COMMUNIQUÉ SAMEDI 14 MARS 2020❶
Spécial Néphrologie
LA 15EÉDITIONde la Semaine du
Rein devait se tenir du 7au 14 mars.
Malheureusement,victimeducoro-
navirus Covid-19,elle a été annulée.
Cette manifestation s’appuie en
effet sur un dépistage gratuit des
maladies rénales,proposé dans plu-
sieurs régions. Un dispositif assuré
par des personnes bénévoles dia-
lysées et greffées, pour lesquelles
«l’épidémiedecoronavirusprésente
des risques pourl’état de santé »,
indique-t-on chez France Rein,l’as-
sociation qui organisel’év énement
avec des professionnels de santé.
Selon une estimation de la HAS,
3millionsdepersonnesontlesreins
malades etl’ignorent. La Semaine
du Rein avocation à sensibiliser le
public àl’intérêt du dépistage,alors
qu’il n’existe pas de symptômes
spécifiques et qu’on découvre toujours trop tard ces maladies.Une maladie
rénale non détectée débouche souvent sur une insuffisance rénale néces-
sitant une suppléance : les reinsn’assurent plus leur fonction defi ltres de
l’organisme. Et il faut alors placer le patient en dialyse, en attendant qu’il
puissebénéficier,s’ilyestéligible,d’unegreffederein.«Actuellement,près
d’un tiers des patients entrent en
dialyse en situation d’urgence, ce
qui témoigne d’une surveillance
insuffisante du risque de mala-
die rénale,précise le Dr Thévenin-
Lemoine, conseillère médicale de
France Rein.Pourtant,le dépistage,
qui repose sur un test d’urines
(recherche de micro-albuminurie)
et un test sanguin(dosage de la
créatinine)sontsimplesàeffectuer
et peu coûteux.»
Deux facteurs de risque principaux
sont impliqués dansl’insuffisance
rénalechronique:lediabètedetype 2
et/ou l’hy pertension artérielle.
« Des examens doivent être faits
touslesanschezcespatients,ajoute
le DrThévenin-Lemoine.Or ce n’est
pas le cas pour la micro-albuminu-
rie, insuffisamment prescrite. »
Outre le traitement de ces maladies,avec l’objectif d’équilibrer les para-
mètres biologiques, des mesures diététiques sont nécessaires de même
que l’administration de médicaments qui permettent de freiner la dégra-
dation de la fonction rénale.« C’est pourquoi il faut sensibiliser patients et
médecins sur la nécessité d’un dépistage régulier. »ȖStéphaneCorenc
PRÈSDE90000personnesenFrance
sont atteintes actuellement d’une
insuffisance rénale chronique dite
terminale:lesreinsnefonctionnent
plus et les patients doivent alors re-
couriràladialyseoubénéficierd’une
greffe de rein.La prévalence de cette
maladie progresse, en raison princi-
palementdelahaussedesfacteursde
risque tels que le diabète oul’hy per-
tensionartérielle. Ainsi,entre2016et
2017,ilyaeuuneprogressionde2,5%.
La greffe de rein reste le traitement
qui permetau patient de retrouver
une vie normale, à la condition d’un
suivi médical à vie. Mais tous les
patientsnepeuventenbénéficier.
UNTAUX DE REFUS
QUI NE BAISSE PAS
Outre le fait d’être éligible àl’inter-
vention chirurgicale et de bénéfi-
cier d’un greffon compatible, il faut
attendre engénéral de longs mois
avant d’être opéré : en 2018, seuls
20 % des patients inscrits sur la liste
d’attente ont pu être greffés dans
l’année.« La législation sur le don
d’organes s’est certes améliorée,
indiqueleDrPatrickErrard,Directeur
Général d’Astellas Pharma France.
Le prélèvement sur donneur décédé
est désormaisautorisé de façon sys-
tématique, à moins que la personne
ne se soit inscrite sur le registre na-
tionaldesrefusounes’ysoitopposée
par écrit ou oralementauprès de ses
Transplantation rénaleǮDON D’ORGANES :
UNE PRIORITÉ MAJEURE
TROP DE PERSONNES
S’IGNORENT MALADES
Intervention de référence en cas d’insuffisance rénale terminale, la greffe de rein
est dépendante de la disponibilité des greffons.
©JARENWICKLUND(Handsomefatherplayingwithdisabled son)-fotolia.com/DR
proches. Mais la plupart des équipes
médicales sollicitent d’abord l’av is
de la famille, ce qui restreint dans les
faits les possibilités de prélèvement
d’organes. »Le taux de refus de pré-
lèvement sur donneur décédé est de
l’ordrede30 %,contre15 %enEspagne.
« Ce taux, plutôt important par rap-
portauxpayscomparables,s’explique
notamment par un manque de res-
sources humaines pour accompa-
gner au mieux les familles. En effet,
il existe encore un besoin de forma-
tion des professionnels de santé »,
expliqueleDrPatrickErrard.
CONTINUER DE DÉVELOPPER
L’ACTIVITÉ DE DONNEURSVIVANTS
En 2019,3 641 greffes de rein ont eu
lieu,dont 3 133 à partir de donneurs
fragiles»,ajoute-t-il.Ainsi,selon lui,
ilyavingt-cinqans,leprincipaldéfi
était d’améliorer les traitements
immunosuppresseurs pour réduire
le risque de rejet du greffon.L’enjeu,
à présent, est d’adapter les traite-
ments en fonction de la fragilité des
greffons et des comorbidités poten-
tielleschezlereceveur.
