Les Echos - 04.03.2020

(Darren Dugan) #1

08 // FRANCE Mercredi 4 mars 2020 Les Echos


taux d’activité de l’Hexagone. Seule
l’Espagne arrive au même taux de
39 %. Les femmes sont aussi bien
placées parmi les cadres dirigeants,
avec un taux de femmes de 25 %,
juste derrière la Suède, à 27 %.

17 % seulement des cadres
La France est en revanche loin du
royaume scandinave pour ce qui est
de leur place au sein de l’encadre-
ment. Elles ne représentent que 17 %
des cadres contre 24 %. Et « l’écart de
rémunération avec les hommes reste
un sujet en France », souligne Diana
van Maasdijk. 40 % des entreprises
du CAC 40 ont une stratégie de
réduction de l’écart salarial, ce qui

Leïla de Comarmond
@leiladeco


Elle fait l’exercice depuis 2017 au
niveau mondial, publiant un pal-
marès en matière d’égalité femmes-
hommes des sociétés réalisant plus
de 2 milliards de dollars de chiffre
d’affaires. Equileap a réalisé cette
année un focus européen avec le
soutien de l’UE à partir d’une ana-
lyse de 255 entreprises cotées dans
10 indices boursiers. Selon les tra-
vaux de cette organisation à but non
lucratif, que « Les Echos » publient
en exclusivité pour la France,
l’Hexagone est le meilleur élève
européen, avec un score global de
52 % pour l’ensemble des sociétés
du CAC 40. Pays d’origine de L’Oréal
et de Kering – qui caracolent dans le
peloton de tête au niveau mondial,
au niveau européen –, la France
devance même la Suède, à 46 %,
l’Allemagne se retrouvant en troi-
sième position, à 44 %.


Spécificité française
Cette première place sur le podium
doit beaucoup à une spécificité
française : les femmes y siègent
plus qu’ailleurs dans les conseils
d’administration. La parité n’est
plus très loin : 44 % des administra-
teurs sont en effet des administra-
trices, quand, en moyenne en
Europe, elles ne sont que 31 %. Ita-
liens et Suédois, qui se disputent la
deuxième place, sont 6 points der-
rière, à 38 %, devant les Allemands,
à 36 %, tandis que les Espagnols ne
dépassent pas les 25 %. « La mise en
place d’un quota de femmes dans les
conseils d’administration a un
impact positif significatif », souli-
gne Diana van Maasdijk, directrice
générale et cofondatrice d’Equi-
leap. Ce quota est de 40 % en France
quand l’Allemagne se limite à 30 %.
Le pourcentage de femmes au
sein du personnel des plus grosses
sociétés françaises est aussi un des
plus élevés d’Europe, reflet du fort


SOCIAL


Selon l’organisation
Equileap, la France
est la meilleure
élève de l’Europe
en matière d’égalité
professionnelle.


Mais des inégalités
salariales persistent.


Alain Ruello
@AlainRuello


Un quart de siècle après avoir vu le
jour, s ous l’impulsion d’Edith Cres-
son, alors commissaire euro-
péenne chargée de la Science, de la
Recherche et du Développement,


les Ecoles de la deuxième chance
vivent un moment structurant de
leur histoire. Le nombre de
mineurs accueillis par ce réseau
d’enseignement adapté aux décro-
cheurs a bondi de 63 % en 2019
pour dépasser les 2000. « Nous
sommes prêts pour l’entrée en
vigueur de l’obligation de formation
pour tous les 16-18 ans », a com-
menté son président, Alexandre
Schajer, lors d’un point de presse
en fin de semaine dernière.

Effet démographique
Les mineurs ont représenté un
jeune sur cinq ayant frappé à la
porte des Ecoles de la deuxième
chance l ’année dernière, alors que
très peu d’entre elles en accep-
taient il y a peu encore. Ce qui ne
va pas sans son lot d’obligations
en termes d’information des
parents, d’accompagnement ren-
forcé lors des sorties ou de droit
du travail. Tout cela sans dégrader
le taux de sortie positive global
(formation qualifiante, contrat

