Paris Match - France (2018-07)

(Antfer) #1

20 parismatch DU 15 aU 21 octobre 2020


CULTURE
CINÉMA

L’UNION FAIT


LA FARCE
Alors que sort « 30 jours max », de Tarek Boudali, retour sur
la genèse et le succès de la Bande à Fifi qui, avec « Babysitting »
ou « Alibi.com », règne sur la comédie tricolore.

Par Fabrice Leclerc
@Fab_LCL

S


i la critique fait parfois la fine bouche,
les chiffres parlent d’eux-mêmes :
près de 14 millions d’entrées en
sept  ans et huit films écrits ensemble,
sans compter leurs centaines de mil-
liers de followers sur les réseaux sociaux.
On les voudrait nouveaux chantres de la
comédie à la française ou porte-parole de
la génération Instagram ou TikTok, mais
« on ne fait qu’écrire ce qui nous fait mar-
rer », tempère Tarek Boudali de la Bande
à Fifi. Dans le cas de « 30 jours max »,
c’est du burlesque assumé, sans préten-
tion et plutôt réussi, du gag visuel sur une
trame policière, en référence aux buddy
movies qu’ils affectionnent. Leur bande
ressemble à s’y méprendre à celle du
Splendid (le playboy réservé, la grande
gueule, le timide, la fausse bimbo). Mais
leurs références iraient plutôt vers Francis
Veber et les frères Farrelly (« Mary à tout
prix »). « Je pourrais regarder “Le
dîner de cons” en boucle, confirme
Philippe Lacheau, intronisé leader
de la bande. Le scénario est une
merveille d’écriture comique. »
Retour dans le temps. Et
direction La Celle-Saint-Cloud,
dans la tranquille banlieue ouest

de Paris. Le jeune Philippe
Lacheau rêve déjà de réali-
ser des films. Il croise Julien
Arruti, qui amène son pote
de BTS Force de vente Tarek
Boudali. Le trio conçoit des
vidéos parodiques sur You-
Tube, avant de se faire remar-
quer par Michaël Youn sur
Fun TV, puis sur Canal+ où les rejoint
Reem Kherici. Pierre Dudan et le petit
frère Pierre Lacheau deviennent parfois
les coscénaristes de l’ombre. Le soufflet
télévisuel étant vite retombé, la bande ne
pense qu’au cinéma. Lacheau envoie des
mails à tous les producteurs de Paris. Sans
grand succès. C’est celui de « JCVD »,
Marc Fiszman, qui va flairer le potentiel
de « Babysitting », grande farce potache
tournée en mode « found footage » pour
des raisons économiques. Le film sera un
succès fulgurant en 2013, porté par les
15-25 ans. Après un second volet pous-
sif (où Elodie Fontan rejoint le collectif ),
ils ouvrent leur registre à un humour plus
transgénérationnel et dépassent la barre
des 3 millions d’entrées avec « Alibi.com »
et son écriture totalement « Veberienne ».
Leur plus gros succès à ce jour.

Philippe Lacheau se dit davantage
catalyseur que chef de bande, Julien
Arruti est de toutes les séances d’écriture,
en binôme ou en groupe. Les uns lisent
les scénarios des autres et ne se font pas
de cadeaux. Tarek Boudali (« En famille »
sur M6) s’essaie lui aussi à la mise en scène
avec le discutable « Epouse-moi mon
pote », puis aujourd’hui « 30 jours max ».
Tous sont actuellement sur le tournage de
« Super-héros malgré lui » (attendu dans
un an) où Philippe Lacheau campe un
acteur persuadé à tort d’avoir des super-
pouvoirs.
« Il n’y a pas de faux- semblants. Ils
peuvent faire appel à Nathalie Baye,
Didier Bourdon ou Marie-Anne Chazel,
ils n’ont pas de chapelle », analyse Thierry
Lacaze, directeur de la distribution de
Studio Canal, qui a sorti leurs derniers
films. Les budgets sont devenus
confortables (autour de 10 millions
d’euros), mais le business demeure
très rentable sur tous les supports,
même quand « Nicky Larson » fait,
début 2019, une carrière en deçà
des chiffres habituels. « Ils font de
grosses audiences à la télévision,

Parmi les
Projets de
la bande à FiFi,
une suite à
« alibi.com »

« Babysitting » et surtout « Alibi.com »
ont forgé le succès de l’équipe
qui travaille toujours en commun.

Philippe Lacheau,
Tarek Boudali
et Julien Arruti.
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