestation qui avait
marqué le début d’une immense
mobilisation pour le droit à l’in­
terruption volontaire de gros­
sesse (IVG) en Argentine, des di­
zaines de milliers de militantes
sont revenues devant le Parle­
ment exiger « Que sea ley » (que
cela devienne une loi).
« Les avortements clandestins
représentent l’une des principales
causes de mortalité maternelle en
Argentine, dénonce Julieta de
Brito, médecin généraliste de
37 ans venue manifester avec son
bébé d’un an et demi. Les considé­
rations morales n’ont pas leur
place dans ce débat au sujet d’une
question de santé publique. »
Selon le ministère de la santé,
près de 355 000 femmes avortent
clandestinement chaque année
en Argentine, et une cinquan­
taine en décèdent.
« Je ne veux plus qu’aucune
femme meure à cause d’un avorte­
ment », déclarait au Monde le pré­
sident Alberto Fernandez le 8 fé­
vrier. Elu fin octobre 2019, il est le
premier chef d’Etat argentin à se
prononcer en faveur de la légalisa­
tion de l’IVG. Un projet de loi pré­
paré par son gouvernement sera
présenté dans les prochaines se­
maines au Congrès – l’ouverture
des sessions parlementaires est
prévue le 1er mars. Son prédéces­
seur, le libéral Mauricio Macri,
était personnellement contre,
mais il avait déclaré qu’il respecte­
rait le choix du Congrès en 2018.
Cette année­là, après des mois
de débats, la Chambre des dépu­
tés avait approuvé en juin une
proposition de loi légalisant l’IVG,
mais le texte avait ensuite été re­
jeté – à sept voix près – par les
sénateurs. « Cela a été un moment
très triste, témoigne Sofia Mora,
19 ans, qui avait passé la nuit du
8 au 9 août 2018 devant le
Congrès, à attendre le résultat du
vote au Sénat. Mais, même si les

sénateurs ont voté contre, on a
senti que la rue disait autre chose.
Nous revoilà aujourd’hui, et cette
fois, je sens que la loi va passer! »
La moitié des sièges de députés
et un tiers de ceux de sénateurs
ont été renouvelés lors des élec­
tions générales d’octobre 2019. Au
sein de la Chambre des députés,
les partisans du droit à l’IVG
continuent d’être majoritaires.
Chez les sénateurs, bien que leur
nombre ait légèrement pro­
gressé, ils restent toujours, pour
l’heure, minoritaires.
« Ce qui peut influencer le vote
au Sénat, c’est la relation que
M. Fernandez entretient avec les
gouverneurs des provinces argen­
tines, analyse Alba Ruibal, cher­
cheuse en sciences politiques au
Centre national de recherches
scientifiques et techniques (Coni­
cet). Le président va avoir un tra­
vail politique intense à mener,
mais il n’aurait pas lancé ce projet
s’il n’était pas sûr qu’il puisse être
approuvé. » En cas d’égalité des
voix, la vice­présidente, Cristina
Fernandez de Kirchner (ancienne
chef d’Etat de 2007 à 2015),
qui exerce également la prési­
dence du Sénat, trancherait en fa­
veur de la légalisation.

Panorama plus favorable
« Un projet porté par le pouvoir
exécutif peut convaincre davan­
tage de législateurs. Avoir la vo­
lonté politique du gouvernement
est essentiel », signale Victoria
Tesoriero, membre de Catholiques
pour le droit de décider, l’une des
organisations faisant partie de la
Campagne nationale pour le droit
à l’avortement légal, sans risques

