Paris Match - France (2018-07)

(Antfer) #1

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ils vendent encore des DVD dans un sec-
teur en crise. Mais, surtout, ils performent
énormément en vidéo à la demande.
“Epouse-moi mon pote” a fait l’objet de
plus de 250 000 transactions. Quand un
film français réalise normalement en VOD
5 % de ses entrées en salle, ils sont au-
dessus de 10. » Ils ont une solide base de
fans qui grandissent avec eux, multiplient
les avant-premières et les selfies, comme
de grands gosses presque quadragé-
naires encore fascinés par leur popularité.
Même en période de gestes barrières. « La


Christophe Honoré réinvente Proust
Il faut un certain culot pour s’attaquer à la « Recherche du temps perdu ». Après un splendide hommage à ses « idoles »,
Christophe Honoré s’est lancé dans une adaptation du « Côté de Guermantes », troisième volume de l’œuvre proustienne
et magnifique théâtre des faux-semblants. Sur la scène de Marigny – où la Comédie-Française est délocalisée en raison
de travaux –, Honoré a imaginé un espace ouvert sur les Champs-Elysées, si proustiens. Les comédiens arrivent du jardin,
se retrouvent devant des portes, parlent beaucoup, souvent trop, et laissent le jeune Marcel assez perplexe au milieu de ce
salon. Christophe Honoré transpose assez brillamment le récit de Marcel Proust dans une époque proche de la nôtre – les
comédiens passent des 33-tours de Cat Stevens – et sait faire résonner l’antisémitisme grandiloquent des Guermantes
avec un certain effroi. En véritable chef de troupe, le metteur en scène offre une partition fantastique à Laurent Lafitte et
Elsa Lepoivre, respectivement duc et duchesse de Guermantes. Il se permet même un clin d’œil magnifique à Pina Bausch,
chorégraphe des tourments et de la noirceur des âmes. Au milieu de
ce salon pathétique, Marcel – joué par Stéphane Varupenne – prend une leçon de vie. Il faut
voir ce dialogue de sourds entre le jeune écrivain moqué et le baron de Charlus, incarné par
un Serge Bagdassarian totalement porté par son personnage. Une fois encore, Christophe
Honoré se sort avec brio des pièges d’un pari qui paraissait impossible. Benjamin Locoge

tournée de “30 jours max”
était un peu frustrante pour
le coup, se désole Arruti. On
ne pouvait pas interagir avec
notre public comme on l’au-
rait voulu. » Parfois, leur éti-
quette de potaches semblerait presque
leur peser : « Oui, on déconne, oui on
passe beaucoup de temps ensemble,
poursuit-il, mais on est surtout une bande
de bosseurs qui ont les pieds sur terre. »
Membre à part entière du collectif,
Reem Kherici a réalisé ses films de manière

autonome (« Paris à tout prix »
et « Jour J », écrit avec Philippe
Lacheau), avec « cette envie de
ne pas se cantonner à un seul
univers, d’être au service de la
vanne mais aussi des person-
nages et de thèmes plus socié-
taux », explique-t-elle. Si elle
sait que Philippe Lacheau fera
tout pour que sa bande perdure, Reem
Kherici voit bien Tarek Boudali persévé-
rer dans la mise en scène, ou Julien Arruti
développer sa carrière d’acteur. Comme
le Splendid, Les Nuls ou Les Robins des
bois en leur temps. Un alibi pour mieux se
retrouver? n

THÉÂTRE

paris match. avec “30 jours max”, vous vous lancez dans la comédie
policière. pourquoi?
tarek Boudali. J’ai toujours aimé le cinéma américain de genre, “Bad
Boys” ou la série des “Die Hard”. En plus, je réalise ce rêve de gosse de
pouvoir un jour jouer au gendarme et au voleur. La comédie policière
n’est qu’un prétexte pour nourrir mon personnage de loser attachant qui
va réaliser ses rêves les plus fous avant de mourir.
Quelles sont vos influences dans ce type de cinéma burlesque et de
comique visuel?
On a beaucoup regardé la série des “Y a-t-il un flic... ou un pilote...”
mais aussi les “Police Academy”. Les influences sont multiples. Veber, les
Farrelly, les Inconnus, Les Nuls... Ce sont des gens qui nous ont donné
envie de suivre leurs pas. Mais on ne va pas se comparer à eux. On fait
sérieusement des films légers, qui se consomment comme tels.
Qu’est-ce que la mise en scène vous apporte en plus?
C’est venu naturellement. Même si je ne pensais pas y venir si tôt.
Mais quand je me suis lancé dans l’écriture d’“Epouse-moi mon pote”,
à force de penser le film, de réfléchir aux décors et au casting, je me suis
dit qu’il serait idiot de donner naissance à un bébé et de le confier
à quelqu’un d’autre pour l’éduquer. Interview Fabrice Leclerc

3 QUESTIONS À


TAREK BOUDALI


OÙ ET QUAND

« Le côté de Guermantes »,
au théâtre Marigny,
Paris VIIIe, jusqu’au
15 novembre.

En salle actuellement.
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