Paris

(coco) #1

Palais avec Empires, cette œuvre incroyable, démesurée qui prend


90 % de l’espace de l’atelier. Attention! Tout le monde ici marche en


chaussettes, le galeriste montre l’exemple, pour ne rien abîmer et ne


pas apporter de la poussière. Le visiteur a l’impression d’être devant


un grand jeu merveilleux dont on se demande quelles sont les règles.


Trois cents containers de bateaux forment huit montagnes, dont une


de plus de 10 mètres de haut, sur lesquelles se pose le squelette d’un


impressionnant monstre-serpent aux 102 dents et long de 250 mètres.


Au centre, une copie exacte d’un bicorne de Napoléon numérisé en


format extra-large donnera l’ombre dans la lumière du Grand Palais.


Ailleurs dans Paris, Ai Wei Wei vient d’enlever ses gigantesques
cerfs-volants de la voûte du Bon Marché, la scène artistique chinoise
explose les cimaises de la fondation Vuitton, Lu Chao dévoile ses
“foules” à la galerie Obadia... La Chine? Bien plus qu’à l’honneur
en ce printemps parisien. ■

ans quel état d’esprit êtes-vous arrivé en France
en 1989 pour l’exposition “Les Magiciens de la Terre”
au Centre Pompidou et à la Grande Halle de la Villette?
Huang Yong Ping :c’était la première fois que je
sortais de Chine. J’avais juste ma valise. Les chars
envahissaient le centre de Pékin. Je n’avais pas de plan.
Rester à Paris était une chance.

Vous dites «Le zen est Dada, Dada est zen», êtes-vous
toujours d’accord avec cela?
HYP :le dadaïsme fait partie de l’histoire de l’art alors que
le zen est notre religion. Mon travail est à l’image d’un pont
qui veut relier ces deux philosophies comme l’Orient
et l’Occident par exemple. Je veux créer des ponts. Entre les
mythes, les économies, le commerce, les catastrophes,
les civilisations. Car je n’ai plus vraiment de pays d’origine.
Il y a beaucoup d’artistes de ma génération et d’autres plus
jeunes qui sont comme cela. L’artiste est tout le temps en
mouvement. L’art ne peut être enfermé dans une nationalité.
L’artiste doit sortir. C’est une façon de penser. Je dis toujours
«frapper l’Orient avec l’Occident et frapper l’Occident avec
l’Orient». Quand je vivais en Chine j’utilisais des méthodes

liées à l’art occidental et conceptuel, des méthodes liées au
processus plutôtqu’à l’objet lui-même qui rentrait vraiment en
contradiction avec ce qui était enseigné dans les écoles de mon
pays. À partir de 1989, arrivé en Occident, j’ai commencé à
utiliser des méthodes, des références liées plutôt à la tradition
chinoise. Il faut toujours étudier une problématique avec
une distance. C’est cette stratégie de frapper l’un avec l’autre.

Que signifie pour vous le Grand Palais?
HYP :c’est un lieu où je peux justement travailler avec l’histoire,
le politique, le contexte social. Ce projet s’appelle Empires
pour Monumenta et pour le Grand Palais. Car il y a cette même
notion de monumentalité dans ces trois mots, cette notion
d’empire industriel à son apogée et le chaos.

En quoi consiste votre projet?
HYP :c’est un projet assez simple. La première chose importante
est le grand portique créé avec les containers. La deuxième,
le contraste entre le serpent en mouvement et les containers
stables et géométriques. C’est comme le yin et le yang.
C’est le souffle universel, le qi qui se transforme sans cesse
et donne à l’univers et aux êtres leurs formes dans le
bouddhisme Tchan. La troisième, le chapeau noir de Napoléon
épicentre autour duquel tout tourne. Le Grand Palais se situe
seulement à un kilomètre des Invalides. C’est l’histoire qui entre
dans l’œuvre. C’est ce chapeauqui symbolise les guerres
de Napoléon, mais aussi bien sûr toutes les guerres actuelles
économiques, politiques et sociales que je veux dénoncer.
Les grandeurs et les décadences, l’hégémonie et le déclin.

Qu’elle est la place de l’homme dans votre œuvre?
HYP :L’homme est toujours présent. C’est l’homme qui fait
l’œuvre et c’est l’homme qui visite et regarde l’œuvre.■

❚❘Monumenta
Jusqu’au 18 juin. “Huang Yong Ping. Empires-Monumenta 2016”
Grand Palais. Nef, 3, avenue du Général Eisenhower, 8e.
Fermé le mardi. 10€. http://www.grandpalais.fr

INTERVIEW


D


Jean de Loisy, commissaire de
l’exposition Monumenta,
Huang Yong Ping et Kamel Mennour,
le galeriste de l’artiste.

Huang Yong Ping devant la maquette
de Empires, l’œuvre qui sera installée
pour Monumenta 2016.

© HUANG YONG PING. PHOTO. FABRICE SEIXAS,COURTESY THE ARTIST AND KAMEL MENNOUR, PARIS.

© FABRICE SEIXAS.

L’art de Huang Yong Ping


se veut réflexion politique


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