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MARDI 17 MARS 2020 coronavirus| 13
La stratégie contestée
du RoyaumeUni contre le virus
Le gouvernement espère que la population va s’immuniser d’ellemême
londres correspondante
L’
Italie, la France, l’Espa
gne, la Belgique ou le
Danemark sont désor
mais à l’arrêt. Ecoles,
cafés, commerces non essentiels
ont fermé. L’Allemagne boucle
ses frontières, comme l’Autriche,
et bien d’autres, pour freiner la
pandémie et éviter l’effondre
ment de leurs systèmes natio
naux de santé. Rien de tel au
RoyaumeUni dimanche 15 mars,
où les deux seuls conseils donnés
par le gouvernement étaient en
core : lavezvous les mains et iso
lezvous sept jours si vous avez les
symptômes du coronavirus. Mais
à quoi joue Boris Johnson? Les
critiques n’ont cessé d’enfler ces
derniers jours contre le premier
ministre, à mesure que se
brouillait la communication ve
nue de Downing Street.
Vendredi matin, Patrick
Vallance, le conseiller scientifique
en chef (chief scientific advisor) du
gouvernement, a détaillé l’appro
che officielle sur les principales
chaînes d’information du pays. A
59 ans, cet exchef de la recherche
et développement du géant phar
maceutique GlaxoSmithKline
(GSK), est l’une des autorités
scientifiques sur lesquelles Boris
Johnson s’appuie pour prendre
ses décisions. M. Vallance a insisté
sur la notion d’« immunité collec
tive » (herd immunity) : pour lui,
« il n’est pas possible d’éviter que
tout le monde attrape le virus. Et ce
n’est pas non plus souhaitable, car
il faut que la population acquière
une certaine immunité ».
A l’en croire, le but des autorités
britanniques n’est donc pas d’« éli
miner » le virus, mais de limiter sa
propagation pour éviter un « se
cond pic » épidémique à l’hiver
prochain. Toujours selon M. Val
lance, il faudrait qu’environ 60 %
de la population britannique con
tracte le virus pour qu’elle déve
loppe cette immunité collective
permettant d’éviter de futures épi
démies. Sachant que le pays
compte un peu plus de 66 millions
d’habitants, il s’agirait que 40 mil
lions de Britanniques soient infec
tés par le virus. Si la plupart d’entre
eux ne développeront qu’une
forme légère de la maladie, quel
ques millions (6, 7, 8 millions ?) ris
quent quand même de tomber
gravement malades. Autant dire
que le National Health Service
(NHS), le système de santé publi
que britannique, avec ses 5 000 lits
en réanimation disponibles, serait
très vite débordé.
Epidémiologistes, médecins,
politiques, les critiques pleuvent
sur ces choix, surtout après que
M. Johnson a alerté ses conci
toyens qu’ils devaient se préparer
« à perdre bien davantage d’êtres
aimés ». Et pour cause : un grand
nombre de vies sont en jeu puis
que, à suivre le raisonnement de
M. Vallance, ce sont quelque
400 000 décès qui pourraient ad
venir dans le pays, avec un taux de
mortalité du Covid19 estimé, en
fourchette basse, à 1 %.
Politique « préoccupante »
Le député conservateur Jeremy
Hunt, exministre de la santé de
Theresa May, est l’un des premiers
à avoir sonné la charge, jeudi
12 mars. Jugeant cette politique
« préoccupante », il s’est étonné
que le gouvernement de Boris
Johnson n’ait pas encore interdit
les grands rassemblements.
M. Vallance a assuré, vendredi, au
micro de la British Broadcasting
Corporation (BBC) qu’on est « plus
susceptible d’attraper le virus au
pub que dans un stade ».
Richard Horton, rédacteur en
chef de la publication scientifique
The Lancet, référence mondiale en
matière de médecine, a par
ailleurs tweeté : « Le gouvernement
joue à la roulette avec le public. Il
commet une erreur majeure. »
L’Organisation mondiale de la
santé (OMS) a aussi insisté, ven
dredi, sur la nécessité d’une appro
che globale. « Il ne s’agit pas de faire
uniquement les tests, le traçage des
malades, la quarantaine ou la dis
tanciation sociale. Il faut tout
faire », a déclaré son directeur gé
néral, Tedros Adhanom
Ghebreyesus. « La stratégie du
gouvernement est bien plus élabo
rée que celle d’autres pays, et poten
tiellement très efficace. Mais elle
est également plus risquée et fon
dée sur un certain nombre d’hypo
thèses », a souligné le professeur
Ian Donald, professeur de sociolo
gie à l’université de Liverpool,
dans une série de Tweet partagés
des milliers de fois, vendredi soir.