et gratuit, un collectif de 500 ONG.
En 2019, plus de 70 parlementaires
ont soutenu le dépôt d’une nou­
velle proposition de loi pour la lé­
galisation de l’IVG. Ce texte, rédigé
par la Campagne – le huitième
en l’espace de quatorze ans –, n’a
pas eu le temps d’être débattu l’an
dernier, en raison des élections gé­
nérales d’octobre. « J’espère que le
projet du gouvernement reprendra
les propositions de la Campagne »,
glisse Victoria Tesoriero.
Face à ce panorama politique
plus favorable aux défenseurs de
l’IVG, les anti­avortement, rassem­
blés derrière le slogan « Salvemos
las dos vidas » (« Sauvons les deux
vies », sous­entendu celle de la
femme enceinte et celle du fœtus)
et arborant volontiers des fou­
lards bleu ciel, mobilisent aussi
leurs troupes. « Nous nous prépa­
rons à de nouveaux longs débats »,
explique la sénatrice Silvia Elias de
Pérez, de l’Union civique radicale,
fermement opposée à l’avorte­
ment, même en cas de viol. « L’Etat
ne devrait pas garantir la possibi­
lité d’en finir avec la vie de celui qui
n’est pas désiré. Au contraire, je
crois que l’Etat doit toujours proté­
ger le plus faible, celui qui ne peut se
défendre seul », affirme­t­elle.

L’Eglise catholique, très in­
fluente dans le pays d’origine du
pape François, a appelé les mili­
tants « provida » (pro­vie) à se ras­
sembler le 8 mars, Journée inter­
nationale des droits des femmes,
à Lujan, ville située à une heure de
route de Buenos Aires. Pour Victo­
ria Tesoriero, « l’Eglise devrait se
montrer à la hauteur de l’histoire
et des nouvelles demandes socia­
les, en particulier celles venant du
féminisme. La posture de la hiérar­
chie catholique est toujours aussi
rétrograde », déplore­t­elle.

« Influence » des évangéliques
L’analyste politique Alba Ruibal
constate qu’« une conséquence de
l’ouverture du débat sur l’avorte­
ment et de cet élan inédit du
mouvement féministe a aussi été
de voir le contre­mouvement se
renforcer à son tour. Certains
sujets ont commencé à être remis
en question, comme l’éducation
sexuelle à l’école. Les groupes
évangéliques ont aussi acquis un
rôle important ces dernières an­
nées et ont gagné en influence sur
le pouvoir politique ». En octobre,
la vidéo d’un pasteur évangélique
bénissant Mauricio Macri avant
un meeting de campagne avait
circulé sur les réseaux sociaux,
provoquant l’incrédulité de
milliers d’internautes.
En Argentine, les demandes
d’avortements légaux, unique­
ment autorisés en cas de viol ou si
la grossesse présente un danger
pour la santé de la femme en­
ceinte, ne sont pas toujours res­
pectées, notamment dans les pro­
vinces les plus conservatrices du
pays où les médecins invoquent
régulièrement leur clause de
conscience. En 2019, l’affaire
Lucia, une fillette de 11 ans en­
ceinte à la suite d’un viol et forcée
à accoucher par césarienne, avait
choqué l’opinion publique et re­
lancé le débat sur l’accès à l’avor­
tement. Le 14 février, le violeur de
Lucia a été condamné à dix­
huit ans de prison. Mercredi, de­
vant le Congrès, de nombreuses
manifestantes arboraient des
pancartes « Niñas, no madres »
(« Des enfants, pas des mères »).
aude villiers­moriamé

Vladislav Sourkov, l’éminence grise de Poutine, quitte le Kremlin


Ce faucon avait préparé les soulèvements dans l’est de l’Ukraine, après avoir contribué à asseoir le régime autocratique du président russe


moscou ­ correspondant

P


lus que son départ, dans
l’air depuis plusieurs se­
maines, c’est le moment
choisi pour l’annoncer qui inter­
roge. Vladislav Sourkov, conseiller
historique de Vladimir Poutine,
qui supervisait le dossier ukrai­
nien au sein de l’administration
présidentielle russe, a quitté ses
fonctions, mardi 18 février, au soir
d’affrontements dans le Donbass
parmi les plus durs de ces derniè­
res années. Faut­il y voir une vo­
lonté du Kremlin de dire son mé­
contentement face aux violences
des rebelles prorusses de la région
et son envie d’adopter une ligne
plus souple dans la crise ukrai­
nienne? C’est en tout cas ce que
veut croire Kiev, où le profil de son
successeur, Dmitri Kozak, est
perçu comme plus conciliant,
quand Sourkov était réputé ap­
partenir au camp des faucons.
En vingt ans de carrière, il aura
profondément marqué de son
empreinte la vie politique russe,
bien au­delà du dossier ukrainien.
A 55 ans, il aura probablement en­
core l’occasion de le faire, mais

