Les Echos - 13.03.2020

(sharon) #1

10 // FRANCE Vendredi 13 et samedi 14 mars 2020 Les Echos


MUNICIPALES 2020


Retrouvez les résultats du 1


er
tour du scrutin

Tout comprendre duvote desFrançais


LUNDIDANS LEPARISIEN ET AUJOURD’HUI EN FRANCE


IL YA


DES DIMANCHES


QUI COMPTENT


PLUS QUE D’AUTRES


deux séries d’épreuves, tout en garan-
tissant un accès à leurs copies et à
leurs notes avant la mi-juillet », expli-
que le ministère de l’Education.
Autre mesure décidée, l’élargis-
sement de l’accès à la banque natio-
nale d e sujets (BNS), qui s ert de base
pour les énoncés des épreuves.
Cette base de données sera ouverte
« à tous les professeurs pour faciliter
le travail commun », affirme le
ministère. Dans un second temps,
elle sera aussi accessible « au grand
public, dès lors qu’un nombre suffi-
sant par discipline (sera) atteint ».
Avec cette dernière possibilité, le
ministère estime que les élèves et
leurs familles « pourront avoir con-
naissance des sujets, les préparer s’ils
le souhaitent et ainsi progresser ».

Porte ouverte à d’autres
aménagements
Alors que certains opposants à ce
mode de contrôle réclament des
changements beaucoup plus radi-
caux (à l’image des syndicats de
proviseurs qui souhaitent l’annula-
tion des E3C), le ministre de l’Edu-
cation laisse par ailleurs la porte
ouverte à d’autres aménagements.
Mais, a averti Jean-Michel Blan-
quer, la prise en compte de certai-
nes propositions évoquées au cours
des travaux du comité d e suivi, « des
considérations d’équité, ainsi que le
respect des informations données
aux élèves et à leurs familles empê-
chent de modifier les règles au cours
de l’année ». Pour autant, « d’ici à la
fin de l’année scolaire », les proposi-
tions mises sur la table « feront
l’objet d’un examen attentif »,
affirme le ministère.n

Claude Fouquet
@ClaudeFP

Le ministre de l’Education, Jean-
Michel Blanquer, revoit sa copie
pour les prochaines épreuves de
contrôle continu du nouveau bac
pour les élèves de première. Ainsi
tente-t-il de répondre aux nom-
breuses perturbations qui se sont
succédé ces derniers mois dans des
dizaines d’établissements. Les ajus-
tements annoncés par le ministre
sont destinés à assouplir le disposi-
tif. Ils reposent principalement sur
un calendrier élargi, destiné à assu-
rer aux élèves une « durée d’appren-
tissage suffisante ».
Depuis leur lancement le 20 jan-
vier, ces épreuves, baptisées « E3C »
(pour épreuves communes de
contrôle continu), réparties en trois
sessions sur les années de première
et de terminale, comptent pour 30 %
de la note finale. Si comme prévu ini-
tialement, « les é preuves de l a
deuxième session pourront se dérou-
ler, au choix des établissements, à par-
tir d u 20 avril », elles pourront d ésor-
mais se faire « jusqu’au mois de
juin ». Un mois plus tard que ce qui
avait été décidé à l’origine.
« Cela assure aux élèves une durée
d’apprentissage suffisante entre les

Le ministre de l’Education
nationale, Jean-Michel
Blanquer, a dévoilé jeudi
les aménagements décidés
pour la deuxième vague
des « E3C », les épreuves
communes de contrôle
continu du nouveau
baccalauréat.