d’apprentissage, CDD ou CDI) qui
est ressorti à 63 %.
Cet afflux de mineurs est impor-
tant, reconnaît-on du côté des Mis-
sions locales – l’autre grand réseau
pour les décrocheurs lui aussi con-
cerné – mais il doit être relativisé
pour cause d’évolutions démogra-
phiques. Il ne doit pas occulter le fait
que le nombre d e jeunes e n marge de
l’école d iminue, b ien que restant tou-
jours élevé, ajoute sa déléguée géné-
rale, Sandrine Aboubadra-Pauly.
Le diminuer encore, c’est le but
de l’obligation de formation pour
les 1 6-18 ans, l’une des mesures p ha-
res du plan pauvreté annoncée par
Emmanuel Macron en o cto-
bre 2018. Remis récemment,
le rapport de Sylvie Charrière,
députée LREM de Seine-Saint-De-
nis, et de Patrick Roger, chef
d’entreprise élu municipal à Stras-
bourg, estime à 5 % d’une classe
d’âge, s oit 70.000, le nombre de j eu-
nes concernés et liste 30 proposi-
tions pour donner corps au droit
promis par le chef de l’Etat.

ENSEIGNEMENT


Ce réseau d’enseigne-
ment adapté aux
décrocheurs a accueilli
plus de 2.000 mineurs
en 2019, soit 62 %
de plus que l’année
précédente.


Il anticipe l’obligation
de formation des
16-18 ans, mesure phare
du plan pauvreté,
qui entrera en vigueur
en septembre.


est nettement mieux que les 10 % de
la moyenne européenne, mais « c’est
loin d’être suffisant ». Pour l’heure,
l’instauration début 2019 d’un index
égalité obligatoire pour les entrepri-
ses de plus de 1.000 salariés, dont la
deuxième édition étendue aux
PME a eu lieu le 1er m ars, n’a pas pro-
duit d’évolution marquante.
« Les entreprises commencent à
vraiment comprendre que la parité
n’est pas seulement bonne pour la
société mais aussi pour la perfor-
mance économique et financière de
l’entreprise », se félicite Diana van
Maasdijk. Mais elle souligne qu’« il
y a encore du chemin à faire, y com-
pris en France ».n

Egalité femmes-hommes :


la France bonne élève de l’Europe


En France, 44% des administrateurs sont des administratrices. P hoto Hamilton/RÉA

Le législateur a d’ores et déjà acté
le rôle central des Missions locales
pour le repérage de ces mineurs en
rupture, aux profils très hétérogè-
nes. Pour les rapporteurs, tout doit
être fait pour qu’ils réintègrent la
formation initiale en scolarité ou en
apprentissage. Cela supposera
pour nombre d’entre eux un pas-
sage par un dispositif adapté, à con-
dition de développer les solutions
en dehors de l’Education nationale,
aujourd’hui en nombre limité. Les
Ecoles de la deuxième chance cons-
tituent l’une des plus réalistes, mais
ne pourront à elles seules résoudre
le problème.n

Afflux de mineurs dans les Ecoles


de la deuxième chance


63 %

Taux de sortie positive
global (formation qualifiante,
contrat d’apprentissage, CDD
ou CDI) des Ecoles
de la deuxième chance.

« La mise en place
d’un quota
de femmes
dans les conseils
d’administration
a un impact positif
significatif.»
DIANA VAN MAASDIJK
Directrice générale
et cofondatrice d’Equileap

en bref


Deuil d’un enfant : le Sénat vote
à l’unanimité un congé de 15 jours

SOCIAL Congé de 15 jours, allocation forfaitaire... Le Sénat
dominé par l’opposition de d roite a adopté à l’unanimité mardi
en première lecture une proposition de loi pour accompagner
les familles après le décès d’un enfant, un texte « considérable-
ment enrichi par rapport à sa v ersion initiale », s elon l a ministre
du Travail, Muriel Pénicaud. L’examen du texte au Sénat a per-
mis de remettre les choses à plat, après le couac de la majorité
présidentielle à l’Assemblée nationale. Son retour devant les
députés est prévu le 7 avril.

