Paris Match - France (2020-11-12)

(Antfer) #1

44 parismatch DU 12aU 18 novembre 2020


Match
deLaSeMaine
poLitique

C


e jeudi 5 novembre, deux ans
jour pour jour après le drame de
la rue d’Aubagne, un hommage
est rendu aux huit personnes
tuées dans l’effondrement
de deux immeubles. Le moment est
attendu. La nouvelle équipe municipale
a promis de faire bouger les choses sur
le terrain du logement. Mais ce jour-
là,MichèleRubirolan’estpaslà.Cas
contact,elleestà l’isolement,chezelle.
«Cen’estpasenquatremoisqu’onpeut
luttercontrevingt-quatreansd’habitat
indigne», explique-t-elle au téléphone
sur les ondes de France Bleu Provence.
Sur place, son premier adjoint, Benoît
Payan, la représente. Empruntant un
habitqu’ilrêved’endosser.
Ils fonctionnentenduolàoù,pen-
dantvingt-cinqans,Jean-ClaudeGaudin

a régnéenmaître.MichèleRubirola,
64 ans,médecindanslesquartiersnord
pourl’Assurancemaladie,a étéélue
maireenjuillet. «Parcequ’ilfallaitune
têtedeliste», répètedepuiscettefémi-
niste,antimilitariste, quia rejointles
Vertsen2002.«Çaluiesttombédessus,
maiselleena lescapacités», analyse
Jean-Luc Bennahmias, ex-élu écolo
passé un temps parle MoDem,fin
connaisseurdelapolitiquelocale.Le
socialisteet ambitieuxPayans’esteffacé
auprofitdesabinômepourpermettre
lavictoiredelagaucheà Marseille.Ces
deux-làsesonttrouvésil y a cinqans
déjà,pourlesdépartementales.«Ona
inventéquelquechoseen 2015 », se sou-
vient Benoît Payan. Tout le monde leur
prédit l’échec, prétendant que l’écologie
n’est pas soluble dans le social et inver-
sement. Au second tour, ils emportent le

cantondeMarseillefaceauRassemble-
mentnationalavec 67 %dessuffrages.
«Auxmunicipales,onnousa expliqué
qu’onétaitdesrigolos,dit-ilavecunsou-
rire.Etpourtant,onl’afait!»

MichèleRubirolarevendiqueune
gestioncollective,à l’imagedelacam-
pagne du Printemps marseillais.Et
l’équipemunicipalecomptedenom-
breusespersonnalités expérimentées,
tellesquel’ex-sénatricePSSamiaGhali,la
députéesuppléantedeJean-LucMélen-
chonSophieCamardoul’ancienconseil-
ler régional communiste Jean-Marc
Coppola.Maisc’estuntandemquidirige
laville,celuique«madamelamaire»

forme avec l’omni-
présent«M.Payan».
«Onsecomplète,on
s’augmente,ons’ad-
ditionne», jure le pre-
mier adjoint de 42 ans,
qui fut pendant six
ans le chef de l’opposition socialiste au
conseil municipal après avoir été conseil-
ler politique dansunministèreaudébut
duquinquennatHollande.Lestâches
se répartiraient «naturellement»: à
Rubirolalasanté,à Payanlesrelations
aveclesinstitutions,l’urbanisme,lages-
tion duport.Ils reconnaissentqu’ils
«s’engueulent» parfois.Maisdéléguer
etfaireconfiancesontpourla maireune
manièreécolodefairedelapolitique.
Avecelle,pasdefaux-semblants.Dans
uneréunionrécenteavec ledirecteur
généraldel’Agencenationalepourla
rénovationurbaine,elleassume: «Jene
connaispaslessujets,mesadjointsvont
prendrelerelais.» «Pourqueleschoses
fonctionnent,il fautunseuletunique
patron», assène le président LR de la
région Provence-Alpes-Côte d’Azur,
Renaud Muselier, qui sait de quoi il parle,

quandLeSnouveauxéLuSS’adaptent,
eLLe refuSe de changerSeS habitudeS

Marseille


la maire fantôme et son


omniprésent premier adjoint
Michèle Rubirola, élue en juillet, et son adjoint Benoît Payan forment
un attelage étonnant où chacun préférerait être à la place de l’autre. Dans la cité phocéenne,
beaucoup se demandent combiendetempscela tiendra.
Par Mariana Grépinet @MarianaGrepinet
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