Blanquer assouplit le


calendrier du nouveau bac


La Cour des comptes étrille


les lycées professionnels


Marie-Christine Corbier
@mccorbier

C’est un document qui va faire l’effet
d’une bombe. Alors que des contes-
tations se poursuivent autour des
épreuves de contrôle continu du
bac, la Cour des comptes recom-
mande, dans un référé publié jeudi,
d’aller e ncore plus l oin d ans
la réforme du lycée.
Les magistrats financiers font des
propositions explosives. Comme
celle d’« aller vers un lycée général

inclusif », offrant à la fois les forma-
tions générale, professionnelle et
technologique. Ou de « fusionner »
les corps d’enseignants du second
degré, en mêlant certifiés et profes-
seurs de lycée professionnel.
Les réformes engagées depuis
1985 « n’ont pas atteint leurs buts »,
déplore la Cour. Car « les politiques
nationales d’orientation ont privilégié
la voie générale et technologique au
détriment de la voie professionnelle »
et ont « de facto contrecarré les efforts
engagés pour en améliorer l’attracti-
vité », pointe-t-elle. Les élèves qui y
sont scolarisés sont « restés en diffi-
culté scolaire, voire en très grande dif-

ficulté scolaire » et les conditions
d’insertion professionnelle sont
« décevantes ».
Le coût annuel du lycéen en for-
mation professionnelle est « 15 %
plus élevé que celui du lycéen général
ou technologique », dénonce la Cour,
notamment en raison de la taille des
établissements, « inférieure d e moitié
à celle des lycées d’enseignement géné-
ral et technologique ». Pour en finir
avec des « surcoûts injustifiés », elle
recommande de réduire les « surca-
pacités » et de « regrouper » les lycées
professionnels de « moins de 500 élè-
ves », pour éviter de maintenir en
certains endroits « des formations
peu pertinentes, peu propices au suc-
cès d’une insertion professionnelle,
comme de la poursuite d’études ».
Elle souligne aussi « une trop
grande diversité de formations diplô-
mantes », à laquelle le gouverne-
ment actuel a commencé à s’atta-
quer a vec la mise en place
de familles de métiers dans le cadre
de la réforme engagée en 2018 par le
ministre de l’Education, Jean-Mi-
chel Blanquer.

Chiffon rouge
La Cour suggère de lever d’autres
« obstacles structurels récurrents ».
Notamment de fusionner les corps
des professeurs de lycées profes-
sionnels et de certifiés, ce qui
permettrait aux professeurs de dis-
ciplines générales des lycées profes-
sionnels d’enseigner en filière géné-
rale et technologique. La Cour y voit
des « possibilités de mutualisation de
la gestion des enseignants au sein des
lycées polyvalents ».
Maniant sans g ants la question du
travail des professeurs de lycées pro-

fessionnels, les magistrats souli-
gnent aussi que « les heures d’ensei-
gnement non réalisées p ar les
enseignants lorsque les élèves sont en
entreprise ne sont pas suffisamment
décomptées » et redéployées. C’est
pourtant un temps pendant lequel
ces enseignants expliquent réguliè-
rement gérer le suivi de leurs élèves
en stage, se déplacer dans les entre-
prises, voire continuer à chercher
des stages pour les retardataires...

Si cette fusion avait lieu, la Cour
recommande d’étendre aux profes-
seurs de collège l’enseignement de
deux disciplines (mathématiques et
physique, par exemple) qui est la
règle pour les enseignants de lycées
professionnels. Cette « bivalence »,
régulièrement recommandée par
les magistrats, fait figure de chiffon
rouge dans l’enseignement général.
Quant aux professeurs de lycée
professionnel, dont b eaucoup
s’inquiétaient de la réforme du gou-
vernement perçue comme une
menace, le référé de la Cour des
comptes ne va pas contribuer à les
rassurer. Contrairement aux prati-
ques habituelles, le ministère de
l’Education nationale n’a adressé
aucun commentaire à la Cour
concernant ce référé.n

l« Surcoûts injustifiés », formations « peu pertinentes », établissements trop


petits : la Cour des comptes dresse un bilan sombre des lycées professionnels.


lElle préconise un seul modèle d’établissement, « inclusif », et recommande


de fusionner les corps de professeurs du second degré.


ÉDUCATION


Le coût annuel du
lycéen en formation
professionnelle
est 15 % plus
élevé que celui
du lycéen général
ou technologique.

La Cour des comptes préconise de réduire les « surcapacités »
en regroupant les lycées professionnels de « moins de 500 élèves ».

Patrick Allard/RÉA

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