Le Monde - 14.03.2020

(WallPaper) #1

Avis recommandés.EXPOS, BEAUX LIVRES, BONNES ADRESSES... 7 IDÉES POUR UNE SEMAINE


ENQUÊTE MONSTRE
L’écrivain Yannick Haenel le dit
d’emblée : son livre sur l’artiste rou-
main Adrian Ghenie ne relève ni de
l’histoire de l’art ni de la critique.
Encore moins de la biographie, éva-
cuée en quelques phrases. L’exercice
auquel il se prête consiste plutôt
en une « enquête passionnée », une
plongée dans la violence chroma-
tique d’un peintre surdoué qui,
en dix ans, est devenu le chouchou
du marché de l’art. En une cinquan-
taine de tableaux, l’auteur de Tiens
ferme ta couronne décrypte le geste
convulsif de Ghenie, ses grandes
références – Bacon et Van Gogh –,
son appétit pour la démesure et
plus encore son obsession du mal.
« Il existe dans toute œuvre une
cachette où loge le monstre », écrit
Haenel. Chez Ghenie, ce dernier
prend les traits d’Hermann Göring,
auquel le peintre a consacré quatre
œuvres, mais aussi Adolf Hitler,
Nicolae Ceaucescu ou, plus récem-
ment, Donald Trump.
ADRIAN GHENIE. DÉCHAÎNER LA PEINTURE,
DE YANNICK HAENEL, ACTES SUD,
224 PAGES, 37 €.

LE FIL DE L’INTIME

Une femme nue sous


la douche. La même


sirotant son café dans


une cuisine. L’artiste


Billie Zangewa,


prototype de l’Africaine


élancée, cultivée,


urbaine et écolo, expose


son quotidien dans des


patchworks de soies


présentés à la galerie


Templon, à Paris. Plutôt


qu’un délire narcissique,


ces broderies raffinées


se lisent comme


une ode subtilement


séditieuse à la féminité.


Originaire du Malawi


puis basée en Afrique


du Sud, Zangewa a vu,


enfant, sa mère et ses


amies s’épancher sur


leurs malheurs lors


de séances collectives


de couture. Adulte,


elle opte pour un


féminisme en négatif,


en effaçant presque


la figure masculine, si


ce n’est l’image de son


fils, qu’elle élève dans


le respect des femmes.
« BILLIE ZANGEWA. SOLDIER OF LOVE »,
DU 14 MARS AU 9 MAI, GALERIE DANIEL
TEMPLON, 30, RUE BEAUBOURG, PARIS 3e.
TEMPLON.COM

Picasso à la plage
Partant d’une pièce-phare de
ses collections, Femme assise
sur la plage, toile peinte en 1937
(la même année que Guernica),
le Musée des beaux-arts de Lyon
propose d’aborder l’œuvre
de Picasso à travers le thème
des  baigneuses, largement traité
et réinterprété par l’artiste. Au total,
pas moins de 150 œuvres seront
présentées, en partenariat avec
le Musée national Picasso-Paris
et avec le concours de la fondation
Peggy Guggenheim, à Venise.
Au programme, des tableaux du
maître espagnol, certes, mais aussi
de ceux qui l’ont ou qu’il a influen-
cés : d’Ingres à Cézanne, en pas-
sant par Renoir ou Henry Moore.
Ce à quoi s’ajouteront des pièces
d’archives et des photographies
(de Dora Maar ou Eileen Agar)
relatives aux nombreux et très
documentés séjours de Picasso en
bord de mer.
EXPOSITION « PICASSO. BAIGNEUSES ET
BAIGNEURS », DU 18 MARS AU 13 JUILLET,
AU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE LYON,
20, PLACE DES TERREAUX. MBA-LYON.FR
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