Les Echos - 13.03.2020

(sharon) #1

Les Echos Vendredi 13 et samedi 14 mars 2020 ENTREPRISES// 23


mécénat


Martine Robert
@martiRD

Les femmes cheffes d’orchestre
souffrent encore de nombreu-
ses discriminations. Sur les
778 orchestres symphoniques
permanents recensés dans le
monde, 48 seulement ont à leur
tête une directrice musicale ou
une cheffe, soit 6,2 %. Certes, en
2018, elles n’étaient que 4,3 %.
Mais ces r ésultats r estent
pitoyables.
De quoi agacer l’une de nos
plus célèbres cheffes françaises,
Claire Gibault, qui a créé sa pro-
pre formation il y a onze ans, le
Paris Mozart Orchestra (PMO) :
un ensemble engagé et solidaire
qui défend la musique classique,
la création contemporaine, le
décloisonnement des arts, pour

toucher les publics les plus éloi-
gnés, des établissements scolai-
res défavorisés aux prisons...
« J’ai constaté que les program-
mes mis en place aux Etats-Unis
ou au Royaume-Uni pour pro-
mouvoir de jeunes cheffes por-
taient leurs fruits. Alors j’ai décidé
de lancer en France La Maestra,
un concours et une académie des
cheffes d’orchestre », explique
Claire Gibault.
D’emblée, elle reçoit un
accueil enthousiaste de Laurent
Bayle, le directeur général de la
Philharmonie de Paris où se
dérouleront les épreuves du 16
au 19 mars. Claire Gibault solli-
cite alors les mécènes fidèles de
son orchestre. « J’ai présenté
mon projet à Dominique Sene-
quier, présidente d’honneur de la
Fondation Ardian et soutien du
PMO, elle a été convaincue et a
décidé de financer l’organisation
du concours », raconte-t-elle.
Dominique Senequier, égale-
ment administratrice de la Fon-
dation belge Polycarpe, qui
organise son propre concours
de chefs d’orchestre d’opéra, la
met alors en contact avec Natha-
lie Rastoin, directrice générale
du groupe Ogilvy France, qui lui
conseille, pour l’image, la légiti-
mité du concours, de bien le
doter et de bien le médiatiser.
Claire Gibault poursuit son tour
de table et se tourne vers Marie

Stéphane Maradeix, déléguée
générale de la Fondation Daniel
& Nina Carasso, autre mécène
de longue date du PMO. « Je rêve
depuis des années d’un concours
qui porterait votre nom! » lui
révèle alors celle-ci.

Budget bouclé
en quelques mois
La déléguée générale de la Fon-
dation ADP, Laure Kermen-Le-
cuir, apporte dans la foulée sa
contribution. Suivront encore le
Crédit Mutuel, dont le président,
Nicolas Théry, est très investi
pour la parité femme-homme,
le Chanel Fund for Women in
the Arts and Culture apporté p ar
le réseau de la Philharmonie, et
l’association Musique nouvelle
en liberté, impliquée dans la dif-
fusion des compositeurs con-
temporains. En quelques mois,
le budget de 400.000 euros est
bouclé. « Plusieurs de ces femmes
mécènes de ma génération ont dû,
comme moi, vivre les humilia-
tions et les réticences, se bagarrer,
pour y arriver », poursuit Claire
Gibault.
Ce concours, qu’elle codirige
avec Laurent Bayle, est doté de
trois prix du jury de 20.000,
10.000 et 5.000 euros, ainsi que
de trois prix spéciaux : ceux des
musiciens du PMO, du Comité

des salles et orchestres français,
et de l’European Concert Hall
Organisation. La directrice
générale du New York Philhar-
monic, Deborah Borda, préside
un jury exigeant, international
et paritaire, comprenant trois
cheffes et trois chefs d’orchestre.
Les premières épreuves, la répé-
tition générale et la finale seront
ouvertes au public.
Les lauréates seront accom-
pagnées sur deux ans au sein de
l’Académie La Maestra gérée
également par le PMO et la Phil-
harmonie, avec au menu, des
concerts, ateliers, master class,
enregistrements, actions socia-
les, comme les orchestres pour
enfants Démos.
« Pour cette première édition,
nous avons reçu 220 candidatu-
res de 51 pays et en avons retenu


