Les Echos - 13.03.2020

(sharon) #1
52 –LES ECHOS WEEK-END

SPÉCIALPARIS


La fleur de saison, française de surcroît, est furieusement
tendance. Comme dans l’alimentaire, le nec plus ultra,c’est
désormais le circuit court.«85% des fleurscoupéesvendues en
France sont importées desPays-Bas »,explique HélèneTaquet,
cofondatrice du Collectif de la fleur française. Dans une
capitale où le mètre carré dépasse les 10 000 euros, pas facile
de trouver des espacespour ces délicates productions. Et
pourtant:delaportedes Lilasàl’île Saint-Denis en passant
parBelleville, les initiatives se multiplient, quitteàs’installer
dans des friches industrielles ou des espacesverts délaissés.
Sur les terrasses de l’hôpital Robert Debré,Tran-PhiVuet
Félix Romain sèment etrécoltent des fleurs sur220 m^2 depuis
le printemps dernier.Quelques centaines de mètres plus à
l’ouest,Masami-Charlotte Lavault cultivedepuis déjà trois ans
quelque 200 espèces, dont la brome ou la moutarde, dans
une parcelle protégée des regards au pied d’un réservoir
des Eaux deParis et du cimetière deBelleville. Lauréate d’un
appelàprojet deParisculteurs, la fondatrice de Plein Air est
devenue floricultrice unpeupar hasard, après des études
de design industriel.Formée aux techniques biodynamiques
àOkinawa,cetteFranco-Japonaise fournitàparité
particuliers et fleuristes, dont le café-fleuristerie Désirée.
Sur l’île Saint-Denis, levolet floral développédepuis 2019
au cœur de la réhabilitation de cette bande de terre située au
norddeGennevillierspeineàrépondreàlademande.«Halage
cultivedes mufliers, des immortelles, en tout une quarantaine
de variétés sur1000 m^2 ,ettravaille avec une trentaine de
fleuristes dans unrayon de 10 km »,explique NicolasFescourt,
chargé du projet. Le principeest simple:Halage envoie aux
fleuristes une listedesvariétés disponibles en début et milieu
de semaine. Coupées le mardi, les fleurs sont livrées dans
lesdeuxheures en véhiculeélectrique.Àlaclé,une tenue en
vase et une qualité meilleuresavecunimpact très limité sur
l’environnement.Àterme, l’entreprise de réinsertion compte
amender5000 m^2 et adéjà des contactspour dupliquer
ce modèle sur deux friches industrielles duVald’Oise.

DES FLEURS


MADE IN


BELLEVILLE


35


VOUS N’Y COUPEREZPAS!


Àdroite:
Masami-Charlotte
Lavault, fondatrice
de la ferme
floricole Plein Air,
dans son jardin
des hauts
de Belleville.
En haut:
des tubéreuses
cultivées par
l’association Halage.
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