Mais le gouvernement seratil
capable de contrôler le flux d’arri
vées de cas graves dans les servi
ces d’urgences? « Les données [du
gouvernement] sur la progres
sion de l’épidémie doivent être les
bonnes », insiste le chercheur. Et
quid des mesures pour protéger
les plus vulnérables? Le NHS n’a
mis à jour que vendredi ses re
commandations pour limiter les
visites dans les maisons de re
traite. La stratégie britannique
« est peutêtre la meilleure, mais le
gouvernement devrait l’expliquer
plus clairement », conclut Ian
Donald. D’autres s’étonnent que
l’on parie sur l’immunité collec
tive plutôt que sur un vaccin, et
s’interrogent sur la pertinence de
la stratégie officielle en cas de
mutation du virus.
Samedi soir, alors qu’une péti
tion de plus de 250 chercheurs
britanniques circulait, réclamant
que Boris Johnson prenne « im
médiatement » des mesures de
distanciation sociale plus radica
les, Downing Street faisait cepen
dant fuiter à la chaîne ITV qu’il
était prêt à des mesures plus dras
tiques. Notamment à mettre à
l’isolement, « chez eux pour au
moins quatre mois, tous les plus de
70 ans ». « Nous le ferons au bon
moment, dans les semaines qui
viennent, quand il sera temps de le
faire, et notre décision sera fondée
sur la science », a assuré Matt
Hancock, le ministre de la santé,
dimanche matin, sur le plateau de
la BBC, pressé par le journaliste
vedette Andrew Marr.
« Protéger les vies »
« L’immunité collective n’est pas
notre politique ni notre but », a
aussi juré M. Hancock, notre but
est de protéger les vies. »
M. Hancock a par ailleurs réclamé
un « effort national » aux indus
triels, leur demandant de fabri
quer le plus possible de ventila
teurs. Il a avoué que le NHS ne dis
posait, au niveau national, que de
5 000 de ces machines complexes.
« Il faudrait immédiatement que
nous réduisions nos interactions
entre individus, cela sera terrible
sur le plan économique, mais per
mettrait encore de rendre l’épidé
mie gérable pour le NHS. La straté
gie du gouvernement est irrespon
sable », explique au Monde
William Hanage, épidémiologiste
à l’université de Harvard. Il a pu
blié dans le Guardian, dimanche,
un appel aux Britanniques. « Ne
paniquez pas, mais préparezvous.
Si votre gouvernement ne vous aide
pas, agissez vousmêmes. »
Signe que les Britanniques com
mencent à douter : samedi, les su
permarchés londoniens ont été
pris d’assaut, et les rayonnages de
pâtes, savon et papier toilette en
grande partie vidés. Et il n’y avait
plus de créneaux disponibles
avant huit jours pour les livraisons
à domicile. L’ambassade de France
au RoyaumeUni a annoncé, di
manche soir, que ses établisse
ments fermeraient lundi soir pour
passer aux cours à distance. Les
autres écoles britanniques restent
ouvertes jusqu’à nouvel ordre.
cécile ducourtieux
« L’enjeu majeur est
de réduire les contacts »
Pour l’épidémiologiste PierreYves Boëlle,
la France, après avoir cherché à atténuer
l’épidémie, s’attelle désormais à l’endiguer
ENTRETIEN
L’
épidémiologiste Pierre
Yves Boëlle (Sorbonne
Université) analyse les
nouvelles mesures de « distancia
tion sociale » annoncées par le pre
mier ministre français, Edouard
Philippe, samedi 14 mars.
Que pensezvous de la four
chette de plusieurs centaines de
milliers de morts en France qui
pourraient être causées par le
coronavirus, en cas d’inaction?
Tous les épidémiologistes ont
ce scénario en tête depuis que l’on
sait que le ratio de reproduction
vaut environ deux, c’estàdire
qu’une personne infectée en in
fectera ellemême deux autres. Ce
chiffre permet de déduire le taux
d’attaque, c’estàdire le pourcen
tage de la population qui aura été
infectée à la fin de l’épidémie.
Dans un scénario où on ne fait
rien, ce pourcentage est de 50 %.
Mais il s’agit d’un scénario
« sauvage », où rien ne serait en
trepris pour freiner ces conta
gions, où les comportements de
la population ne changent pas. En
réalité, dès qu’il y aura plus de dé
cès, les gens vont réduire leurs
contacts, ce qui va altérer ces pré
dictions. Mais actuellement,
nous ne disposons pas d’outils
permettant d’anticiper ce que
peuvent être les changements de
comportement des populations.
N’y atil pas une part d’inertie
dans ces phénomènes de con
tamination, d’inéluctabilité
dans la hausse des cas?
C’est un peu le cas, mais il faut
prendre en compte le fait qu’une
génération infectieuse remplace
l’autre en quatre jours environ.
Cela signifie que, s’il y a des chan
gements de comportements, on
peut en voir assez vite les effets.
