Les Echos - 13.03.2020

(sharon) #1
LES ECHOS WEEK-END – 29

SPÉCIALPARIS


manière résolument multidisciplinaire, en
regroupant dans un même lieu chercheurs,
médecins et patients–comme l’explique le
professeurYves Agid, neurologue, spécialiste
des maladies neurodégénératives.
Membredel’Académie des sciences, auteur
deJe m’amuseàvieillir(Odile Jacob,2020),
ce grandexplorateurducerveau estl’un
des fondateurs de l’ICM.Àson arrivée à
la Salpêtrière commechef de clinique,en1973,
il proclamaitdéjà qu’il fallait construire
un institut desneurosciences, car «si l’onveut
formerde bons médecins, ilfaut un enseignement
de hautniveau, lui-mêmeadossé àune recherche
de pointe ».Pouryparvenir,lecheminaété long.

TOUT EN HAUT DE LA LISTE MONDIALE
Parce qu’enFrance,peut-être plusqu’ailleurs,
administrations publiques, institutions
universitaires etorganismes derecherche
parlentvolontiersd’innovationssanspouvoir
les mettreen œuvre,fautede moyens.«Durant
des années,expliqueYvesAgid,j’airencontré
quantité de conseillersetdeministres. Ilsme
tapaientsur l’épauleendisant:“Votreprojet est
formidable,c’est exactementce qu’ilfaut pourla
France... malheureusement, il n’yapas d’argent”.»
Il afalluaussi vaincre lepréjugétenacequi rend
la recherche publiquecentréesur elle-même.
L’Inserm, alors sous la direction du
professeur Claude Griscelli, lance le projet en


  1. Mais l’aventure nes’enclenche vraiment
    qu’en2003.Autour de médecins, comme les
    professeurs Gérard Saillant, président de l’ICM,
    OlivierLyon-Caen etYves Agid,s’est rassemblé
    un groupedepersonnalités de tousbords mais
    toutes convaincues de l’importance cruciale des
    enjeux.S’yretrouvaient, entre autres,Jean Todt,
    venu de la formule 1, LucBesson, figure du
    cinéma,Jean Glavany,ancien ministre, Maurice
    Lévy,ténor de la publicité,SergeWeinberg,


actuel président de Sanofi, David de Rothschild,
célèbre banquier... Ce gouvernement informel
et pour le moins inattendus’estrévélé
redoutablement efficace.
Les travaux commencent en 2008;l’ICM
est inauguré en 2010. Cette année, l’institut
pourra fêter ses 10 ansavec fierté:satrentaine
d’équipes de recherche rassemble des élites
venues de toute la planète, et son niveau
exceptionnel d’exigence théorique et pratique
vaut auParis Brain Center,comme disent
les anglophones, de figurer désormais tout en
haut de la liste mondiale des meilleurs centres
internationaux de recherche en neurosciences.
Si cettepépite est en passe de devenir la
référence européenne, elle le doit également au
fait d’avoir bousculé lespesanteurs et instauré
une gestion qui évoque l’entreprise plutôt que
l’université.Nonsans mal, insisteYves Agid...
«Nousavons complété l’évaluation des équipes
par celle d’un Scientific AdvisoryBoard, composé
exclusivementdechercheursétrangersrenommés.
C’est ce qui nousapermis derecruter de nouvelles
équipes issues de tous les coins du monde,
et d’augmenter encoreleniveau scientifique. C’est
direl’intérêt defaireappel au partenariat entre
le public et le privé. Ce concept, il est vrai,aposé
quelques problèmes au début. Mais ce n’est plus
le cas aujourd’hui, avec des équipes soudées
sous la direction du professeur Alexis Brice. »
Finalement,pour constaterquel’ICMagagné
son pari, que faut-il observer? Sesdécouvertes?
Sondynamisme,son attractivité?Ses résultats
thérapeutiques?Ses brevets? Le succès
exceptionnel de son«fund raising»? La diversité
de ses activités,les entreprisesquis’y rattachent?
Tout cela sans doute.Yves Agid insisteplutôt
surunindicequi ne trompepas :«Promenez-
vous ici où vous voudrez,vous verrez...toutes
lespersonnes, très différentes,quevous croiserez
ADAM ont le sourire.»C’est exact.


VO


ORHES


/GA


LLER


YSTOCK

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