çait l’encadrement social et poli-
tique de ville ; ce modèle a volé en
éclats en l’espace d’une généra-
tion », analyse Emmanuel Bel-
langer, chercheur au CNRS et à
l’université Paris-I.
Pour l’universitaire, spécia-
liste de la vie politique locale,
l’échelon municipal reste q uand
même le dernier point fort du
PCF. « Le parti, les syndicats et les
associations proches du PCF ont
subi une hémorragie militante,
seule la mairie a mieux résisté
dans un contexte marqué par
une explosion de l’abstention et
un changement du peuplement e t
du corps électoral de ces villes
rouges restées populaires. »
D’un demi-million de mili-
tants au début des années 1980,
le parti ne compte plus officiel-
lement que 80.000 encartés en


  1. Et il est de plus en plus
    menacé par d’autres forma-
    tions politiques sur ses terres.


« Aujourd’hui, l’héritage de la
banlieue rouge est très disputé,
notamment par les représentants
de La France insoumise mais
aussi par certains écologistes. La
gentrification n’a pas effacé la
radicalité politique de ces villes ;
au contraire, elle l’a même renou-
velée e n faisant d es gentrificateurs
de nouveaux militants défenseurs
de l’école, des services publics, de
la qualité de vie et de la cause envi-
ronnementale, qui est devenue au
XXIe siècle la nouvelle question
sociale et révolutionnaire »,
détaille Emmanuel Bellanger.
Résultat, le PCF n’a d’autres
choix que de nouer des alliances
pour sauver ce qui peut encore
l’être. PS, EELV, Génération.s ou
encore Place publique... la com-
position de ces éventuelles
alliances diverge selon l es
enjeux locaux mais ont le même
but : sauver ce maillage territo-
rial qui fait encore la force du
PCF et, surtout, conserver ses
bastions historiques.
Si le parti e st quasiment assuré
de conserver Montreuil grâce à
une large alliance de la gauche, le
maire PCF d’Ivry-sur-Seine est
menacé par une coalition EELV-
LFI-PS. La municipalité du Val-
de-Marne pourrait ainsi échap-
per aux communistes pour la
première fois depuis 95 ans. Un
possible revers électoral qui
ferait tache alors que le parti doit
fêter en grande pompe son cen-
tenaire à la fin de l’année.n

Municipales :


le PCF se bat pour


conserver ses


derniers bastions


Le parti n’a d’autres
choix que de nouer
des alliances
pour sauver ce qui
peut encore l’être
avec le PS, EELV,
Génération.s
ou encore
Place publique.

Alexandre Rousset
@Alex_Rousset

Alerte rouge sur les municipa-
les. Devenu marginal lors des
scrutins nationaux, le Parti
communiste français (PCF)
mène campagne pour conser-
ver son réseau de maires et de
conseillers municipaux lors
du scrutin des 15 et 22 mars. Si
l’ancrage local du parti reste
important, celui-ci n’a cessé de
reculer depuis quarante ans. Il
lui faut absolument stopper
l’hémorragie.
C’est e n 1977 que le Parti com-
muniste a atteint son apogée
avec environ 1.500 communes
administrées sur le territoire.
Parmi elles, des villes impor-
tantes comme Brest, Le Havre,
Saint-Etienne, Le Mans ou
encore Reims. En banlieue
parisienne, le PCF gérait alors
pas moins d e 147 municipalités.
Au total, 8,6 millions de Fran-
çais vivaient à cette époque
dans une commune « rouge ».

Des villes emblématiques
Depuis cet âge d’or, le puissant
maillage territorial commu-
niste s’est progressivement
délité. Après les dernières élec-
tions municipales en 2014, il ne
restait plus que 651 mairies PCF
en France, dont 38 en banlieue
parisienne. Le parti y conserve
toutefois des bastions emblé-
matiques (Nanterre, Ivry-sur-
Seine, La Courneuve, Auber-
villiers) ainsi que ses deux
dernières municipalités de plus
de 100.000 habitants : Saint-De-
nis et Montreuil. En 2020, il ne
reste que 2,6 millions de Fran-
çais administrés par un maire
communiste.
Un recul spectaculaire qui
s’explique notamment par des
évolutions socio-économiques.
« L’érosion du vote communiste
en banlieue parisienne est liée au
choc de la désindustrialisation
qui a désagrégé le modèle de poli-
tisation et de sociabilité qui
caractérisait les villes rouges.
Jusque dans les années 197 0-
1980, on travaillait et on vivait
dans la commune ou ses envi-
rons. Cette imbrication renfor-

Le Parti communiste
va tenter de conser-
ver les dernières
villes qu’il contrôle
lors des élections
locales.

Notamment dans
la « banlieue rouge »
de Paris, véritable
vitrine de la forma-
tion politique.

ÉLECTIONS

2020

MUNICIPALES
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