  1. Je suis étonnée par le niveau et
    le charisme des candidates. Trop
    de directeurs de salle ne prennent
    même pas la peine de les recher-
    cher. Si bien qu’on nous demande
    à présent les dossiers de celles qui
    n’ont pas été retenues! » se féli-
    cite la cheffe du PMO.
    Il était temps : la France ne
    figure même pas dans le Top 10
    des pays ayant le plus de femmes
    à la tête d’un orchestre. Au rang
    des meilleurs élèves figurent la
    Belgique avec 37,5 %, la Norvège
    avec 28 % et les Pays-Bas avec
    22 %. Pas de quoi pavoiser...n


Le Paris Mozart Orchestra, dirigé par Claire Gibault,
en concert au Théâtre des Quinconces au Mans.

CONCOURS


Sur 778 orchestres symphoni-
ques permanents dans
le monde, 48 seulement
sont dirigés par une femme.
A la tête du Paris Mozart
Orchestra, Claire Gibault veut
changer de partition avec
l’aide de la Philharmonie et
de mécènes acquis à la cause.

Avec La Maestra,


les cheffes d’orchestre


sont à la baguette


quête de spiritueux faiblement
alcoolisés. La marque, artisanale,
est produite à raison de quelques
dizaines de milliers de caisses de
9 litres (12 bouteilles de 75 cl). Elle
vient renforcer « le portefeuille de

Denis Fainsilber
[email protected]


Neuf mois après la cession par Keo-
lis de sa plateforme de VTC LeCab
à son compatriote SnapCar, le nou-
vel attelage peaufine son modèle et
entend redonner du lustre à un sec-
teur des VTC passablement agité.
Après avoir fusionné les deux
systèmes technologiques des deux
opérateurs, la plateforme 100 %
française qui dispose d’une pré-
sence dans 24 villes et d’une popu-
lation de 10.000 chauffeurs affiliés,
non exclusifs comme il est d’usage
dans la profession, tient plus que
jamais à affirmer son positionne-
ment commercial : c elui du VTC de
qualité, en direction des entrepri-


ses (BtoB) et des voyageurs d’affai-
res. Objectif de l’entreprise qui se
refuse à donner ses comptes :
atteindre la rentabilité en 2021.
Juridiquement SnapCar restera
l’entité coiffant la plateforme, mais
commercialement la marque
LeCab, qui jouissait d’une notoriété
bien plus élevée au moment de son
rachat, sera la seule conservée à
la fin de l’année. LeCab comme
SnapCar avaient tous deux vu le
jour en 2012, à des années-lumière
des pratiques actuelles du marché
des voitures avec chauffeur.

Dégradation de la qualité
« Aujourd’hui, dans le secteur, la
qualité de service est très dégradée.
On assiste à une course effrénée
pour répondre à une demande très
importante, sans faire attention à la
qualité », déplore Hervé Fauvin,
directeur général de LeCab. Sous-
entendu : l’omniprésent Uber et
quelques autres ont gravement
endommagé le modèle initial, en se
livrant à une ruineuse course aux
parts de marché. « Nous ne sommes
pas sur le terrain du BtoC [marché
des particuliers] caractérisé par des
budgets marketing considérables,
pour lancer de perpétuels codes
promo dont le retour sur investisse-
ment reste très faible », poursuit-il.

MOBILITÉ


Sur un marché
français du VTC en
pleine effervescence,
LeCab veut capter
un tiers du marché
des entreprises.


Il vise la rentabilité
de son activité en 2021.


Romain

Fievet

« Notre budget marketing à nous
est surtout calibré pour garantir le
même revenu à un chauffeur quelle
que soi la période d ’activité, et garan-
tir un prix à nos clients. »
Au moment où Uber défraye la
chronique juridique (récemment,
la Cour de cassation a requalifié en
contrat de travail le lien unissant
un de ses chauffeurs à la plate-
forme américaine), ouvrant ainsi
la voie à un possible effet domino
dans toute la profession. LeCab
s’estime assez étranger à ce débat,

pour plusieurs raisons. « Depuis
ce recours datant de 2017, il s’est
passé beaucoup de choses, en parti-
culier la loi LOM qui définit un
certain nombre de règles, souligne
le dirigeant. Exemple, le droit à la
déconnexion, que peut appliquer un
chauffeur à n’importe quel moment
de sa journée. D’autre part, on lui
transmet les données avant chaque
course, et il peut très bien refuser.
Donc la relation de subordination
des chauffeurs n’existe pas. Uber

LeCab se targue
de mieux rémunérer
ses chauffeurs
que ses concurrents.

gue, fondateur et directeur géné-
ral d’Italicus Rosolio di Berga-
motto, Italicus est une liqueur
d’agrumes faiblement alcoolisée
(20 degrés) fabriquée dans une
petite distillerie de Moncalieri,
près de Turin, datant de 1906.

