Paris Match - France (2018-07)

(Antfer) #1

102 parismatch DU 15 aU 21 octobre 2020


VIVRE
MATCH
JOAILLERIE

PORT


Depuis 2007, la fondatrice


d’Akillis, Caroline Gaspard, construit


un univers où l’or habille des


balles de pistolet, des pièges à loup


ou des tatouages. Rencontre.


Par Fabienne Reybaud
@fabienne_reybaud

D

ans sa boutique de la
rue Saint-Honoré,
à Paris, Caroline
Gaspard reçoit dans
une robe moulante
dont l’asymétrie fait
écho à son double
coloris, le blanc et le noir. Un
effet sans doute révélateur des
partis pris que cette jeune
femme de 38 ans défend depuis
qu’elle a fondé sa griffe de joail-
lerie, Akillis, il y a treize ans.
Aucune demi-mesure dans cette
entreprise, les « valeurs » des col-
lections de joaillerie se veulent
« affranchies de tout diktat »,
« rock’n’roll », « irrévérencieuses ».
Et « inattendues ».
Diantre! Le manifeste de
cette marque qui emprunte son
patronyme à Achille n’y va pas
avec le dos de la cuillère. Le
bijou étant, depuis la nuit des
temps, supposé protéger les
êtres humains de l’adversité,
Caroline Gaspard a poussé cette
symbolique à son paroxysme en
commençant par lui donner la
forme de balles de kalachnikov.
« J’ai eu l’idée d’en faire des
pendentifs en or et en titane
sertis de diamants à Moscou
lors d’une séance de tir dans un
club spécialisé, confie-t-elle. En
regardant les cibles criblées et
les douilles par terre, j’ai eu l’im-
pression d’être une James Bond
girl! Les balles sont des attributs
de puissance ; elles peuvent aussi
signifier l’amour dangereux. Cette
ligne, baptisée “Bang Bang”,
s’adresse aux femmes fatales. » La
créatrice met dans le mille, suscitant
immédiatement l’engouement des
deux sexes pour ces modèles acérés qui
séduisent les quadragénaires français,
russes et américains. « Ils recherchent
quelque chose de différent de la place
Vendôme, des colliers, bracelets et
anneaux qui délivrent un message »,
poursuit celle qui se définit comme un
« garçon manqué » et qui confie dessiner
des bijoux depuis qu’elle a 17 ans. « Ma
mère m’a transmis son amour des pierres.
Après une école de commerce, je me suis
lancée. Nous sommes aujourd’hui l’une
des rares marques à avoir une clien-
tèle unisexe : 40 % de nos clients sont

des hommes », observe
Caroline Gaspard qui est
aussi directrice artistique
de la griffe.
Cette sacro-sainte diffé-
rence, Akillis la cultive dans
un champ thématique plu-
tôt chargé en testostérone.
Aux côtés de Bang Bang, voici
Licence to Akillis aux bijoux
concentriques ou Capture Me,
des joncs et des bagues dont les
pointes triangulaires font songer,
selon son imaginaire, à un piège
à loup, à des dents de requin ou
à une lame de scie sauteuse. Dans
la même veine, Python se réfère
aux serpents vivants que la reine
Cléopâtre aurait portés en man-
chette à ses poignets. Akillis
utilise les écailles du reptile
sur des parures profilées en or
endiamanté, comme échappées
des années 1990. Plus enfan-
tine, la ligne Puzzle se décline
notamment sur des pendentifs
pavés de diamants blancs. « Ce
motif est un symbole de la vie,
car chaque pièce de puzzle vous
emmène à la suivante », dit-elle.
En juin dernier, la griffe a
lancé une nouvelle ligne, Tattoo ,
laquelle s’inspire de motifs
polynésiens. « Les modèles
d’Akillis sont ethno-rock. Avec
Tattoo, nous rendons hommage
aux tatouages des Maoris, har-
pons, spirales, flèches, vagues,
ailerons de requin, sur des pièces
en or et en titane noir et blanc. »
Du petit bracelet en titane noirci
au collier en or couleur encre sertis
de diamants noirs ou blancs ayant
demandé plus de mille heures d’ou-
vrage, cette collection quadrille quasi-
ment tous les segments du marché. Elle
présente aussi la particularité d’être
fabriquée en France, dans une manu-
facture lyonnaise, à l’instar de tous les
bijoux portant la signature de la marque.
« C’est l’un des plus importants ateliers
de l’Hexagone, que nous avons racheté
en 2010. Il fabrique pour nous mais aussi
pour d’autres maisons. Il y a 300 sala-
riés qui produisent entre 60 000 et
80 000 pièces par an. Cela permet de
conserver et de faire vivre cet artisanat
précieux qui fait partie du patrimoine
français », conclut Caroline Gaspard. n

AUTORISÉ


de


bijoux


« Bang Bang »,
une balle en or et titane
en guise de bijou.

La créatrice
habillée de ses pièces
ethno-rock, toutes
« made in France ».
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