Paris Match - France (2018-07)

(Antfer) #1

30


MATCH
DE LA SEMAINE

parismatch DU 15 aU 21 octobre 2020

POLITIQUE

Régionales


AUDREY PULVAR


PLONGE DANS


LA POLITIQUE
L’ancienne journaliste devenue adjointe d’Anne
Hidalgo devrait être tête de liste en Ile-de-France.
Par Mariana Grépinet @MarianaGrepinet

D


evant la gare RER des Mureaux,
où elle vient de passer la journée,
deux adolescents la dévisagent :
« Mais c’est l’animatrice de la
télé avec les animaux... » Audrey
Pulvar se marre : « Non, non, je ne suis pas
Karine Le Marchand! » L’ex-journaliste,
qui a, pendant vingt-cinq ans, fait le tour
du Paf, de France 3 à D8 en passant par
LCI, France Inter, France 2, et qui fut en
2005 la première femme noire à présen-
ter un journal télévisé sur une chaîne
hertzienne nationale, n’est pas inconnue
du grand public. Elle se prépare
aujourd’hui à annoncer sa candidature
aux élections régionales.

Le 29 septembre, elle s’est affichée
comme première signataire de la tribune
« L’Ile-de-France, en commun! », appelant
à « un sursaut collectif » pour « une poli-
tique écologiste de gauche ». Les ténors
socialistes – du patron du PS, Olivier
Faure, à l’ex-Premier ministre Bernard
Cazeneuve, en passant par le conseiller
départemental de l’Essonne Jérôme
Guedj – la soutiennent. « Il y a aussi des
écologistes, comme la conseillère régio-
nale et ex-ministre Emmanuelle Cosse,
des communistes et des gens issus de la
société civile, des enseignants, une infir-
mière, un agriculteur bio, etc. », énumère-
t-elle. Officiellement, ce n’est pas encore
une candidature. « Si les conditions sont
réunies, alors je serai candidate »,
confirme-t-elle en posant une cagette de
légumes sur le siège du RER. « Je ne pars
jamais les mains vides », plaisante-t-elle
en évoquant les exploitants qu’elle visite
dans le cadre de sa délégation – Anne
Hidalgo l’a nommée adjointe à l’alimen-

tation durable et à l’agricul-
ture. Audrey Pulvar défend sa
feuille de route : 100 % d’ali-
mentation bio et durable dans
la restauration collective pari-
sienne d’ici à 2025 et des tra-
jets réduits à 250 kilomètres
pour les denrées, qui en font
aujourd’hui en moyenne 600. Mais pour
toutes ces missions, elle a réalisé que la
Région n’allait pas lui faciliter la tâche.
« C’est aussi un des aspects qui m’a donné
envie », avance-t-elle.

Audrey Pulvar n’avait pas prévu de
se lancer en politique. D’ailleurs, enfant,
elle s’était juré de ne jamais en faire. Parce
que son père, trotskiste, était un syndica-
liste et un indépendantiste martiniquais,
elle a vu à quel point la politique pouvait
« tout avaler ». « Peut-être qu’on n’échappe
jamais à son destin », soupire-t-elle. Et
puis sa fille unique, étudiante en philo à
la Sorbonne, est adulte désormais. Sa ren-
contre avec Anne Hidalgo, qui lui a
demandé d’être candidate sur sa liste aux
municipales en 2019, a été déterminante.
« J’ai toujours été une citoyenne engagée,

soucieuse de l’intérêt général, rappelle-
t-elle en précisant qu’elle n’est pas encar-
tée au PS. Aujourd’hui, j’ai décidé de
plonger dans le grand bain. » Elle connaît
la violence du milieu, elle qui fut la
compagne d’ Arnaud Montebourg. « Ça ne
pourra pas être pire que ce que j’ai vécu
entre 2009 et 2014 », dit-elle en évoquant
« des violences physiques et verbales ».
Fan d’aviron, de yoga et de boxe,
elle sait jouer collectif et rendre les
coups. Quand Jean-Didier Berger, maire
Soyons libres de Clamart, proche de
Valérie Pécresse, pointe son profil « ultra-
parisianiste et clivant », elle réplique : « Ce
n’est pas une maladie honteuse d’être
parisienne. Et ce n’est pas parce que j’y
vis depuis vingt ans que je ne vais pas
voir ce qui se passe ailleurs! » Emma-
nuel Grégoire, premier adjoint à Paris,
loue sa force de travail, qui lui permettra
de balayer « le procès en maturité et en
compétences » que d’aucuns ne manque-
ront pas de lui intenter. Alors que le secré-
taire national d’EE-LV, Julien Bayou,
s’apprête à lancer sa campagne, Audrey
Pulvar, qui a passé près de trois ans à la
tête de la Fondation Nicolas Hulot, plaide
pour la gratuité des transports en commun.
Elle est sûre que la gauche qu’elle repré-
sente et les écolos « finiront par se retrou-
ver, d’une manière ou d’une autre ». n

FAN D’AVIRON ET DE BOXE, ELLE SAIT
JOUER COLLECTIF ET RENDRE LES COUPS

Le 9 octobre,
en visite au Jardin
de Cocagne,
projet d’insertion
sociale aux Mureaux
(Yvelines).
Free download pdf