Les Echos - 13.03.2020

(sharon) #1

34 // FINANCE & MARCHES Vendredi 13 et samedi 14 mars 2020 Les Echos


PORTRAIT


par Claude Vincent
@VINCENTClaude2


Charlotte Servant,


caviste en cheffe


Certains drames personnels peuvent décider de l’orienta-
tion d’une vie. Pour Charlotte Servant, la présidente du
caviste Lavinia, c’est le décès accidentel, fin 2015, de son
père, Thierry, à 63 ans.
Alors néo-trentenaire, sur le point d’achever sa thèse
de doctorat à la faculté d’Assas, voilà l’aînée d’une fratrie
de trois enfants face à un choix difficile : poursuivre une
carrière qui lui tend l es bras dans le droit international, sa
matière de prédilection, ou bien reprendre l’entreprise
paternelle. « Je n’y étais pas spécialement préparée, mon
père ne m’a jamais mis de pression là-dessus, mais nous
avons tout de suite dit qu’on ne vendrait pas, Lavinia faisait
trop partie de notre vie à tous et il fallait réagir dans
l’urgence », témoigne la jeune femme, pudique mais
déterminée, qui nous reçoit boulevard de la Madeleine.
Avec 1.300 mètres carrés sur trois niveaux, 6.500 réfé-
rences de 20 à 15.000 euros, un restaurant, des espaces
« expérientiels »... c’est là le navire amiral parisien d’un
groupe aux 35 millions d’euros de chiffre d’affaires, aux 7
boutiques et caves en France, en Espagne et en Suisse et
au site d’e-commerce en plein essor...
Ado, Charlotte Servant a suivi pas à pas l’aventure de
la création en 1999, à Madrid, de l’entreprise par son
père (avec Pascal C hevrot), quand il a décidé de quitter la
direction de L’Oréal Espagne pour concrétiser sa pas-
sion pour le vin et son univers. « Nous avons été tous très
proches du projet, tout a été discuté autour de la table en
famille, jusqu’au nom », se remémore la dirigeante de
34 ans. L’idée originelle, qui perdure, était celle d’un
modèle façon Sephora ou FNAC, entre le caviste de
quartier et la grande distribution, où le conseil et le ser-
vice sont au centre de l’expérience client.
Il a fallu un an à la présidente, en 2015, pour faire le
tour de Lavinia tout en poursuivant ses activités univer-
sitaires. « Une période compliquée mais que je ne regrette
pas, assure-t-elle. Cela m’a permis de découvrir sur le ter-
rain le métier et les équipes, d’aller à la rencontre de vigne-
rons passionnés, d’appréhender la dimension polycultu-
relle du vin, autant de choses que Lavinia essaie de mettre
en avant auprès du consommateur. » Finalement, elle a


décidé de franchir le pas et de se consacrer entièrement
au groupe, devenant l’une des rares patronnes dans un
monde vinicole encore très masculin. Un engagement
qui l’a pourtant éloignée d’une de ses passions, la ran-
donnée à cheval. Non sans une pointe de nostalgie, elle
évoque le souvenir de galops dans les plaines de l’Idaho.
Reste la lecture. Cette grande lectrice avoue dévorer
chaque année plus d’une centaine d’ouvrages, romans
en tête, avec une passion p our la littérature irlandaise e t,
plus largement, anglo-saxonne. « J’aime bien, par exem-
ple, Joseph O’Connor », distille-t-elle du bout des lèvres,
la confidence intime n’étant pas son fort.

Des lieux de vie
Dans l’histoire, un appui a été déterminant. Celui de son
époux, Matthieu Le Priol, qui a accepté de quitter
l’industrie pharmaceutique pour la rejoindre comme
directeur général. A lui l’opérationnel – le « day to
day » – les RH et la finance. A elle, la stratégie. « Son arri-
vée a été un déclic pour moi, désormais, c’était ma boîte »,
glisse-t-elle. Un tandem qu’elle qualifie de complémen-
taire – non sans ajouter tout sourire : « C’est moi qui
tranche »! – et tendu vers un objectif de croissance rai-
sonnée de l’entreprise. Deux axes, pour cela. Approfon-
dir l’expérience dans les points de vente « qui doivent
être des lieux d e vie » e n élargissant la palette des s ervices


  • dégustations, restauration, soirées avec des v ignerons,
    ateliers œnologiques avec des sommeliers – afin de
    rajeunir et de féminiser la cible, porteuse d’une
    demande plus décomplexée et tendance. Et à l’heure o ù,
    selon FranceAgriMer, une bouteille de vin sur dix est
    vendue sur Internet, elle s’attelle à accentuer la part du
    numérique, qui pèse aujourd’hui 25 % du chiffre d’affai-
    res. Un nouveau site, entièrement refondu, devrait
    ouvrir dans quelques mois...n


DR

ENTREPRISES


SPIE BATIGNOLLES
Eric de Balincourt
est nommé directeur général
de Spie Batignolles Valérian.

