Paris Match - France (2018-07)

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68 parismatch DU 15 aU 21 octobre 2020


il y aura des générations de jeunes gens
de couleur qui ne commenceront pas leur
vie avec la même égalité que leurs pairs
blancs. » C’est la première fois que Harry
s’immisçait aussi nettement dans le débat,
partageant les convictions de son épouse,
Meghan, très engagée sur le sujet. Immé­
diatement, la classe politique anglaise,
moins encline à l’indulgence envers un
jeune prince qui a préféré, en pleine crise
sanitaire, partir vivre à Hollywood, lui a
reproché, derrière des intentions louables,
de s’exposer et, sans doute, de remettre
en cause les fondements mêmes de l’es­
tablishment auquel son frère aîné semble
avoir fait allégeance. Mais pourquoi alors
s’accrocher au titre de duc de Sussex?
Deux positions s’affrontent. William et
Kate, qui ont épousé le devoir d’exem­
plarité, versus Harry et Meghan, qui ont
tiré leur révérence. La Reine aurait été
convaincue par son entourage de convo­
quer Harry pour une explication franche,
dans les prochaines semaines.
Si la souveraine britannique a
toujours montré beaucoup d’indulgence
pour Harry, il n’en va pas de même pour
son frère aîné, soucieux avant tout de
la réputation d’une institution dont il
incarne l’avenir. C’est, en tout cas, l’ana­
lyse de Robert Lacey, qui revient sur un
épisode du « Megxit », le sommet de Sand­
ringham, la réunion de crise du 13 jan­
vier 2020. « La Reine avait suggéré à la
famille de se réunir pour le déjeuner avant
la confrontation dans la bibliothèque,
mais William refusa l’invitation. Il se pré­
senterait évidemment à 14 heures pour la
réunion, mais il voulait seulement parler

affaires. Le prince [...] était si furieux
contre son jeune frère qu’il ne pourrait
pas supporter l’hypocrisie de lui sourire
pendant le déjeuner. » Le biographe décrit
les négociations : « C’était comme avoir
affaire à un avocat hollywoodien intré­
pide. [...] Les Sussex voulaient des garan­
ties sur chaque point. » Leur précipitation,
leur exigence pour utiliser
commercialement le label
Sussex Royal, ont même fini
par braquer la Reine, pour­
tant encline à soutenir son
petit­fils dans sa nouvelle vie
en Amérique. Robert Lacey
écrit encore : « Le comporte­
ment erratique et impulsif
de Harry et Meghan au cours de l’année
écoulée n’avait pas incité la reine Eliza­
beth II à vouloir leur faire confiance de
sitôt sur l’utilisation du terme “royal”. »
A croire, en effet, que les incompré­
hensions se multiplient et que le couple
développe une sorte de paranoïa, s’érigeant
en victime de l’institution. Dans « Battle of
Brothers », Robert Lacey revient aussi sur
le tollé provoqué par le baptême du petit
Archie, en juillet 2019. Les Britanniques
n’ont pas été les seuls déçus par la déci­
sion des Sussex de célébrer l’événement
de façon privée, sans même communiquer
les noms des parrains et marraines... La
famille royale également en aurait été
stupéfaite, assure le biographe, et d’abord
le prince William. « Qu’est­ce qu’un
compor tement aussi bizarre et para­
noïaque indique sur les parents impli­
qués? se demande Robert Lacey. Une
chose que nous pouvons conclure est que

Harry et Meghan avaient développé une
idée exagérée de leur propre importance.
Les mois écoulés depuis leur mariage
ont démontré que le couple partage un
défaut de caractère : ils ont tous deux ten­
dance à passer rapidement d’un état où
ils ont fortement confiance en eux à des
moments miséra bles où ils s’apitoient en
jouant aux victimes. » Il faut
convenir que les occasions
de vexation se sont multi­
pliées : pour le message de
Noël 2019, les Sussex dis­
paraissent de la photo sur
le bureau de la Reine, tandis
que le prince de Galles orga­
nise une « photo de famille »
autour d’Elizabeth II avec seulement ses
héritiers en ligne directe, Charles, William
et George.
Au fond, Robert Lacey met en
lumière « le drame des cadets ». Après la
princesse Margaret, la sœur de la Reine,
livrée à ses démons, ou le prince Andrew,
son fils, surprotégé dans une attitude
compensatoire, c’est au tour du prince
Harry de subir la malédiction. Désormais,
sa cellule familiale ne comprend plus son
frère aîné. « Nous sommes deux entités
distinctes », avouera William. Pour preuve,
les Sussex ont quitté la fondation carita­
tive constituée par William et Kate et, en
novembre 2018, ils ont décidé de ne plus
partager leur palais, à Kensington, mais
de déménager à Frogmore Cottage dans
le parc de Windsor. Si Robert Lacey puise
dans le passé les ferments de la sépara­
tion – pourquoi William, censé protéger
son jeune frère, ne l’a­t­il pas empêché

EN SEPTEMBRE, WILLIAM
AURAIT APPELÉ SON FRÈRE
POUR LUI SOUHAITER
SON ANNIVERSAIRE.
UN PREMIER PAS


  1. Les frasques de Harry : à 20 ans, en uniforme de l’Afrikakorps et brassard nazi lors d’une fête costumée
    anglaise sur le thème « Indigènes et colons ». 2. A 20 ans, maîtrisé par ses gardes du corps : il vient de frapper un
    paparazzi à la sortie du night-club Pangaa, à Londres. 3. A 28 ans, nu avec une jeune fille, après avoir perdu au
    strip-poker, dans un hôtel de Las Vegas. 4. A 25 ans, enlacé avec William par un python (inoffensif ) au Botswana.


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