Marque artisanale
« Le fruit de Bergamote est issu
d’une région protégée par l’Unesco
en C alabre e t le cédrat vient de Sicile.
Ces ingrédients sont infusés dans de
l’eau froide afin de faire ressortir la
quintessence de leurs huiles essen-
tielles avant d’être assemblés à
l’alcool », explique l’entreprise ita-
lienne. Italicus est vendu entre 30
et 35 euros, surtout utilisé par « les
bartenders e n quête de marques ori-
ginales et faciles à mettre en
œuvre dans les cocktails », précise
le groupe français.
La boisson vise également un
public de consommateurs en

Marie-Josée Cougard
@CougardMarie


Coronavirus ou pas, « la vie conti-
nue » chez Pernod Ricard. Les
acquisitions aussi. Après l’inves-
tissement dans le gin de luxe japo-
nais Ki No Bi il y a quelques jours,
le groupe annonce une prise de
participation « significative » dans
Italicus, un apéritif italien haut de
gamme à la bergamote. Lancée en
2016 par Giuseppe Gallo, mixolo-


SPIRITUEUX


Le groupe français a
pris une participation
« significative » dans
Italicus, un apéritif
italien haut de gamme
à la bergamote
en forte croissance.


spécialités de Pernod Ricard, à forte
valeur ajoutée, et dotées d’un gros
potentiel de croissance », explique
le groupe.
Italicus est exporté en France,
au Royaume-Uni et en Allemagne,
ainsi que sur le marché américain.
Les ambitions de son fondateur
dépassent ces marchés. « L’heure
est venue d’accélérer notre distribu-
tion mondiale et de faire d’Italicus
une des marques mondiales d’ “a pe-
ritivo” les plus prospères », a com-
menté Giuseppe Gallo.
Pour Pernod Ricard, cette prise
de participation est « la dernière
d’une série de partenariats réussis
avec le gin haut de gamme Monkey
47, le whisky et les bourbons améri-
cains Smooth Ambler et Rabbit
Hole, le mezcal Del Maguey et le gin
japonais KI NO BI ». Le groupe ne
détient que peu de marques ita-
liennes, parmi lesquelles l’amer
Ramazotti et le gin Malfi.n

Pernod Ricard se développe


dans les apéritifs haut de gamme


LeCab veut s’affirmer comme le leader


du VTC premium


connaît une histoire chahutée dans
plusieurs pays, mais chez nous, les
conditions du partenariat avec les
chauffeurs sont équitables », ajoute
Hervé Fauvin.

Sélection des chauffeurs
Les 10.000 chauffeurs de la société
travaillent de fait pour deux plate-
formes différentes, voire plus,
et nombre d’entre eux, issus de la
grande remise, conservent à côté
leur clientèle particulière. Mais ils
doivent appliquer la charte de qua-
lité maison, travailler en costume
et ne peuvent prétendre aligner
une berline de n’importe quel
modèle ou n’importe quelle cou-
leur. LeCab se targue de mieux
les rémunérer que ses concur-
rents, en prélevant une commis-
sion de 20 % du prix de la course
et non pas 25 % comme ailleurs,
et de les rétribuer, en un clic, sur
une base quotidienne, grâce à un
accord avec la néobanque Revolut.
Et en ce qui concerne les tarifs
des courses, ceux-ci changent bien
sûr à tout moment, calculés par de
pointus algorithmes, « mais chez
nous, 100 % des tarifs sont des for-
faits, connus à l’avance par le client,
quand d’autres se contentent d’affi-
cher des estimations », relève le
patron de LeCab.n

Après l’investissement dans le gin de luxe japonais KI NO BI, le groupe Pernod Ricard annonce une prise de participation « significative »
dans l’apéritif italien à la bergamote, Italicus.


DR

Italicus vient
renforcer
« le portefeuille
de spécialités
de Pernod Ricard,
à forte valeur
ajoutée, et dotées
d’un gros potentiel
de croissance. »
PERNOD RICARD
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