Eric de Balincourt, 55 ans, titulaire
d’un MBA obtenu au Collège des
ingénieurs, ingénieur des Ponts et
Chaussées, est entré dans le
groupe en 2008. En 2018, il était
devenu directeur général de Spie
Batignolles international et direc-
teur du développement interna-
tional. Il est membre du comité
exécutif.

NATIXIS
Mohamed Kallala
Alain Gallois
Bruno Le Saint

sont nommés au sein de la
banque de grande clientèle
responsable mondial de
l’activité global markets,
responsable mondial de
l’activité investment banking
et responsable de la plateforme
Asie-Pacifique. Bruno Le Saint
rejoint le comité de direction de
la banque de grande clientèle
et le comité exécutif de Natixis.

Mohamed Kallala, 52 ans, titu-

laire d’un doctorat de physique
du Centre des études nucléai-
res à Saclay et d’un MBA du
Collège des ingénieurs, est
membre du comité de direc-
tion de la banque de grande
clientèle et du comité exécutif
de Natixis. En 2005, il a rejoint
Natixis, où il fut responsable
des activités de conseil dans
l’immobilier, puis responsable
des financements immobiliers
de Natixis. En 2016, il est
devenu responsable mondial
de l’activité investment ban-
king de la banque de grande
clientèle de Natixis.

Alain Gallois, 50 ans, diplômé
de l’Edhec, est membre du
comité de direction de la ban-
que de grande clientèle et du
comité exécutif de Natixis. Il a
notamment été responsable
mondial de la plateforme dette
et responsable de la vente obli-
gataire et trésorerie en 2012,
puis responsable du fixed
income de la banque de grande
clientèle de Natixis en 2015.
L’année suivante, i l était devenu
responsable de la plateforme
Asie-Pacifique de la banque de
grande clientèle de Natixis.

Bruno Le S aint, 43 a ns, diplômé
de Kellogg-HKUST Executive
MBA Program, de l’Institut des
Mines Telecom Business
School et de l’université Paris-
Dauphine, est responsable des
activités bancaires de la plate-
forme A sie-Pacifique de la ban-
que de grande clientèle. Il a
rejoint Natexis Banques Popu-
laires en 2001. Il fut responsa-
ble de la structured & asset
finance Asie-Pacifique de la
banque de grande clientèle de
Natixis en 2013, puis responsa-
ble global finance Asie-Pacifi-
que en 2016.

ALKERN
Xavier Janin
est le nouveau président
du groupe Alkern.

Xavier Janin, 50 ans, ingénieur
de l’Ecole centrale de Paris, a
œuvré chez Monier, Armstrong
World Industries et Xylem. En
2017, il a pris la direction géné-
rale Europe de l’Ouest de la divi-
sion Etex Roofing. L’an dernier, il
était devenu directeur général
Europe de l’Ouest de la division
Etex Exteriors.

L’année précédant des élections, l’octroi de prêts bancaires
connaît une croissance élevée dans les collectivités locales.
Photo Getty Images

français, Anne-Laure Delatte
(CNRS et CEPII), Adrien Matray
(université de Princeton) et Noémie
Pinardon-Touati (HEC) et dont les
résultats ont é té récemment
publiés dans « Le Monde ». Pen-
dant trois ans, ceux-ci ont décorti-
qué des données de la Banque de
France sur l’ensemble des prêts pri-
vés et p ublics accordés depuis 2006.

Retour d’ascenseur
Les chercheurs ont pu constater
une croissance anormalement éle-
vée de l’octroi de prêts l’année pré-
cédant des élections. Problème : cet
argent vient surtout financer des
entreprises en difficulté, par exem-
ple le textile ou la métallurgie, pour
éviter d’éventuels licenciements,
voire des faillites.
Si l’élu peut espérer capitaliser sur
ce sauvetage, difficile de voir l’intérêt
pour la banque, sauf à s’assurer le
gain de projets futurs. L’étude
démontre en effet que « les banques
qui ont a idé un c andidat e n place à être
réélu gagnent des parts sur le marché
des prêts aux collectivités et aux enti-
tés publiques les années suivantes ».
« Il y a un mécanisme d’échange de

faveurs réciproques », assure Anne-
Laure Delatte. Ces pratiques ne sont
pas pour autant illégales. L es
demandes de financement des col-
lectivités locales ne sont en effet pas
éligibles au Code des marchés
publics, donc pas nécessairement
soumises à des appels d’offres stric-
tement encadrés. « Même si elles font
l’objet d’appels à la concurrence »,
rappelle un banquier. Ces pratiques
n’ont pas cours partout. « Ce méca-
nisme a été identifié dans les circons-
criptions où l’élu fait face à une élec-
tion serrée » et où il fait preuve d’une
« certaine influence locale ou natio-
nale », indique l’étude.