son destin s’écrit désormais hors
des murs du Kremlin. Son départ,
en même temps que l’arrivée
auprès du président d’un nombre
croissant de quadragénaires, mar­
que la fin d’une époque.
Sourkov restera probablement
dans l’histoire comme l’homme
des premiers mandats de M. Pou­
tine, ceux de la consolidation du
pouvoir présidentiel sur fond de
boom économique. C’est lui qui
offrit au poutinisme naissant sa li­
gne directrice, le concept de « dé­
mocratie souveraine » qui allait
guider l’action du président pen­
dant au moins huit ans. Compren­
dre : une démocratie dans laquelle
le contrôle importe plus que le dé­
bat, et dans laquelle les actions
des fonctionnaires comme celles
des représentants de la société ci­
vile doivent être encadrées dans
une stricte « verticale du pouvoir ».

Caméléon
Pour donner du souffle à ce sys­
tème, il alla jusqu’à inventer de
toutes pièces une opposition,
avec la création d’un parti natio­
naliste, Patrie, et un parti de « cen­
tre gauche », Russie juste, qui exis­

tent jusqu’à présent. Il en sera de
même de Nachi, un mouvement
de jeunesse pro­Poutine conçu
aussi comme une arme face à une
éventuelle révolution de couleur.
Eminence grise plus qu’idéolo­
gue, Sourkov s’impose comme le
maître d’un monde dans lequel la
politique est affaire de « technolo­
gies » et le despotisme sait se faire
glamour. Un monde post­mo­
derne qui annonce l’ère de la post­
vérité, où la télévision assure le
spectacle. « Le pays est une dicta­
ture le matin, une démocratie à
midi, une oligarchie au dîner... Et
Sourkov est toujours au centre de
la scène, sponsorisant des skin­
heads un jour, soutenant des dé­
fenseurs des droits de l’homme le
lendemain », écrit le journaliste
Peter Pomerantsev dans son livre
Rien n’est vrai mais tout est possi­
ble (éditions Saint­Simon, 2015).
L’homme est un caméléon


  • « démocrate sous Eltsine, auto­
    crate avec Poutine », dira l’oppo­
    sant Boris Nemtsov, assassiné
    en 2015 –, et ce d’autant plus qu’il
    entretient le mystère sur sa propre
    vie. Ses origines tchétchènes n’ont
    ainsi jamais été officiellement


confirmées, et il n’accorde quasi­
ment aucune interview.
On sait seulement qu’après des
études dans la culture, et avant de
se mettre au service du Kremlin,
en 1999, il fit ses débuts aux côtés
de Mikhaïl Khodorkovski, l’oligar­
que du pétrole dont M. Poutine
fera, dès 2003, la victime expia­
toire de sa mise au pas du pays.
Esprit libre, il affiche dans son
bureau des portraits de Che
Guevara et du rappeur Tupac
Shakur, écrit des poèmes... Il est
aussi considéré comme l’auteur,
sous pseudonyme, en 2010, d’un
livre de science­fiction, Proche
de zéro, dans lequel des maisons
d’édition s’affrontent à l’arme

