Les Echos - 13.03.2020

(sharon) #1

Les Echos Vendredi 13 et samedi 14 mars 2020 HIGH-TECH & MEDIAS// 25


de Nollywood, ou des séries non pro-
duites par ses soins comme le
thriller sud-africain « Shadow ».
« D’habitude, on a vraiment du mal
à trouver des financements pour tour-
ner nos idées, surtout pour des projets
à grande échelle », explique Tamsin
Andersson, de la société de produc-
tion sud-africaine Diprente et pro-
ductrice exécutive de « Queen
Sono ». « Ce sont souvent des films
avec des équipes étrangères qui sont
tournés ici. Et là, tout d’un coup, on
nous dit qu’on a envie d’entendre nos
histoires! »
Pour Petri Redelinghuys, de Here-
nya Capital Advisors, « c’est aussi un
moyen de produire des contenus de
qualité à un moindre coût, car les b ud-
gets n’ont pas besoin d’être aussi élevés
que pour des productions américai-
nes, et du fait de son statut, Netflix a
l’ascendant sur les négociations. » De
plus, en misant sur les créations ori-
ginales, la plateforme s’affranchit
des problèmes de droits d e diffusion.
« Et cela lui permet de créer sur
mesure des contenus pour enrichir
son catalogue et plaire aux audiences
locales », détaille Chiti Mbizule, ana-
lyste des médias chez Fitch Solu-
tions.

Netflix ne divulgue pas son nom-
bre d’abonnés sur le continent. Tout
au plus sait-on qu’il y a 47,3 millions
de comptes sur la zone Europe, Afri-
que, Moyen-Orient. Mais selon une
étude du cabinet américain Digital
TV R esearch, le marché africain a de
quoi attirer les convoitises : les reve-
nus issus de la vidéo à la demande
devraient y être multipliés par six
d’ici 2025, e t Netflix devrait
s’octroyer la plus grosse augmenta-
tion d’abonnés, avec, à terme, 5 mil-
lions de clients.

Les défis de l’Afrique
L’enjeu pour l’américain, c’est de
s’adapter aux habitudes des Afri-
cains. « Les abonnés vont surtout
regarder Netflix sur leur téléphone.
On s’attend donc à voir aussi se déve-
lopper davantage de moyens de paie-
ment plus adaptés, comme le paie-
ment mobile », p récise Chiti
Mbizule. Le coût élevé des données
mobiles restera aussi un défi, et
l’entreprise américaine a pour cela
déjà commencé à travailler avec
des opérateurs télécoms ou
d’autres diffuseurs locaux, pour
rendre ses contenus accessibles au
plus grand nombre.

Claire Bargelès
— Correspondante au Cap
(Afrique du Sud)


Queen Sono n’a pas froid aux yeux.
Que ce s oit d ans un club chic
d’Harare ou d ans les ruelles colorées
de Zanzibar, cette agente au fort
caractère jouée par l’actrice sud-afri-
caine Pearl Thusi récolte les infor-
mations secrètes et donne de sa per-
sonne pour protéger son pays et le
continent des menaces qui l’entou-
rent, alors qu’e lle est elle-même
poursuivie par le souvenir de sa
mère.


Une production locale
C’est la toute première production
locale africaine de Netflix qui a pour
ambition de parler à un public à la
fois global et continental. Pour cela,
le géant américain du streaming a
misé sur une équipe entièrement
locale, menée par le réalisateur sud-
africain Kagiso Lediga. « Cette série
correspond exactement à ce que nous
souhaitions faire : laisser des Afri-
cains raconter leurs histoires sur
l’Afrique », s’est réjoui Dorothy Ghet-
tuba, la productrice kényane à la tête
des créations africaines pour la pla-
teforme, lors du lancement de
« Queen Sono » à Johannesbourg.
Et ce n’est que le début : une
deuxième création sud-africaine
devrait sortir cette année, la série
« Blood & Water », cette fois-ci tour-
née par Nosipho Dumisa. Netflix a
également annoncé qu’une série
nigériane d’Akin Omotoso est en
cours de préparation. Enfin, la plate-
forme devrait proposer en exclusi-
vité un dessin animé retraçant les
aventures de quatre superhéroïnes
zambiennes.
C’est le signe d’une nouvelle straté-
gie, alors que Netflix, installé sur le
continent depuis 2016, se contentait
jusqu’à présent de racheter des pro-
ductions comme des films nigérians


PLATEFORME


La plateforme améri-
caine vient de lancer
sa toute première
création originale
africaine : la série
d’espionnage
« Queen Sono ».


