Le Monde - 14.03.2020

(WallPaper) #1
8 – POUR LES INTIMES.
Entre deux défilés, les invités se sont rendus nombreux
à « l’Hôtel Vivier », création éphémère installée rue
Alfred-de-Vigny, dans le 8e arrondissement. La présen-
tation, baptisée « Sensorama », est une expérience ima-
ginée par le directeur artistique de la maison Roger
Vivier, Gherardo Felloni, qui sollicite les cinq sens, voire
un sixième. Il est utile pour pénétrer dans une chambre
mystérieuse où trône une boule de cristal entourée de
fantômes et de spectres. Les décors des pièces assument
un esprit éclectique à la Wes Anderson. Ici, on croise de
surréalistes mannequins à la tête de chat vêtus de robes
de cour ; là, un gâteau d’anniversaire duquel surgit une
chanteuse glamour ; ici encore, on plonge dans le noir à
la rencontre de silhouettes fluorescentes qui enre-
gistrent des sons relaxants. Richesse visuelle, saynètes,
séances de dégustation... Entre théâtre participatif et
performance artistique, l’expérience est hautement ins-
tagrammable. Les stories filent bon train.
La veille, on était chez Patou, où la bonne humeur était
aussi de mise. Une fois encore, le directeur artistique
Guillaume Henry a fait le choix d’organiser une présen-
tation plutôt qu’un défilé. Il reçoit les invités dans les
bureaux de la marque et présente ses dernières créa-
tions. Le format se veut intimiste : on côtoie les manne-
quins qui sirotent leurs jus de fruits et les modélistes qui
s’activent sur leurs Stockman. « Les présentations étaient
jusqu’alors les parents pauvres de la mode, réservées aux
créateurs qui n’avaient pas les moyens d’organiser un
défilé, mais les choses changent, souligne Tiffany Godoy,
consultante qui documente les fashion weeks sur son
compte Instagram (@tiffanygodoy presents). Ce format
laisse plus de place à la spontanéité et au fun... »
Thebe Magugu, lauréat 2019 du prix LVMH, a égale-
ment choisi ce format pour lancer sa collection inspirée
de sa ville natale Kimberley, située dans la province du
Cap-Nord, en Afrique du Sud. Une fois de plus, le résul-
tat est riche et créatif. Le designer a prévu une exposi-
tion de photographies mettant en scène ses proches
– ses cousins, son pasteur, les personnes qui l’ont
élevé – et réalisées par son compatriote sud-africain
Kristin-Lee Moolman. Côté vêtements, des mannequins
assis sur des chaises en bois et vêtus des pièces de la
collection – dont ce manteau inspiré d’une nappe de
cuisine de sa grand-mère – portaient des masques, les
yeux rivés sur un écran diffusant le film de la collection.
« Avec les présentations, on peut prendre le temps de
regarder tranquillement les pièces, les toucher, discuter
avec les autres invités, rencontrer les créateurs. On
plonge dans l’histoire des designers, qui est si importante
aujourd’hui. Avec ce format, on montre aussi que la
mode est un sport collectif, ça la rend plus humaine »,
conclut Tiffany Godoy.

7 — UNIFORMES.
L’idée d’un look aussi facile à vivre que radical est sédui-
sante. Plus recherché que la panoplie jeans - tee-shirt,
dans un style unisexe ou, au contraire, très féminin,
comme un uniforme quotidien, il offre — sous ses airs
passe-partout — non pas une mais de la tenue. En ver-
sion preppy (Lacoste, A.P.C.), intégralement denim
(Koché) ou bourgeoise sans frontières (Lemaire).


7 - Lemaire.
7 - A.P.C. 7 - Lacoste. 7 - Koché.

8 - Patou. 8 - Thebe Magugu.
8 - Roger Vivier.

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LE GOÛT

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