ùest passé Ziad Takieddine? L’homme d’af-
fairesavaitdisparudesécransradardepuisle
15 juin,quandletribunalcorrectionneldeParis
l’avaitcondamnéà cinq ansdeprisonferme
danslecadredel’affaireKarachi– unscandale
politico-financiervieuxd’unquartdesiècle,né
d’uneventedesous-marinsauPakistan,assortie
defaramineusescommissions.Leparquetavait
requissonarrestation.Lejourdujugement,il
n’étaitpaslà.Unmandatd’arrêta étéémisà son
encontre,troptard.Enfait,leFranco-Libanaisa filéà l’an-
glaise,directionBeyrouth.«J’aieuunmauvaispressentiment,
jesuispartile 13 juinaumatin», nous dit-il en souriant. Il
a pris un avion pour Nice, puis un train pour Vintimille. Le
lendemain, il fêtait ses 70 ans en Italie, avant de gagner la
Grèceenferry.« J’aimisquatorzejourspourarriverjusqu’ici», dit-il. Son
périplea étéseméd’embûchesà causedel’épidémie,maisil
n’acroisénilevirusnilapolice.Aujourd’hui,Takieddineest
chezlui,soulagé.«Jemesenslibéré», seréjouit-il.Etpour
cause: le Liban n’extrade pas ses ressortissants. S’il décide d’y
rester, aucun juge ne pourra plus l’atteindre.
A Paris, il a longtemps mené grand train dans son fastueux
triplex proche du Trocadéro, surchargé de dorures et d’œuvres
d’art. Dans la capitale libanaise, il nous a donné rendez-vous
dans un hôtel discret d’Ain El Mraisseh, quartier résidentiel
épargné par l’explosion du mois d’août qui a ravagé une partie
de la ville. Il porte beau dans son costume, tire nerveusement
sursacigarette.Delà,il nousentraînesurlesroutesdemon-
tagnedela valléeduChouf,le fiefdesDruzes.Aprèsuneheure
deroute,unevieillebâtisseenpierresedresse: la demeure de
ses ancêtres. Les Takieddine sont une grande famille libanaise.Denotreenvoyéspécialà BeyrouthFrançoisdeLabarre
il pr tend aujourd’hui avoir
accus sarkozy pour dire « ce que
les juges voulaient entendre »
Retour aux sources pour le descendant
d’une illustre famille de Druzes libanais. Ici à Baakline,
son village natal du Mont-Liban, le 23 octobre.