plusieurs de ses Salons événe-
ments tels que Viva Tech, Inclu-
sive Day, Food Summit o u
encore Medias en Seine.
Un comité Impact a notam-
ment été créé au sein du groupe
Les Echos - Le Parisien. La der-
nière édition de « La Relève » du
quotidien « Les Echos », au
cours de laquelle le journal est
rédigé par des personnalités, a
eu pour thème le développe-
ment d’une économie plus dura-
ble. Plus récemment, un maga-
zine digital, « Les Echos
Planète », a été lancé, en parte-
nariat avec Rolex.
« Après la révolution digitale,
nous entrons dans la révolution
responsable, et le groupe Les
Echos - Le Parisien, veut être un
acteur de cette transformation,
pas simplement un observa-
teur », affirme Corinne Mrejen,
directrice générale, en charge de
la monétisation et des nouveaux
territoires de croissance. « Le
groupe s’est engagé à favoriser
l’émergence d’une nouvelle straté-
gie responsable en informant, en
mobilisant et en accompagnant
chaque jour les citoyens et les
entreprises. »

Le South by Southwest
de l’impact
L’alliance avec ChangeNOW en
est une nouvelle illustration.
« Nous avons créé le premier évé-
nement sur l’impact positif,
déclare l’un des cofondateurs de
ChangeNOW Santiago Lefeb-
vre. On ne pourra jamais être le
numéro un de la tech, il y aura
toujours la Chine ou les Etats-
Unis. Mais on peut être numéro
un de l’impact. »
Le ChangeNOW Summit est à
l’équilibre avec des revenus mix-
tes provenant pour la moitié des
entreprises partenaires (Insead,
Kearing, BNP Paribas, Clarins,
Orange), mais aussi de la billet-
terie et des exposants. « On met
nos forces en commun pour que
cette initiative devienne le South
by Southwest de l’impact »,
reprend Corinne Mrejen, pour
qui le groupe Les E chos - Le Pari-
sien doit « donner les moyens » à
des start-up comme Change-
NOW « d’accélérer leur crois-
sance. » —F. Sc.

Le groupe Les Echos - Le Pari-
sien se renforce dans le secteur
de l’environnement durable en
prenant une participation de
55 % dans ChangeNOW. Créée
en 2015, cette start-up de quinze
collaborateurs est parvenue, en
quelques années, à se position-
ner comme un acteur fort de la
transition vers un monde dura-
ble avec l’organisation d u
ChangeNOW Summit.
Un forum qui a pour but de
connecter des acteurs mon-
diaux, qu’ils soient entrepre-
neurs, investisseurs, grands
groupes... pour faire émerger
des solutions positives, et aider à
les développer à grande échelle.
La troisième édition de cette
manifestation s’est tenue au
Grand Palais à Paris fin janvier
dernier, et a compté 28.000 par-
ticipants, soit près de cinq fois
plus en un an.
« Notre groupe poursuit son
soutien au secteur de l’impact
positif en s’alliant avec @Change-
NOWsummit. Formidable initia-
tive que cet événement, qui fait
émerger des solutions pour la pla-
nète », a tweeté jeudi Pierre
Louette, président-directeur
général du groupe Les Echos-Le
Parisien. Ce dernier poursuit
ainsi la diversification de ses
marques médias (« Les Echos »,
« Le Parisien », « Radio Classi-
que », Mezzo...) dont il tire 35 %
de ses revenus via l’organisation
d’événements, mais aussi la pro-
duction de contenus (Pelham
Media, Les Echos Publishing...)
ou encore les plateformes de
services (Dematis, Annonces...).
Une société et une économie
plus responsables est une thé-
matique devenue chère au pôle
Media de LVMH depuis un peu
plus d’un an et demi. Elle irrigue

PRESSE


Le groupe de mé-
dias, propriété de
LVMH, prend une
participation de
55 % dans la start-up
organisatrice du
ChangeNOW Sum-
mit.

Le groupe Les Echos



  • Le Parisien s’allie


à Change NOW


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La plateforme vise pour l’instant,
en priorité, les gros marchés déjà
bien établis, surtout dans les pays
anglophones comme l’Afrique du
Sud, le Nigeria, le Kenya. Côté fran-
cophone, la stratégie de production
locale a déjà été bien amorcée par
d’autres opérateurs comme Canal
+ ou TV5 Monde.
Mais William Bird, de l’organisa-
tion Media Monitoring Africa, met
en garde contre cette tendance :
« Les opérateurs privés ne se soucient
pas de la notion de service public, ils
sont là pour faire de l’argent. Et
comme Netflix est une grosse struc-
ture, le risque est d’écraser les plus
petites productions. » De plus Netflix
peut s’affranchir des règles impo-
sées à ses concurrents locaux : « La
plateforme est beaucoup moins régu-
lée. Elle paie par exemple beaucoup
moins de taxes ou d’impôts, ce qui lui
donne un gros avantage. »
Son principal concurrent, le
groupe sud-africain Multichoice,
qui connaissait jusque-là peu de
concurrence, craint désormais de se
voir dépasser sur le continent, et a
demandé à de nombreuses reprises
à ce que le géant américain soit
davantage encadré.n

Netflix à la conquête


du continent africain


« Queen Sono », la première série locale africaine produite par Netflix. Photo FR_tmdb
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