C’est ce qui a été observé en
Chine, où la population a été litté
ralement gelée : d’un jour à
l’autre, il n’y a plus eu de contacts
entre les personnes.
Cela n’a pas été la stratégie
suivie en France...
Dans les paradigmes de gestion
de ce type de crise, ce qui préva
lait, c’était l’atténuation, et non
l’endiguement à la chinoise.
L’idée est que, si l’on ne parvient
pas à tuer l’épidémie à la source,
alors le virus se répandra possi
blement partout. L’objectif est
alors de tenter d’aplanir la courbe
du nombre de cas, pour permettre
au système de soins d’encaisser la
vague de malades sur la durée.
L’idée qui prévaut aujourd’hui,
qu’on se fonde sur des analyses
de modèles simples ou comple
xes, comme ceux du Britannique
Neil Ferguson qui ont été présen
tés au gouvernement par son
conseil scientifique, c’est qu’avec
les outils à notre disposition –
fermer les écoles, télétravail –
nous allons aplatir cette vague,
mais que cela ne sera peutêtre
pas suffisant au regard du nom
bre de lits disponibles en réani
mation. Les dernières mesures
annoncées s’inscrivent dans
cette logique d’un retour à une
tentative d’endiguement, car
l’enjeu majeur est de réduire les
contacts entre les gens.
Pourquoi un revirement
aussi tardif?
Au départ, on a comparé cette
épidémie à celle du SRAS, qui
s’était éteinte rapidement. Il y
avait aussi le précédent de la
grippe pandémique de 2009, où
nous nous étions trompés sur le
taux d’attaque, si bien qu’il a pu y
avoir une peur de « crier au
loup ». Mais une des différences
majeures du Covid19 avec le
SRAS, c’est qu’une partie des
porteurs du virus sont asympto
matiques, et peuvent cependant
le transmettre. Si bien qu’une
stratégie d’isolement des cas ne
peut pas suffire.
Vous avez aussi vu remonter
des indices du réseau
sentinelles de surveillance
de la grippe...
C’est en effet la première fois de
puis trente ans que ce réseau en
registre une remontée des signa
lements de syndromes grippaux
après l’épidémie saisonnière. Ce
décalage pourrait être dû au fait
que des personnes grippées sont
dans ce contexte plus soucieuses
et vont donc plus consulter. Mais
cette remontée visible cette der
nière semaine peut aussi être due
à des cas de Covid19, dont on sait
qu’ils ne sont pas tous testés et
comptabilisés. Il n’est pas impos
sible, à la lumière de ces observa
tions, qu’il y ait en réalité dix fois
plus de cas que ce qui est officiel
lement confirmé.
Beaucoup d’observateurs,
parfois amateurs, ont prolongé
les courbes, montrant
une progression exponentielle
des cas. Faitesvous
les mêmes constats?
Tout le monde sait faire des
projections de courbes exponen
tielles. La difficulté est de pren
dre en compte les caractéristi
ques propres du virus et les chan
gements de comportements : on
change le bébé, l’eau du bain et le
thermomètre, en même temps.
Ces paramètres et leur évolution
sont très difficiles à anticiper car
ils évoluent dynamiquement.
Mais même avec une croissance
un peu inférieure à 2, d’une se
maine à l’autre, cela signifie en
tre deux et quatre fois plus de cas.
Même nous, épidémiologistes,
nous sommes toujours frappés
par ce que veut dire une progres
sion exponentielle.
Tout l’enjeu désormais est de
voir, hors contexte chinois ré
pressif, comment ce retour à une
forme d’endiguement sera res
pecté par la population pour ré
duire les contacts entre person
nes. L’équipe du sociologue
Jocelyn Raude [Ecole des hautes
études en santé publique, Rennes]
a montré qu’une telle prise de
conscience peut être lente, et l’on
sait que le respect des consignes
ne sera pas total. La question po
sée est celle de l’acceptabilité.
Il faudra aussi éclaircir les
consignes données aux méde
cins de ville, qui seront en pre
mière ligne. Ils seront essentiels
pour le soin, mais aussi pour la
surveillance de l’évolution de
cette pandémie.
N’auraitil pas fallu annuler
les élections municipales?
Le maintien du scrutin n’est
pas très raccord avec le reste des
mesures prises par le gouverne
ment. Il était important que les
votants et les personnes organi
sant le scrutin prennent des me
sures de protection. Mais il faut
bien prendre conscience qu’il
s’agit d’un épiphénomène par
rapport à ce que signifie réduire
les contacts à l’échelle de l’en
semble de la société.
propos recueillis par h. m.