lourde et où le cynisme tient lieu
de valeur cardinale.
Entre 2008 et 2012, il rejoint
l’équipe du président Dmitri Med­
vedev. Sourkov semble bien s’ac­
commoder de la légère inflexion
libérale du nouveau président. Il
monte en grade, devient vice­pre­
mier ministre. Au point que Pou­
tine, une fois de retour au pouvoir,
le soupçonnera d’avoir cherché à
pousser Medvedev à ne pas rendre
le fauteuil qu’on lui avait confié.
Résultat, Sourkov est mis sur la
touche après 2012, chargé de la su­
pervision des territoires séparatis­
tes géorgiens d’Abkhazie et d’Os­
sétie du Sud. Au Kremlin, sans lui,
la gestion se fait plus sage : on in­
siste sur la stabilité et les mythes
historiques, appelés à combler les
vides criants de la démocratie Po­
temkine à la Sourkov. Les « mana­
geurs » et les bureaucrates­klepto­
crates qui doivent tout à Poutine
sont aux commandes.
Sa traversée du désert prend fin
à la faveur de la crise ukrainienne.
Des documents obtenus en 2016
par des hackers ukrainiens, les
« Surkov Leaks », montrent qu’il
est à la manœuvre dès la fin 2013,

avant la fin de la révolution de
Maïdan, pour préparer des soulè­
vements dans l’est de l’Ukraine.
La Russie y tire les ficelles dans
l’ombre, jouant sur les peurs,
manipulant les uns et les autres


  • tout ce à quoi Sourkov excelle.
    L’opération ne sera qu’un demi­
    succès : seule une portion du
    Donbass se révolte, au printemps
    2014, et il faudra l’intervention de
    l’armée russe pour sauver cette
    rébellion. Sourkov restera tout de
    même le curateur des Répu­
    bliques séparatistes autoprocla­
    mées. On le dit, à Kiev comme à
    Moscou, partisan d’une ligne
    dure, opposé aux compromis. Le
    conflit fait plus de 13 000 morts.
    Parallèlement, Sourkov re­
    trouve ses habits de théoricien. En
    février 2019, il publie un texte re­
    marqué, dans lequel il avance une
    idée audacieuse : le poutinisme
    survivra à Poutine, « idéologie du
    futur » plus efficace et plus en
    phase avec les aspirations du peu­
    ple que le libéralisme à l’occiden­
    tale. Le sourkovisme (l’expression
    fut employée) semble lui aussi
    promis à un grand avenir.
    benoît vitkine


Sourkov offrit
au poutinisme
naissant sa ligne
directrice,
le concept
de « démocratie
souveraine »

« Nous revoilà
aujourd’hui,
et cette fois,
je sens que la loi
va passer »
SOFIA MORA
manifestante âgée de 19 ans

Colombie : l’avortement devant les juges


En Colombie, les pro et les anti-choix ont à nouveau les yeux rivés
sur la Cour constitutionnelle. Il y a treize ans, une décision du
haut tribunal dépénalisait l’interruption volontaire de grossesse
(IVG) en cas de malformation du fœtus, de viol ou de danger pour
la santé de la femme enceinte. Saisis par une militante anti-IVG,
les magistrats planchent à nouveau sur le sujet. Le rapporteur,
Alejandro Linares, a créé la surprise en déposant, mercredi 19 fé-
vrier, un projet de texte qui prévoit de dépénaliser totalement
l’avortement jusqu’à la seizième semaine de grossesse. Tollé
à droite. Le président Ivan Duque a manifesté son désaccord. Son
mentor, l’ex-président Alvaro Uribe, demande un référendum.

Israël : Nétanyahou sera


jugé à partir du 17 mars


La comparution du premier ministre est
prévue deux semaines après les législatives

jérusalem, correspondant

L’


