Les Echos - 13.03.2020

(sharon) #1
LES ECHOS WEEK-END – 67

SPÉCIALPARIS


Installéedans un immeuble
de briquesduXIIIe
arrondissement,l’École
de l’image desGobelins
forme chaque année
une soixantaine d’étudiants
au cinéma d’animation.
Triéssur levolet,ils
se répartissent en deux
promotions:l’une
francophone, l’autre
internationale. La session
en coursaccueille dix-sept
nationalités,refletdel’aura
mondiale decettefilière.
Depuis desannées,c’est
auxGobelins que lespoids
lourds américains
de l’animation viennent
recruter lestalentsdont
ils ontbesoin.Parmi eux,
KristofSerrand, l’un des
pontes de DreamWorks
(Shrek,Madagascar,
Dragons),arrivéen1 994
dans le studio créé par
Spielberg. Mais aussi Pierre
Coffin, coréalisateur deMoi,
moche et méchant et des
Minions,ouLouis Clichy, qui
atravaillé chezPixaravant
de tourner deux«Astérix »
avecAlexandreAstier.
Parmi lesgrands noms issus
de cetteinstitution figurent
aussi RiadSattouf(Les

Cahiersd’Esther),DenisDo,
récompensé du prix du
meilleur film auFestival
international du film
d’animation d’Annecy pour
Funan.Ilyaquelquesjours,
àlaBerlinale, deux films
de fin d’études–Un diable
dans lapoche,de Mathilde
Loubes et AntoineBonnet,
etBlack SheepBoy,de
JamesMolle (illustration),
étaient encompétition.
Une desforcesdel’école
estson réseau d’« alumni »,
les«anciens»secooptant
volontierssur lesgrosses
productions ou les
nouvellesséries.Àl’origine,
en 1963, lesGobelins
étaient dédiésaux métiers
de la photographie.
Puis l’établissement s’est
diversifié dans lesindustries
graphiques, le design
numérique et le jeu vidéo.
Dans son sillage, une
kyrielle d’écoless’est créée
en France. Et une industrie
aémergé,portée par
desstudiostelsIllumination
Mac Guffou Mikros,
qui opèrentàParis etfont
de l’Hexagone le leader
européendusecteur en
nombredefilms produits.

ÇA CARTOON


LESFRICHES


FLEURISSENT


La REcyclerie (photo),avecsapetite ferme
urbaine,àlaportede Clignancourt, les Grands
VoisinsàDenfert-Rochereau, devenus un
laboratoire des pratiques sociales, Ground
Control,pointu sur la restauration, près de la
Gare deLyon,laStation, vitrine de la musique
underground,àlaporte d’Aubervilliers...
Bienvenue dans le monde des friches
culturelles, également appelées«tiers lieux »,
ovnis urbains de plus en plus identifiés,

LES GOBELINS,


STARS DEL'ANIMATION


de moins en moins sauvages. Leur durée de vie
limitée leur confère un charme certain, façon
scèneexpérimentale, même siàforce de
se multiplier,elles ont fini parvoir s’évaporer
la spontanéité des débuts. D’une ancienne gare
àcharbon de la SNCFàune maternité
désaffectée desbeaux quartiers, d’un bâtiment
abandonné par Alstomàunquelconque terrain
vague, les propriétaires de ces terrains de jeu,
souventvastes, souhaitent tirer un trait sur leur
passé?Les friches se chargent de les projeter
dans le présent.Tous les coups sontpermis :

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TERRAINSPASSIVAGUES


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concerts,expos, festivals, fiestas, fab-labs,
concept stores, ateliers, master class, espaces
de coworking ou encore projections-débats,
attirant auxbeaux jours et surtout leweek-end
un public amateur de loisirs de plein air.
La gastronomie est également de la partie,
de l’honnête comptoir bio au«foodcourt »
de compétition. Mais l’esprit ludiqueporte
une action militante.ÀNanterre, unepépinière
(Viveles Groues)apris forme au pied des tours
de la Défense;àPantin, une ruche (la Cité
Fertile)sème les graines de la ville de demain ;
sur leboulevard Exelmans, dans le XVIe,
une ancienne caserne depompiers (Les Cinq
Toits)reçoit demandeurs d’asile, réfugiés
et familles en situation de précarité. Car,pour
ces lieuxhybrides, l’enjeu est aussi de déjouer,
le temps de leur présence, la pression de la
«gentrification»etd’insuffler lapossibilité
d’un autre urbanisme.Pari gagnant?
La réponse ne saurait tarderpour les Grands
Voisins. Après cinq ans debons et loyaux
services, et de fêtes mémorables, cette friche
pionnière laissera place,àpartir du 26 juillet,
àlaconstruction d’un«écoquartier ».

DR


MIYU DI


STR


IBUTION

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