« Il n’est pas
impossible
qu’il y ait en
réalité dix fois
plus de cas que
ce qui est
officiellement
confirmé »
Une pétition
de plus de
250 chercheurs
britanniques
réclamait
des mesures
plus radicales
L’immunité de groupe, un pari dangereux
Alors que l’ensemble de la population est sensible au SARSCoV2, miser sur une forme
d’immunisation collective est une option critiquée par les épidémiologistes
E
nrayer la propagation
d’une maladie infectieuse
dans une population par
l’immunisation d’un certain
pourcentage des individus. Le
principe de l’immunité de
groupe, aussi appelée immunité
collective, grégaire ou de trou
peau, sur lequel le gouvernement
britannique mise pour lutter con
tre l’épidémie de Covid19, est
bien connu avec les vaccinations.
Outre qu’ils protègent à l’échelle
individuelle, les vaccins permet
tent de contribuer à la protection
d’autres personnes. Bien souvent,
la vaccination prévient la multi
plication de l’agent pathogène,
virus ou bactérie, chez la per
sonne vaccinée. Celleci n’est
donc plus susceptible de trans
mettre l’infection à ses proches, et
elle agit « visàvis du reste de la
population, comme une barrière
contre l’agent pathogène en inter
rompant la chaîne de transmis
sion », selon un dossier pédagogi
que de Santé publique France.
Cette stratégie peutelle être
appliquée, sciemment, au nou
veau coronavirus, contre lequel il
n’existe aucun vaccin et auquel a
priori 100 % de la population est
sensible? Alors que tous les pays
prônent des mesures de distancia
tion sociale et de confinement, les
Anglais sont les seuls à faire le pari
d’une immunité collective, esti
mant que si 60 % de la population
est infectée, cela permettrait d’évi
ter un second pic épidémique
en 2021. Une politique contestée
de toute part, car jugée risquée.
Même le Britannique Roy
Anderson, un des grands spécialis
tes de l’immunité de groupe et qui
a théorisé cette notion, ne semble
pas l’envisager dans le cas présent.
Dans un article publié en ligne le
9 mars dans la revue The Lancet, il
insiste au contraire sur les mesu
res de distanciation sociale, et
d’isolement précoce des malades.
En outre, les projections concer
nant l’impact du SARSCoV2 en
cas de laisserfaire sont très pessi
mistes. L’équipe de Neil Ferguson
(Imperial College, Londres) a tra
vaillé sur cette option. Dans le cas
de la France, si aucune action d’at
ténuation ou de confinement
n’était menée, ses modélisations
prévoyaient entre 300 000 et
500 000 morts dans l’hypothèse
la plus pessimiste, les services de
réanimation se trouvant rapide
ment submergés. Ces chiffres,
présentés à l’exécutif français par
le conseil d’experts mis en place
par le gouvernement, ont contri
bué au durcissement des mesures
de « distanciation sociale » prises
ces derniers jours. Neil Ferguson
devrait présenter les projections
concernant différents pays euro
péens dans les prochains jours.
Eteindre une flambée
L’immunité de groupe est en gé
néral invoquée face à des mala
dies contre lesquelles existe un
vaccin : plus le taux de personnes
vaccinées est important, plus la
circulation du virus ou de la bac
térie sera réduite, permettant
ainsi de protéger les personnes
qui ne peuvent être vaccinées (car
trop jeunes, vaccin contreindi
qué...), d’éviter des épidémies,
voire d’éradiquer la maladie en
question. L’immunité de groupe
visàvis d’une infection peut
aussi être obtenue quand un cer
tain nombre d’individus l’ont
contractée. Comme avec une vac
cination, ces personnes ont ac
quis une immunité contre l’agent
pathogène, et ne le transmettent
plus, ce qui va réduire sa circula
tion et contribuer à éteindre une
flambée épidémique. C’est ce mé
canisme qui explique que lors de
la pandémie grippale A (H1N1) de
20092010, les personnes nées
avant 1957 ont été relativement
protégées : elles avaient une im
munité partielle contre le virus,
car elles avaient déjà rencontré
des virus grippaux de type H1N1,
qui ont largement circulé entre
1918 et 1957, avant d’être supplan
tés par des souches H2N2.
D’une certaine manière, la
grippe saisonnière bénéficie
aussi d’une protection de groupe :
l’ampleur des épidémies est limi
tée chaque année car seuls 20 % à
30 % des personnes seraient sus
ceptibles de contracter le virus
pour une année donnée. Les
autres ne le sont pas car infectées
les années précédentes et immu
nisées ou simplement vaccinées.
Pour l’heure, le SARSCoV
étant complètement nouveau,
l’ensemble de la population y est
sensible. Par ailleurs, les évalua
tions dépendent de qui est
vraiment transmetteur de la ma
ladie et du niveau d’infectivité
(nombre de personnes suscepti
bles d’être contaminées par un
porteur du virus). Ici, il reste
beaucoup d’incertitudes, notam
ment sur la capacité de person
nes asymptomatiques à trans
mettre, et le poids des enfants
dans la transmission.
sandrine cabut
et hervé morin