Paris Match - France (2020-11-19)

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culture
photo

De au v ill e


sous


tous les angles


Le festival Planches contact invite les photographes
à poser leur regard sur la cité balnéaire. Des images exposées
en plein air, visibles en temps de confinement.
Par Benjamin Locoge @BenjaminLocoge

I


l est souvent surbooké. Mais quand le festival Planches contact l’a invité à participer
à l’édition 2020, Nikos Aliagas a dégagé du temps dans son agenda d’animateur
surmené. « Je suis venu deux week-ends, juste à la sortie du premier confinement.
Et je me suis baladé. J’ai voulu aller dans le Deauville qu’on ne connaît pas, dans les coins
de la ville moins exposés que les planches... » Nikos a beau s’investir dans la photogra-
phie, difficile pour le rare public qui le croise durant ces journées de fin de printemps de
ne pas reconnaître l’homme de télévision. « Ça peut être un problème, admet-il, mais
du coup un rapport s’installe avec les gens, je peux dès lors plus facilement les photo-
graphier. » Au final cela donne une petite vingtaine d’images, accrochées dans le jardin
faisant face à l’hôtel Normandy. Il y a ces deux maraîchères aux visages magnifiques,
burinés par la vie, ou Carla, 16 ans – « Je la croise par hasard, dit Nikos, et la gravité de
son regard d’adolescente qui sort à peine du confinement m’interpelle ». Mais Planches
contact a aussi invité six autres photographes à raconter Deauville autrement. Loin du
cinéma, de son strass, de son casino ou de son hippodrome. Ainsi Philippe Chancel
prend littéralement de la hauteur sur le paysage normand quand Lorenzo Castore suit
un jeune couple, au début de son amour, et s’installe comme le troisième personnage
de leur histoire. Riverboom, lui, a collé ses photos sur les portes des cabines postées le
long des planches. Ces anonymes qui s’embrassent au milieu des noms de stars volent
la vedette aux étoiles hollywoodiennes.
Sur la plage, c’est Martin Parr qui expose ses images
iconiques, prises sur le vif à New Brighton dans les années 1980
et 1990. Parr rend le vulgaire chic et le grossier esthétique. Et
voir tout ce petit monde posé sur le sable d’une ville confinée
rappelle que la vie d’avant, c’était quand même pas mal du tout.
A Deauville, les photographes disent leur besoin de liberté. On
ne peut que les comprendre. n

Festival Planches
contact,
jusqu’au 3 janvier 2021
à Deauville.

« Si Deauville »,
de Philippe Chancel.

« Gros bisous
de la Côte
fleurie »,
de Riverboom.

« Théo et Salomé »,
de Lorenzo Castore.

Ci-contre et au-dessus :
« Le jeu est un autre », de Nikos Aliagas.
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