Paris Match - France (2020-11-19)

(Antfer) #1

42 parismatch DU 19 aU 25 novembre 2020


Match
de La SeMaine
econoMie

Commerces


Le marasme


redouté


de NoëL
Ce deuxième confinement survient à une
période où nombre de secteurs réalisent une
part importante de leurs ventes annuelles.
Par Anne-Sophie Lechevallier
@aslechevallier

S


ous la coupole Art nouveau,
symbole des Galeries Lafayette
Haussmann, le sapin de 18 mètres
est prêt. Ne manquent plus que
les clients. Philippe Houzé, le pré-
sident du directoire du groupe, fait les
comptes : « Nous déplorons 90 jours de
fermeture cette année. Ce stop-and-go
est difficile à gérer. Notre perte de chiffre
d’affaires annuel sera largement au-delà
du milliard d’euros estimé jusqu’alors. »
En renforçant les aides aux
entreprises, mais en renvoyant au
1 er  décembre une éventuelle réouver-
ture des commerces « non essentiels »,
le Premier ministre a douché les espoirs.
Certains professionnels, appuyés par des
élus de la majorité, militent pour obte-
nir le 27 novembre afin de récupérer le
week-end du Black Friday et de tenter
de contrer Amazon. Dans cette période
cruciale, chaque semaine perdue se paie
cash. Ainsi les mois de novembre et de
décembre représentent-ils la totalité des
ventes annuelles de sapins, les trois quarts
du foie gras, les deux tiers des huîtres, la
moitié des jouets et du champagne, un

tiers des produits de beauté,
un quart des bijoux... Sans
compter les objets achetés
sur les marchés de Noël
aujourd’hui annulés, les vête-
ments, livres et autres cadeaux
offerts le 25 décembre.
Seuls les producteurs de
sapins peuvent déjà respi-
rer : ils pourront les vendre
en extérieur à partir du
20 novembre. Pour les autres
secteurs, les résultats dépen-
dront des canaux de distribution et de
leur poids dans le commerce en ligne. Si le
foie gras est mis en avant dans les rayons
des grandes surfaces (40 % du volume),
il risque de ne pas pouvoir compter sur
les commandes des restaurants (40 %
également). Marie-Pierre Pé, directrice
du Comité interprofessionnel des pal-
mipèdes à foie gras, explique : « Pour les
fêtes, nous ne maintiendrons pas le niveau
de 2019. » Les enseignes de jouets, qui
avaient effacé les pertes du printemps,
ne pourront pas compter sur la hausse de
60 % des ventes la semaine de l’annonce
du deuxième confinement pour se rat-
traper. Frédérique Tutt, spécialiste de ce
marché chez le panéliste NPD, pointe un

autre risque : « Certains jouets pourraient
ne plus être disponibles, les fabricants pri-
vilégiant les pays où les magasins sont
restés ouverts. » Au cabinet du ministre
chargé des PME, Alain Griset, les dis-
cussions ont débuté sur une reprise avec
des jauges réduites, des prises de rendez-
vous, des horaires étendus afin d’éviter
les foules : « Pour écouler leurs stocks, les
commerçants sont tributaires de la date
de réouverture, qui dépend de l’impéra-
tif sanitaire. Si c’est le 1er décembre, les
pertes seront sans doute rattrapables. »

Tous décrivent les progrès réalisés
depuis le premier confinement. Fnac
Darty a gagné cinq ans sur sa stratégie
numérique, avec des ventes en ligne pas-
sées de 20 à 25 %. Le directeur commer-
cial du groupe, Vincent Gufflet, remarque :
« Nous avons renoncé à tenter de prédire
l’avenir avec certitude et appris à réviser
chaque jour nos trois scénarios pour cette
période clé... » Malgré tout, pour les com-
merces traditionnels, si la crise sanitaire
dure, rien ne sauvera la saison des fêtes. n

Le défi des livraisons
L’e-commerce s’attend à battre des records. DHL anticipe une hausse de 20 % des clients en décembre
par rapport à Noël dernier, avec jusqu’à 300 000 colis transportés par jour. La Poste prévoit d’en traiter
quotidiennement plus de 4 millions entre le 10 et le 20 décembre, contre 3 millions en 2019. Pour faire
face, les transporteurs ont embauché des renforts, mais l’échéance du 24 décembre risque de provoquer
un goulet d’étranglement. Le marché des cartons se prépare lui aussi à un pic. DHL a doublé ses stocks.
Yann Blanc, de DS Smith, numéro un de l’emballage en France, confirme : « Nous nous attendons à une
hausse de 25 % de l’activité en novembre et en décembre, liée pour moitié au reconfinement. » a.-s.L.

chez Fnac darty, LeS venteS
en Ligne Sont paSSéeS de 20 à 25 %

Les décorations de Noël
dans les allées vides
des Galeries Lafayette Haussmann,
à Paris, le 13 novembre.
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