Le Monde - 14.03.2020

(WallPaper) #1

Romy Schneider, au “max” de la SENSUALITÉ.


ALORS QUE VIENT DE SORTIR “LES CHOSES DE LA VIE”,
Claude Sautet quitte, avec son film suivant, Max et les ferrailleurs
(1971), l’univers bourgeois du long-métrage qui l’avait replacé
auparavant sur le devant de la scène. Le réalisateur français passe
à des personnages beaucoup moins fréquentables : un flic per-
vers croisant un ami d’enfance devenu délinquant, décidé à
fomenter un piège pour l’incarcérer ; une prostituée, auprès de
laquelle ce même flic se fait passer pour un banquier prévenant
et attentionné pour lui soutirer des informations sur l’ami d’en-
fance dont il a juré la perte. Après les bourgeois idéalistes et
mélancoliques des Choses de la vie, Sautet s’intéresse soudain
aux marginaux, à leur exact opposé. Pour cela, le cinéaste fran-
çais reconstituait le couple Romy Schneider-Michel Piccoli des
Choses de la vie, pour montrer à quel point, en changeant leur
costume, il devenait possible de tout changer.
Romy Schneider s’était pratiquement lancée dans une campagne
de lobbying pour obtenir le rôle de cette prostituée, en abreu-
vant son metteur en scène de télégrammes. Sautet essayait
même de minorer la dimension de ce personnage pour ne pas
effrayer Schneider, qui y voyait, très justement, la condition de
son émancipation à l’écran. Après le rôle de l’impératrice Sissi à
qui elle était trop associée, après son retour au cinéma dans
La Piscine puis dans Les Choses de la vie, deux rôles qui ne lui
collaient peut-être pas encore assez à la peau, Schneider avait
décidé que cette prostituée deviendrait son alter ego. Enfin, à
33 ans, elle voulait assumer, à l’écran s’entend, son âge adulte.
L’actrice autrichienne avait fréquenté plusieurs bars. Il s’était éta-
bli une immédiate proximité entre les prostituées qu’elle rencon-
trait en compagnie de Claude Sautet.
C’est d’évidence l’un des rôles où l’actrice prend le plus de plaisir
à l’écran. Pas seulement en raison du côté tabou de la profession
de son personnage, mais aussi parce que son impressionnante
beauté traduit combien elle est heureuse de rompre définitive-
ment avec l’image niaise de Sissi, avec la certitude d’être désor-
mais devenue une grande actrice. La sensualité troublante de
l’actrice, une volonté de sexualiser sa personne, comme si cette
liberté lui était enfin autorisée, nous renseigne autant sur
Schneider en 1971 que sur une époque assumant sereinement la
liberté des corps.

Texte Samuel BLUMENFELD

SUR TOUS VOS ÉCRANS

C’est presque devenu un cliché. Le cinéma de Claude Sautet reste
celui des histoires d’amour inabouties, dont les protagonistes réa-
lisent, alors qu’il est déjà trop tard, qu’ils sont passés à côté de leur
vie. À la fin de Max et les ferrailleurs, la voiture de Michel Piccoli
s’arrête devant un café. Lui et Romy Schneider sont séparés par la
vitre d’une voiture et la vitrine du bistrot. Leurs regards se figent et,
au moment où ils se croisent, ils prennent la mesure de ce qu’ils
ressentent en sachant qu’ils ne se reverront jamais. Cette mélancolie
nous renvoie à la nostalgie d’une époque. Elle nous rappelle aussi
que personne ne l’a aussi bien incarnée que Romy Schneider.
MAX ET LES FERRAILLEURS (1 H 52), DE CLAUDE SAUTET, EST ÉDITÉ EN BLU-RAY
PAR STUDIOCANAL.

Dans Max
et les ferrailleurs,
Michel Piccoli,
un inspecteur
de police,
s’éprend de
Romy Schneider,
une prostituée.

LE GOÛT

Claude Mathieu/Studiocanal. Ilin Shop


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