20 // ENTREPRISES Mercredi 4 mars 2020 Les Echos
Côté alcool, on retrouve aussi des
différences assez nettes entre caté-
gories sociales. Les ménages de la
région parisienne y consacrent une
part plus importante de leur bud-
get, parce que, selon l’Insee, « il y a
une plus grande concentration de
cadres » en Ile-de-France que dans
les autres régions. Ils dépensent
12,3 points de plus en vins tranquil-
les, effervescents (champagnes et
cidres) que les autres Français.
Le poste boissons a fondu
Plus globalement, l’Insee constate
que les dépenses boissons des
ménages ont considérablement
diminué depuis les années 1960. Il y
a soixante ans, elles en représen-
taient 6,4 %. En 2018, ce n’était plus
que 2,9 %. « Les préférences ont évo-
lué : la part de l’alcool s’est réduite au
profit du sans-alcool », note l’Insee.
En moyenne, un ménage français
consacre cependant encore nette-
ment plus à l’alcool (707 euros par
an) qu’au sans-alcool (406 euros).
Les vins, cidres et champagnes
pèsent plus lourd dans les dépenses
dans certaines régions viticoles.
C’est le cas en Méditerranée, Cen-
tion d’alcool dans les années 1960,
est tombé à 9 % en 2018. « Une
conséquence des politiques publi-
ques de lutte contre l’alcoolisme »,
souligne l’Insee. Les vins de qualité
comptaient en 2018 pour 21 % de la
dépense en alcool.
Les ventes de bière sont assez
sinusoïdales. En hausse jusque
dans les années 1980, la bière a
reculé ensuite jusqu’au début des
années 2 010, avant de retrouver une
courbe ascendante sous l’impul-
sion des bières artisanales.
La France consomme plus
d’alcool que l’Italie (la plus raison-
nable des Vingt-Huit, selon Euros-
tat). A raison de 12,6 litres d’alcool
pur par tête et par an, l’Hexagone se
place au 8e rang en Europe, juste
après la Bulgarie. La Lituanie vient
en tête, devant la République tchè-
que et l’Allemagne.
Dans le sans-alcool, l’Insee note
que les eaux de table, les boissons
aromatisées, les sodas ainsi que les
jus de fruits et de légumes (à partir
des années 1990) se sont fortement
développés, tandis que, dans le
même temps, l e thé et le café ont f or-
tement décru. —M.-J. C.
lantique en 2014 en achetant
une marque en perte de vitesse,
Russell Stover. Lindt va fermer
une usine à Montrose, dans le
Colorado, et transférer sa pro-
duction vers deux autres sites
du Kansas et du Texas en 2020
pour réduire ses coûts.
Sur l’ensemble des marchés,
les amateurs de la marque
devront faire un petit effort
financier. Lindt prévient en
effet qu’il va répercuter sur les
prix de son chocolat la taxe
imposée par les planteurs de
cacao de l’Afrique de l’Ouest, où
60 % de la matière première
mondiale est récoltée. La Côte
d’Ivoire, qui en fournit 40 %, et
le Ghana (20 %) vont imputer
une nouvelle charge de
400 dollars sur les expéditions
à partir du mois d’o ctobre, afin
d’améliorer la rémunération
des planteurs.
175 e anniversaire
Lindt s’approvisionne pour
l’essentiel au Ghana depuis des
décennies et « ne veut pas chan-
ger de fournisseur par crainte de
modifier le goût de ses produits »,
a expliqué Dieter Weisskopf, le
patron du groupe. D’autres
grands acteurs du chocolat
devraient aussi augmenter leurs
prix, dont Nestlé et Mars, qui ont
été les premiers à payer le cacao
dans ces conditions.
En attendant, et pour célébrer
son 175e anniv ersaire, Lindt a
décidé de servir largement ses
actionnaires en leur versant un
dividende exceptionnel qui
porte le montant de la rémuné-
ration de l’action à 1.750 francs
suisses (1.650 euros). L’action,
qui est la plus chère du marché
suisse, a clôturé en hausse de
5,90 euros, à 88.000 francs suis-
ses à Zürich.
—M.-J. C.