PROMOUVOIR LACULTURE
DU DON D’ORGANES
Astellas Pharma, laboratoire japo-
nais, estl’un des principaux fabri-
cants de traitements immunosup-
presseurs visant à réduire le risque
de rejet de la greffe.« Personnen’a
encore trouvé comment renforcer
la tolérance du greffon,l’enjeu est
d’améliorerlapriseenchargedupa-
tient avec les immunosuppresseurs
existantsaujourd’hui »,affirme le
Dr Patrick Errard,avant d’ajouter:
« Notre rôlen’est pas simplement
de mettre à disposition les médica-
ments immunosuppresseurs, mais
bien de contribuer à une meil-
leure organisation de lafi lière de la
transplantation. Nous souhaitons
notamment participerau partage
de la bonne information entre les
équipesmédicales,lesassociations,
les patients et leur entourage.»
Astellasmetégalementenplacedes
actions de sensibilisation sur le don
d’organesauprèsdugrandpublic.
ȖStéphaneCorenc
©Adiano - stock.adobe
.com / DR
décédés et 508 à partir de donneurs
vivants. Ces prélèvements sont
aujourd’hui bien encadrés juridi-
quement et médicalement et per-
mettent de récupérer des greffons
de bonne qualité sur des adultes en
bonne santé.« Les équipes de trans-
plantation hésitent à s’engager sur
©AstellasPharma/DR
Maladies silencieuses,les pathologies rénales sont engénéral découvertes
trop tard.Il faut donc améliorer leur dépistage.
ǮTRIBUNE
DE RÉELS
ESPOIRSCONTRE
L’INSUFFISANCE
RÉNALE
LA SEMAINE MONDIALEdu rein
constitue pour la communauté des
néphrologues un moment impor-
tant : elle permet d’informer le
public sur les maladies rénales,qui
sont en partieévitables grâce à la
réduction des facteurs de risque et
aux traitements dits « de néphro-
protection ». Environ un Français
sur dix est ou sera concerné, durant
son existence, par une affection
rénale. Une prévalence forte, qui
s’explique par le fait quel’insuffi-
sance rénale fait partie des compli-
cations de pathologies chroniques
très fréquentes, comme le diabète,
l’hy pertension artérielle ou les ma-
ladies cardio-vasculaires.De même,
on sait que certains facteurs de
risque accroissent le risque de per-
turbation de la fonction rénale : le
tabagisme,l’obésité,lasédentarité...
Aujourd’hui,la première des priori-
tésrestelapromotiond’undépistage
plus précoce. Maladie silencieuse,
l’insuffisance rénale chronique est
le plus souvent détectée trop tard,
alors que desexamens simples per-
mettent del’identifier. Côté traite-
ments, de nouveaux médicaments
sont en cours d’évaluation, avec
l’espoir de freiner plus efficace-
ment la dégradation de la fonction
rénale et de retarder le risque, pour
le patient,d’entrer en dialyse ou de
devoirsubirunegreffederein.
En cas d’insuffisance rénale ter-
minale, les modalités de prise en
charge s’améliorent de façon conti-
nue, grâce aux avancées technolo-
giques.Il est nécessaireaujourd’hui
de tenir compte de la qualité de
vie dans le choix des traitements
et de donneraux patients tous les
moyens de concilier leur vie quoti-
dienneavec un traitement comme
la dialyse, qui prend beaucoup de
place. C’est le cas de la dialyseà
domicile, hémodialyse ou dialyse
péritonéale. Il faut surtout privi-
légier la transplantation, qui est le
meilleur des traitements. Elle est
limitée par la pénurie chronique de
greffons et on ne rappellera jamais
assez aux Français qu’il faut accep-
terledond’organes.ȕ
Pr Maryvonne
Hourmant,
présidente de
la Société francophone
de néphrologie, dialyse
et transplantation.
© SFN / DR
« Notre rôlen’est
pas simplement de
mettre à disposition
les médicaments
immunosuppresseurs,
mais bien de
contribuer à une
meilleure organisation
de la fi lière de la
transplantation.
Patrick Errard
« Notre rôlen’est
pas simplement de
mettre à disposition
les médicaments
immunosuppresseurs,
mais bien de
contribuer à une
meilleure organisation
de la fi lière de la
transplantation.»
Dr Patrick Errard
Daté du 14 mars 2020, GrandAngle est éditéparCommÉdition•Directeur général Éric Lista •CommÉdition,agence de communication éditoriale •www.commedition.com •RédactionStéphane Corenc• Secrétariat
de rédaction Iris Mondrian •Maquette & réalisationAline Joly (andie.j) • LARÉDACTION DU QUOTIDIENLE MONDEN’A PAS PARTICIPÉÀ LA RÉDACTION DE CE COMMUNIQUÉ.NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT.
cette voie et s’orientent le plus sou-
vent sur des greffons prélevés sur
des personnes décédées »,souligne
le Dr Patrick Errard.« Il est vrai que
lesrisquespourledonneurvivantne
sont pas nuls et font privilégier pour
beaucoup la politique du donneur
cadavérique. Autre sujet, nous
sommes de plus en plus confron-
tés à des prélèvements sur des per-
sonnes âgées en état de mort céré-
brale et donc à des greffons plus