Les Echos - 04.03.2020

(Darren Dugan) #1

Les Echos Mercredi 4 mars 2020 FRANCE// 07


LE FAIT
DU JOUR
POLITIQUE

Cécile
Cornudet

il ne po rte plus de sujet
en propre. Il mène des combats
internes, mais sans qu’on puisse
les lui attribuer, aucun
désaccord n’est jamais public.
Lorsqu’une injonction un peu
forte vient d’en haut, il s’en saisit
comme si elle venait de lui. Il
l’a fait sur l’âge pivot en janvier.
Et, lorsque des petites phrases
peu sympathiques prospèrent,
il ne relève évidemment pas.
« Il est plus souvent au Havre
qu’à Paris », « il faut aller au
combat pour tout le monde et pas
seulement pour soi », a-t-on
entendu ces derniers temps
de la part de députés disant
avoir le feu vert de l’Elysée.
Edouard Philippe marche

à grandes enjambées, il a été
choisi pour cela. Il marche dans
l’ombre, il a été choisi pour cela
aussi. Pas « une feuille de papier
à cigarette » entre lui
et le président : il fait vivre
la légende. Et pourtant, mine
de rien, parce qu’il donne peu
prise à la critique peut-être,
il a construit un rapport de force
qui n’existait pas au début
du quinquennat.
Il a duré. Il a collé au climat
politique (plus à droite qu’au
temps de la campagne).
Il a des amis mieux placés que
les marcheurs pour remporter
des villes aux municipales :
Darmanin à Tourcoing, Béchu
à Angers, Apparu à Châlons-en-
Champagne, Robinet à Reims...
S’il gagnait au Havre, il serait
compliqué de lui faire porter
la responsabilité d’une défaite.
Emmanuel Macron avait
un Premier ministre avant tout
loyal, il peut se retrouver
après le scrutin avec un Premier
ministre avant tout fort. Une
sorte d’acte II? Les présidents

APL :


CHRONIQUE D’UNECASSE PROGRAMMÉE?


COMMUNIQUÉ


La Fédération nationaledes Offices Publics del’Habitat estsignataireduPactedupouvoir de vivre.

ACTE3–Unnouveaucoup porté aux APL aveclerevenu


universeld’activité (RUA)?


MarcelROGEMONT,
Président de la Fédération
nationaledes OfficesPublics
de l’Habitat.

Àbudget


constant, avec


desminima


sociauxmal


financés, avec


unnombreplus


important de


bénéficiaires,


leséconomies


seferont sur


lesAPL.


Une nouvellemenaceseprofileaveclerisque d’intégration des APL au RUA. Ce dernier
projettederegrouper des aides sociales pour plus de simplicité et d’inciteràlareprise
d’une activité. La Fédération nationaledes Offices Publics del’Habitat soutientcetobjectif.
Cependant, intégrerlesAPL au RUA estincompréhensibleetdangereux.


  • Incompréhensiblecar lesAPL concernent aussi bien desretraités, des étudiants que des
    salariés en activité. Elles sont une aideàlapersonne pour seloger décemment
    et àunprix abordable. Les APL ne peuvent donc êtreliées àlareprise d’une activité.

  • Dangereux au vu de la politique que mènele gouvernement depuis 2017contreles APL.
    Elles pourraient êtrelavariabled’ajustement du futur RUA. Il devrait en effetconcerner
    plus de personnes,àbudgetconstant. Ilyaauradonc forcément des perdants :
    lesménagestouchantlesAPL.


Arrêtons lacassedes APL.
Exigeons la sortie des APL du RUA.

http://www.foph.fr


•2 29 Offices Publics de l’Habitat adhérents


•2,4 millionsde logements sociaux



  • Près de5millions de locataires


LA FÉDÉRATION DES OPH C’EST :

Edouard Philippe : marche à l’ombre


U


n passage en force mais
contre qui? Mardi soir,
Edouard Philippe
monte à la tribune de
l’Assemblée pour défendre
l’utilisation du 49.3 dans
la réforme des retraites. Sans
ciller, sûr de ses arguments :
c’est une réponse
à l’obstruction. « Vous avez
le droit de remplacer “a nalogue’’
par “similaire’’ ou l’inverse.
Vous avez le droit, c’est vrai. Mais
il me paraît que c’est un débat
d’obstruction », dit-il
aux insoumis l’après-midi.
On a senti Matignon freiner,
et l’Elysée pousser ; Edouard
Philippe en campagne au Havre
est le mieux placé pour mesurer
les effets d’une telle décision
dans une France en colère
(sa permanence a aussitôt été
taguée) ; et pourtant bien malin
qui lirait la moindre réserve
dans son ton ou sur son visage.
Il « assume », comme il dit,
il défend, il encaisse. Rien ne
filtre jamais de ses états d’âme.
Depuis le fiasco du 80 km/heure,

Le Premier ministre s’est construit dans la loyauté absolue au chef de l’Etat, tout en parvenant à établir
un rapport de force qui n’existait pas au début du quinquennat... pour peu qu’il gagne Le Havre.