Marie-Josée Cougard
@CougardMarie
Et de quatre! Delacre, B-ready,
Nutella biscuits et maintenant Kin-
der Cards. Ferrero lance une nou-
velle offensive sur le marché du bis-
cuit e n France en misant sur
Kinder, l’une de ses marques les
plus connues dans le monde. Bapti-
sée « Kinder Cards », cette gaufrette
fourrée d’un cœur fondant rappe-
lant l es œufs surprises « ne s’émiette
ni ne fond. Une prouesse technologi-
que » de la R&D de Ferrero, qui dit
avoir travaillé pendant cinq ans sur
le projet. K inder Cards sera disponi-
ble dans toutes les grandes surfaces
à la fin mars au prix de 2,10 euros le
paquet de cinq sachets e t de
3,99 euros le paquet de dix. La mar-
que est vendue en Italie depuis trois
ans et en Allemagne depuis la fin
novembre 2018.
Au-delà de la campagne de pro-
motion, le lancement de Kinder
Cards est regardé attentivement
par la concurrence. Ferrero a fait
irruption il y a quatre ans sur ce
marché du biscuit de 2,2 milliards
d’euros en s’offrant Delacre. D epuis,
l’italien ne cesse de se développer
sur ce créneau, jusqu’à contrôler
plus de 8 % des ventes en France,
malgré la présence d’acteurs de
taille, dont l’américain Mondelez,
propriétaire de la marque Lu, cédée
par Danone il y a douze ans, et du
leader européen Biscuit Internatio-
nal, récemment acquis par le fonds
américain Platinum. Ferrero a
contribué à hauteur de 76 % à la
croissance du marché national.
« Les consommateurs sont e n attente
d’innovation », commente Loïc Lal-
lier, directeur marketing de Kinder
en France. Aux Etats-Unis, le
AGROALIMENTAIRE
Le groupe italien
accélère sa conquête
du marché du biscuit
en France
avec un nouveau
venu baptisé
« Kinder Cards ».
Ferrero poursuit
ainsi sa diversification
tout en capitalisant
sur une de ses
marques vedettes.
Ferrero abat la carte Kinder
sur le segment du biscuit
Les achats de boissons, véritable
marqueur social
Dis-moi ce que tu bois et je te dirai
qui tu es. A en juger par l’enquête
très générale de l’Insee sur le poids
des boissons dans les dépenses des
ménages, les boissons forment un
véritable marqueur social. Les
Français les plus modestes privilé-
gient ainsi les sodas, alors que les
plus aisés boiront davantage du
café. Q uand on a de l’argent, o n tend
à privilégier les boissons chaudes.
Quand on en a moins, on opte pour
les breuvages rafraîchissants. Plus
de sodas et moins d’eau en bouteille
que les mieux nantis.
CONSOMMATION
Le choix des boissons
varie beaucoup selon
l’appartenance sociale,
d’après l’Insee.
La part des boissons
dans les dépenses
des ménages a décliné
de 6,4 % en 1960
à 2,9 % en 2018.
groupe italien a acheté les biscuits
de Kellogg’s et ses six usines pour
1,1 milliard de dollars en avril der-
nier. A l’instar de B-ready et de
Nutella biscuits, Kinder Cards est
fabriqué dans l’usine italienne
d’Alba, dont il convient de saturer
les lignes.
Diversification
Le secret de Ferrero est de « faire
fabriquer par ses pâtissiers la totalité
des ingrédients et de reproduire le
geste humain à l’échelle industrielle.
Cela nous épargne une grande partie
des copies », souligne Loïc Lallier.
En France, le lancement du bis-
cuit Nutella B-ready fait figure d’un
des meilleurs de l’industrie agroali-
mentaire et a permis au groupe ita-
lien de dynamiser ce segment en
contribuant à hauteur de 76 % à la
croissance en valeurd e ce marché
en France. Avec Kinder Cards, le
groupe italien veut continuer de
marquer des points en s éduisant un
public d’enfants, dont les trois
quarts consomment « deux fois le
même produit au goûter pendant la
semaine ».
Célèbre pour sa pâte à tartiner
Nutella, s es c hocolats Mon Chéri ou
ses friandises, comme Tic Tac, le
groupe italien poursuit ainsi sa
diversification. Avant de s’intéres-
ser au biscuit, il s’était lancé sur le
marché des glaces avec Kinder, au
travers d’un partenariat avec le
géant anglo-néerlandais Unilever.
La marque Kinder bénéficie d’une
forte cote auprès des Français qui
l’ont élue meilleure marque ali-
mentaire en 2018. Elle est achetée
par 16 millions de foyers.