audience sera brève, for­
melle, mais seule la pho­
tographie compte. Elle
sera dévastatrice. Le 17 mars, le
premier ministre israélien,
Benyamin Nétanyahou, devra se
rendre à la cour de district de Jéru­
salem, située à une vingtaine de
minutes en voiture de sa rési­
dence : il y entendra lecture de
son acte d’accusation, au premier
jour de son procès pour corrup­
tion, fraude et abus de confiance.
Cette comparution est prévue
deux semaines après les élections
législatives du 2 mars, les troisiè­
mes depuis avril 2019. Elle devrait
pourtant avoir peu d’effet sur la
campagne électorale, qui ne s’est
pas interrompue depuis le der­
nier scrutin, en septembre. L’accé­
lération du processus judiciaire a
contribué à effacer la majorité de
M. Nétanyahou. Mais son opposi­
tion est trop divisée : il demeure
un partenaire incontournable de
toute coalition de gouvernement.
Sa prestation à Washington, fin
janvier, lors du dévoilement de la
« vision » de Donald Trump
pour une « paix » israélo­palesti­
nienne, ne l’a pour autant pas fait
progresser dans les sondages.
Si M. Nétanyahou arrive en tête
du scrutin, le président, Reuven
Rivlin, peut lui confier la tâche de
mener les négociations entre par­
tis. Mais son procès promet de ré­
duire ses marges de manœuvre.
Sur le banc des prévenus, le pre­
mier ministre aura à admettre sa
culpabilité ou à rejeter une à une
chaque charge portée contre lui,
dans trois affaires distinctes. Il fera
face à trois juges, dont la première,
Rivka Friedman­Feldman, a déjà
participé à la condamnation de
son prédécesseur, Ehoud Olmert,
pour des faits de corruption.
M. Nétanyahou, qui risque
dix ans de prison, a échoué en
janvier à obtenir une immunité
du Parlement. L’ouverture de son
procès le soumet désormais au
calendrier judiciaire : il dispose de
peu de moyens pour faire traîner
la procédure. « M. Nétanyahou
peut avoir à voyager à l’étranger, il
peut tomber malade... Mais sa ca­
pacité à repousser l’échéance sera

désormais extrêmement limitée »,
note Gad Barzilai, ancien doyen
de la faculté de droit de Haifa.
Les députés du Likoud ne ces­
sent de le rappeler : la loi n’inter­
dit pas à M. Nétanyahou de conti­
nuer à diriger le gouvernement
jusqu’à une éventuelle condam­
nation finale en appel, devant la
Cour suprême, ce qui peut pren­
dre plusieurs années. Pour leur
part, ses alliés ultraorthodoxes et
de la droite ultranationaliste et
messianique ont renouvelé la se­
maine dernière leur serment d’al­
légeance au premier ministre.

Mise en garde discrète
Ces chefs de parti se sont engagés
à ne pas négocier séparément
avec l’opposition en vue de for­
mer un gouvernement. Peuvent­
ils se permettre de faire durer le
blocage, au risque de provoquer
un quatrième scrutin? Depuis des
mois, les ultraorthodoxes met­
tent discrètement M. Nétanya­
hou en garde : il leur importe
qu’un gouvernement soit formé
pour voter le budget annuel ; sans
quoi les financements alloués à
leurs écoles religieuses se tariront
dès la fin juillet. C’est là pour eux
une question cruciale.
Un accord de partage du pouvoir
incluant M. Nétanyahou avait été
envisagé après les élections de sep­
tembre. Mais l’ouverture de son
procès efface cette perspective,
son principal opposant, l’ancien
chef d’état­major Benny Gantz
avait promis de ne pas siéger au
gouvernement avec un Nétanya­
hou inculpé. Il a aussi refusé la
proposition que lui lançait le pre­
mier ministre de l’affronter lors de
trois débats télévisés, à l’améri­
caine. Il a préféré le renvoyer à sa
confrontation avec ses juges.
M. Nétanyahou conserve cepen­
dant un bastion au Likoud. Les pri­
maires de décembre 2019 y ont
raffermi sa prise. S’il parvient à te­
nir ses éventuels successeurs, il
pourrait désigner les futurs minis­
tres d’un gouvernement de coali­
tion, et conserver à travers eux un
droit de veto sur toute avancée lé­
gislative, y compris sur le budget.
Il préserverait ainsi sa capacité à
revenir un jour aux affaires.
louis imbert
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