Dessins Kim Roselier pour

« Les Echos »

préfèrent les premiers,
en général. La perspective d’un
nouveau temps réveille les jeux
politiques. Dans la majorité,
nombreux sont ceux qui rêvent
d’un départ de ce Premier
ministre qui n’a su empêcher
ni les crises ni le désamour
macronien. Sans savoir jusqu’à

quel point ils sont poussés par
le président, lui défend le 49.3,
impassible, même s’il s’agit
peut-être d’une ultime mise
à l’épreuve de sa loyauté,
d’une façon de lui dire :
« Reste à l’ombre. »
[email protected]

Dans la majorité,
nombreux sont ceux
qui rêvent d’un
départ de ce Premier
ministre qui n’a su
empêcher ni les
crises ni le désamour
macronien.

sur l’identité et l’immigration).
Simple rééquilibrage ou virage
idéologique? Au sein du parti,
une partie des troupes redoutent
que cette « poussée sociale » aille
trop loin, se méfiant d’un
Guillaume Peltier qui a fait ses
premières armes à l’extrême
droite et d’un Aurélien Pradié élu
député du Lot grâce aux voix de la
gauche. « L’incertitude et la
volonté d’être d ans l’air du t emps ne
doivent pas nous c onduire à oublier
ce qui fait notre identité. Avant de
penser à s’élargir, il faut déjà recon-
quérir le socle », lâche un ténor de
LR, qui craint que cette réorienta-
tion « nous coupe de notre électorat
sans rien gagner ailleurs ».

« Code génétique »
« Les petits patrons, Peltier, ça les
agace », tacle-t-il, en allusion à la
« hausse générale des salaires de
20 % » prônée par le député de
Loir-et-Cher (en contrepartie de la
suppression de « toutes les cotisa-
tions salariales et patronales »).
« Que les cotisations baissent! Ça
suffira! » s’emporte un libéral. Un
troisième fustige les « tentations
démagogiques » de ceux qui « veu-
lent raser gratis » : « Il n’est pas res-
ponsable d’aller à la pêche aux voix
en disant n’importe quoi. S’il faut
reconquérir le pouvoir, il faut sur-
tout être capable de l’exercer. »
Prenant pour exemple l’unani-
mité de LR sur les retraites,
Guillaume Peltier tente de rassu-
rer : « Que les sociaux n’oublient
pas qu’il faut être rigoureux sur le
plan budgétaire et que les libéraux
n’oublient pas que l’idéal de redis-
tribution, c’est ce qui fonde le code
génétique de la droite française »,
plaide-t-il, prônant « un aggiorna-
mento intellectuel et idéologique
qui permette de revenir aux fonda-
mentaux du gaullisme, du chira-
quisme et du sarkozysme ». Et
donc, espère-t-il, de revenir au
pouvoir. Même si le programme
ne suffira pas. Comme le rappelle
l’eurodéputé et ancien ministre
Brice Hortefeux, « on peut avoir
les meilleures idées du monde mais
si on n’a personne pour les incar-
ner, ça ne marche pas ».n

Pierre-Alain Furbury
@paFurbury


Se lon la Bible, il a suffi de six jours
à Dieu pour créer le monde. Les
ambitions des Républicains, qui
se cherchent toujours un messie
pour 2022, sont plus limitées.
Contraint à un véritable chemin
de croix depuis l’arrivée d’Emma-
nuel Macron à l’Elysée, crucifié
aux dernières élections euro-
péennes, le parti désormais pré-
sidé par Christian Jacob ouvre, à
deux ans de la présidentielle, un
chantier des idées qui s’annonce
aussi long que compliqué.
LR, qui a lancé au début de
l’année – à huis clos – 12 forums
thématiques, tient ce mercredi, à
Paris, sa première convention,
consacrée au handicap. Un dos-
sier consensuel, sans grand risque
politique. « Il faudra qu’un secré-
taire d’Etat soit capable de s’en
occuper », grince un ténor du parti,
tout en parlant d’un « sujet impor-
tant ». La réunion, qui doit accou-
cher d’une dizaine de propositions
appelées à être ensuite affinées, ne
durera pas plus de trois heures.
Qu’importe. L’essentiel est dans le
message que la droite entend don-
ner, qui plus est à l’approche des
municipales : elle se remet en
ordre de marche. Et se préoccupe
« du quotidien des Français ».


« Reconquérir le socle »
Deux autres conventions sont
déjà programmées, l’une sur
« l’autorité et la République »,
l’autre (plus risquée) sur « le pou-
voir d’achat, le travail et les salai-
res », avant un premier « congrès
des idées » début juillet. Objectif :
« reparler de tous les sujets à tous
les Français » – selon la formule de
Christian Jacob – et tenter de se
frayer un espace entre Emmanuel
Macron et Marine Le Pen. Sans
abandonner les thèmes régaliens,
il s’agit de mettre plus l’accent sur
les questions sociales. La nouvelle
direction des Républicains,
notamment son numéro deux,
Guillaume Peltier, et son secré-
taire général, Aurélien Pradié,
entend tirer les leçons de l’échec
de François Fillon (avec un pro-
gramme très libéral) et de celui de
Laurent Wauquiez (jugé trop axé


POLITIQUE


A défaut d’avoir déjà
un candidat, LR tient
ce mercredi sa
première convention
thématique, consa-
crée au handicap.


Les Républicains


ouvrent le délicat


chantier des idées


« On peut avoir
les meilleures
idées du monde,
mais si on n’a
personne pour
les incarner, ça
ne marche pas. »
BRICE HORTEFEUX

A deux ans de la présidentielle, LR, présidé par Christian
Jacob, planche sur son projet. Pho to Denis Allard/RÉA

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