Les Echos - 13.03.2020

(sharon) #1
80 –LES ECHOS WEEK-END

SPÉCIALPARIS


Sesétoiles brillent sur les scènes du monde
entier.Plus de trois cents ans après sa
naissance, sa vitalité reste intacte, sa modernité
àlapointe, son prestigeàl’égal duBolchoï
ou duNewYorkCityBallet. Le Ballet de l’Opéra
national deParis, qui sort de la plus longue
grèvedeson histoirepour préserverson régime
de retraite(encore un de ses records !),
est uneFrance en miniature, frondeuse mais
mondialisée, attachéeàses traditions mais
ouverte sur le monde, résolument paradoxale
mais partout objet d’admiration. DeSergeLifar
àRudolfNoureev,les plus grands l’ont dirigé.
Figure de proue de la danse académique
avectous les grands ballets inscrits
àson répertoire, le Ballet intègre la danse
contemporaine dès 1973 en invitant
les chorégraphes Carolyn Carlson et Merce
Cunningham. Elleyoccupedésormais une
place importante dans sa programmation
et contribueàson rayonnement international.
Mais comme toutes les institutions
séculaires, la force du Ballet est de savoir
résister aux soubresauts du moment, depuis
les luttes depouvoir internes–régulières,
parfois violentes–jusqu’aux assauts parfois
désordonnés d’une modernité de circonstance.
Malgré leur 25 ans de moyenne d’âge,
les 154 danseurs de la troupeont avant tout
pour rôle de préserveretd’exporter le style
français, dont le Ballet est l’incarnation depuis
Louis XIV.C’est en 1713,peuavant la mort
du monarque, qu’est créée l’École royale
de danse. Dès 1681, les premières danseuses
professionnellesyfont leur apparition. Elles ne

LESPOINTES


DE L’EXCELLENCE


ENTRECHATS ET PETITS RATS


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cesseront jamais d’occuper le haut de l’affiche.
Les vraies stars du Ballet, tout au long
de son histoire, restentavant tout les ballerines.
Aujourd’hui encore,c’est une femme, l’ancienne
danseuse étoileAurélie Dupont, qui le dirige.
Elleasuccédéàune autre femme, Brigitte
Lefèvre, après le court intermèdeBenjamin
Millepied. Les dirigeants passent, la tradition
–qu’ils sont chargés de préserver–reste.
Le Ballet de l’Opéra deParis est un morceau
de l’identité française. Onn’youblie jamais
l’influence de ces professeurs de danse qui,
dès lexviiiesiècle,exportaient leur savoir-faire
dans les grandes capitales européennes.
Aujourd’hui encore, la langue officielle
de la danse classique, notammentpour les
termes techniques, est le français.
Quant au fameux style, inspiré du goût
du paraître qui donna tout son éclatàlacour
du roiSoleilauxviiesiècle, ilse distinguepar
l’élégance, le raffinement, l’approche dramatique
des rôles, mais aussi uneextrême rigueur
techniqueque, aux dires desspécialistes, l’on
retrouvedansla finitiondugeste,plusexigeante
ici quepartoutailleursdanslemonde.C’est cette
culturequecette trouped’élitedéfend àchacune
de ses quelque180 représentationsenFrance et
dansle monde.Toujoursaveclemême succès.

Sérénade,
de George Balanchine,
un des ballets de
la saison 2019-20
de l’Opéra de Paris.
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