Non-sens économique
Interrogées, plusieurs banques, qui
refusent toutefois de s’exprimer
officiellement, se disent étonnées
des résultats de cette étude. Et
remettent en cause l’intérêt écono-
mique d’un tel mécanisme. « Pour
la banque, le risque de pertes induit
par des impayés des entreprises con-
cernées est sans commune mesure
plus élevé que la rentabilité qui pour-
rait être obtenue en finançant la col-
lectivité locale concernée », explique

un professionnel du secteur. Les
marges sur le marché d es collectivi-
tés locales sont en effet très faibles.
En 2018, le taux moyen pour les
financements de nouveaux projets
était tombé à 1,1 %, un record. Et
contrairement aux prêts pour les
entreprises ou les particuliers, il n’y
a rien à vendre de plus à la collecti-
vité (assurances, produits d’épar-
gne...). « Il n’y a plus forcément
d’intérêt à courir après les parts de
marché auprès des collectivités »,
considère un banquier. « Surtout,
cela peut avoir des conséquences gra-
ves sur les ratios financiers, rappelle
un autre. Financer une entreprise
non viable, cela revient à prendre le
risque de basculer sur un prêt non
performant. Et ce n’est pas vraiment
recommandé en ce moment. »
Le marché des collectivités
locales reste important pour les
banques, qui continuent à innover
dans le domaine. Estimé à 13 mil-
liards d’euros par a n, il o ffre aux éta-
blissements de solides garanties en
termes de visibilité des rembourse-
ments. Dans les temps troublés qui
s’annoncent, ce n’est pas forcément
du luxe.n

Romain Gueugneau
@romaingueugneau


Dimanche, les Français sont appe-
lés aux urnes pour élire leurs mai-
res. Ces échéances électorales et la
campagne qui les précède sont sou-
vent l’occasion pour les élus en place
de lancer de nouveaux projets
d’investissement, mais aussi de sau-
ver des entreprises en déclin, afin de
stimuler l’économie locale et donc
redorer leur bilan. Pour les financer,
les élus n’hésitent pas à faire appel
aux banques, quitte à leur renvoyer
l’ascenseur, une fois réélus.
C’est ce que démontre une étude
réalisée par trois chercheurs


BANQUE


Une étude réalisée
par trois chercheurs
français met en lu-
mière un « mécanisme
d’échanges de faveurs
réciproques » entre
banques et élus lors
de scrutins locaux.


Elections : l’étude qui pointe les relations


troubles entre élus locaux et banques


,


Envoyez vos nominations à
[email protected]

carnet


fr


+
Ils sont nés
un 13 mars


  • Yann Arthus-Bertrand,
    photographe, réalisateur,
    74 ans.

  • Henry Buzy-Cazaux,^
    président de l’Institut
    du management des services
    immobiliers, 56 ans.

  • Didier Decoin, écrivain,
    président de l’académie
    Goncourt, 75 ans.

  • Jamie Dimon, président
    de JPMorgan Chase,
    64 ans.

  • Renaud Donnedieu
    de Vabres, avocat, ancien
    ministre de la Culture
    et de la Communication,
    66 ans.

  • Thierry Ehrmann,^
    sculpteur, président-
    fondateur d’Artprice, 58 ans.

  • Michel Filzi, président
    de Reed Expositions France,
    56 ans.

  • Thomas Gomart,^
    chercheur, 47 ans.

  • Pascal Légitimus,^
    comédien, 61 ans.

  • Bruno Lévêque,^
    cofondateur
    de PrestaShop SA, 36 ans.

  • Susanna Mälkki,^
    violoncelliste,
    chef d’orchestre, 51 ans.

  • Pierre Niney, acteur, 31 ans.

  • Eve Ruggieri, animatrice,
    productrice, 81 ans.

  • André Téchiné,^
    réalisateur, 77 ans.

  • Pierre-Anthony
    Verspieren, PDG
    de Verspieren, 50 ans.


SERVICE ABONNEMENTSLES ECHOS 4, ruedeMouchy60438 NoaillesCedex.Tél. :017 037613 6dulundi auvendredide9hà18h.IMPRESSIONL’Imprimerie(Tremblay-en-France), Midi Libre(Montpellier). TIRAGE DU12 MARS 2020 :80.222 exemplaires.Ori gine du papier:Belgique.Taux de fibresrecyclées:100%.
Ce journalest imprimé sur du papier porteur de l’Ecolabel européen sous le numéroFI/37/002. Eutrophisation:Ptot0.013kg/tonne de papierMembredemembreACPMOJDCPPAP:0421c8 3015 .Toutereproduction, même partielle,est interditesansl’autorisationexpresse del’éditeur(loi du 11 mars1957)


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