« Le biscuit est une nouvelle aven-
ture pour Kinder, estime Loïc Lal-
lier. On veut développer durablement
la marque sur ce créneau, même si
elle a encore un énorme potentiel de
développement au rayon de la confi-
serie chocolatée, notamment au tra-
vers de Schoko-Bons et de Pingui. »
Les Allemands sont les plus gros
consommateurs de chocolat Kin-
der, devant les Italiens. La France
s’inscrit au 3e rang des amateurs de
la marque.n
Kinder Cards, une gaufrette fourrée qui « ne s’émiette ni ne fond », est présentée comme une
« prouesse technologique » de la R&D de Ferrero. Pho to Aurélie Desgages/Ferrero
tre-Est et dans l’Est. Au total en
France, l’Insee note également une
différence de comportement entre
les plus de 65 ans et les moins de
26 ans. Les premiers affectent une
part plus i mportante de leur b udget
à l’alcool que les seconds. Les j eunes
boivent plus de bière.
Sans surprise, les vins de table
ont beaucoup régressé au profit des
vins de qualité, dont la consomma-
tion a surtout progressé dans les
années 1980 et 1990. Le vin, qui
représentait 49 % de la consomma-
Le vin, qui
représentait 49 %
de la consommation
d’alcool dans
les années 1960, est
tombé à 9 % en 2018.
Les vins de qualité
comptent néanmoins
pour 21 % de
la dépense en alcool.
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à suivre
Chevron va distribuer 80 milliards
de dollars à ses actionnaires
ÉNERGIE Chevron, le numéro deux américain du pétrole, va ver-
ser 80 milliards d e dollars à ses actionnaires au c ours des cinq pro-
chaines années sous forme de dividendes et de rachats de titres.
Cela r eprésente une hausse de 20 % par r apport à la période précé-
dente. La restitution de cash aux actionnaires « est notre priorité
numéro un », a déclaré le directeur général, Mike Wirth. Cet enga-
gement sera respecté quel que soit le niveau des cours du pétrole,
a-t-il précisé. La major américaine compte économiser 2 milliards
de dollars par an en réduisant s es coûts. S es investissements n’aug-
menteront pas de plus de 10 % par rapport à leur niveau actuel.
Chevron veut atteindre un retour sur capitaux de plus de 10 % d’ici
à 2024, contre 7 % aujourd’hui.
Thermo Fisher rachète Qiagen
pour 10 milliards d’euros
BIOTECHNOLOGIES La société américaine d’instruments scien-
tifiques Thermo Fisher Scientific va racheter, pour 10 milliards
d’euros, le néerlandais Qiagen. Le laboratoire, spécialisé dans le
diagnostic moléculaire, emploie 5.100 personnes sur 35 sites
répartis dans plus de 25 pays. La société a généré un chiffre d’affai-
res de plus de 1,5 milliard de dollars en 2019. Elle a mis au point un
test rapide contre le coronavirus, actuellement utilisé dans quatre
hôpitaux en Chine. C’est la plus grosse acquisition jamais réalisée
par Thermo Fisher, après celle de Life Technologies en 2014.
Contre vents et marées, le cho-
colat suisse continue de faire
recette. Malgré le coronavirus,
malgré une nouvelle taxe sur le
cacao e t en dépit de ses dépenses
de restructuration aux Etats-
Unis, le groupe Lindt & Sprüngli
a réalisé un chiffre d’affaires de
4,5 milliards de francs suisses
(4,2 milliards d’euros) en hausse
de 4,5 % en 2019 et confirme ses
objectifs de croissance à moyen
terme entre 5 et 7 % par an. Son
bénéfice net s’est établi légère-
ment en deçà des attentes, mais,
à 512 millions de francs suisses, i l
a progressé de 5,1 % par rapport
à l’exercice précédent.
Les résultats intègrent des
frais exceptionnels liés à l’orga-
nisation de ses activités aux
Etats-Unis. Le chocolatier
suisse, qui détenait déjà depuis
plusieurs années la marque
californienne Ghirardelli, a
renforcé son activité outre-At-
AGROALIMENTAIRE
Lindt & Sprüngli
caracole à la Bourse
de Zurich.
Le chocolatier
suisse a confirmé
son objectif
de croissance
organique annuel
entre 5 et 7 %.
Lindt verse
un dividende record
à ses actionnaires
1.
FRANCS SUISSES
Le montant de
la rémunération de l’action
de Lindt & Sprüngli.