Paris Match - France (2018-07)

(Antfer) #1

36 parismatch DU 15 aU 21 octobre 2020


Match
de La SeMaine
econoMie

Source : données mondiales CLIA

Les armateurs demandent la reprise
« Nous sommes l’un des derniers secteurs du tourisme à ne pas avoir repris notre activité en France », rappelle
Erminio Eschena, un des dirigeants de MSC et président de l’association professionnelle CLIA France. Seuls
les navires avec moins de 250 passagers sont autorisés à faire escale. Il dit sa déception de ne pas avoir été convié au
comité interministériel du tourisme du 12 octobre : « Si je me réjouis des mesures de soutien, je m’étonne de l’absence
de moyens pour la reprise de notre activité, alors même que nous avons expliqué au gouvernement nos protocoles
robustes et efficaces, et fait part de nos retours d’expérience. » Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat chargé du
tourisme, assure : « Nous sommes attentifs au risque de fuite des clients français vers les pays voisins et allons
poursuivre le travail avec les croisiéristes en vue d’une reprise progressive. » En dépit des nombreux ports fermés, des
armateurs ont relancé l’activité dès cet été. Certains ont dû s’interrompre, comme le norvégien Hurtigruten, qui a
déploré des dizaines de cas positifs sur près de 400 personnes autour de l’archipel norvégien de Svalbard en août,
puis repoussé son redémarrage à 2021. Pas MSC ni Costa, qui reprennent graduellement les voyages avec des
mesures sanitaires draconiennes. « En deux mois de rotation, nous ne déplorons aucun cas positif », remarque
Erminio Eschena. Il assure que le niveau des réservations pour l’été 2021 est le même que celui de l’été 2019. A.-S.L.

Tourisme


LA PASSE


DIFFICILE DES


CROISIÉRISTES
La crise sanitaire a arrêté net l’activité de
ce secteur en pleine expansion.
Par Anne-Sophie Lechevallier
@aslechevallier

A


lors qu’il tourne les pages de son
catalogue, Lionel Rabiet pointe
les croisières reportées. Le direc-
teur de Voyages d’exception (ex-
Croisières d’exception), une
agence spécialisée dans les séjours avec
des conférenciers renommés*, tels le
paléontologue Yves Coppens, d’anciens
ambassadeurs ou Alain Baraton, jardinier
en chef du château de Versailles, veut
tenir. Tenir, dit-il, pour « redémarrer vite
et fort ». A de rares exceptions près, les

prochains départs sont prévus pour le prin-
temps 2021, sous réserve de la situation
sanitaire et des décisions des armateurs.
Le secteur des croisières, qui avait
battu un record de fréquentation en 2019,
subit la crise de plein fouet. Partout dans
le monde, des milliers de passagers partis
avant les confinements se sont trouvés
coincés sur des bateaux, parfois avec le
virus qui circulait à bord et un rapatriement

difficile. Lionel Rabiet avait, en mars, une
centaine de clients sur le « Zaandam », au
large de la Patagonie. Certains cas se
régleront devant les tribunaux. Ainsi des
Français qui naviguaient dans les Caraïbes
ont déposé une centaine de plaintes
contre Costa, qu’ils accusent d’homicides
involontaires et de négligence dans la ges-
tion de la crise.
Quand la pandémie est survenue,
Lionel Rabiet était en train de clore
l’exercice annuel de son entreprise. Avec
une cinquantaine de croisières organisées,
son chiffre d’affaires s’élevait à 17,5 mil-
lions d’euros, en hausse continue depuis
la création la société, en 2016. Tout s’est
arrêté net. « Les réservations sont en
chute de 90 % à 95 % par rapport à l’an
dernier, et nous ne pensons même pas
atteindre cette année 1 million d’euros de
chiffre d’affaires », constate-t-il. Parfois,
même quand les clients réservent, il faut
annuler le séjour. Cela a été le cas récem-
ment pour une croisière sur le Rhin, car
obtenir les résultats des tests en moins de

deux jours pour les voyageurs français
arrivant en Allemagne était impossible.
Cependant, Lionel Rabiet, qui est aussi
président des Entreprises du voyage Ile-
de-France, affirme : « Je n’ai aucune
inquiétude sur l’avenir des croisières, il
n’existe aucune défiance par rapport aux
produits. Les armateurs, qui ont construit
des centaines de bateaux, les exploiteront
à nouveau. Le tourisme vit une crise

conjoncturelle, les agences vont survivre. »
Pour l’instant, les milliards d’euros d’aides
publiques ont évité de multiples
défaillances. Outre le chômage partiel pris
en charge par l’Etat et par l’Unedic, et les
prêts garantis, une ordonnance permet
aux professionnels de ne pas rembourser
les acomptes, mais de proposer des avoirs
pendant dix-huit mois. En attendant que
la pandémie soit sous contrôle, Lionel
Rabiet et sa vingtaine de salariés prépa-
rent les futurs voyages. Le nom de l’entre-
prise a changé, des séjours sur des trains
de légende et des itinéraires terrestres ont
été ajoutés au catalogue. « Nous pouvons
sortir de ce tunnel aussi vite que nous y
sommes entrés », veut croire le patron. n
* Certaines croisières sont en partenariat
avec Paris Match.

en chiffres

50 milliards de dollars
de pertes mondiales entre mars et septembre.
Dont environ 2 milliards en France.
334 000 emplois supprimés dans le secteur.

« LeS réServationS Sont en chute
de 90 à 95 % » LioneL rabiet

« La Belle des océans » a repris
la mer pour des tours de Corse.
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