Paris

(coco) #1

J


ean-Jacques Henner. Au XXIesiècle, le nom de ce
peintre est peu connu des non-initiés. Pourtant, il fait
partie des artistes de la fin du XIXesiècle qui comp-
tent. Ce fils de cultivateurs alsaciens connait une car-
rière officielle couverte d’honneurs. Prix de Rome en 1858,
membre de l’Institut en 1889, plusieurs fois médaillés au
Salon. L’Etat achète régulièrement ses toiles. Ce qui lui vaut
d’être présent dans nombre de musées français, de Paris
(Orsay) jusqu’à Toulouse, sans oublier ceux de ses terres
d’origine comme Colmar, Mulhouse, Strasbourg. Peu d’ex-
positions ou de rétrospectives lui sont consacrées et s’il n’avait
un musée à son nom à Paris, il serait tombé dans les oubliettes
de l’histoire. Un musée qui, justement, vient d’achever une
deuxième vague de rénovation de près de deux ans – une
première avait eu lieu en 2008-2009 – et s’apprête à rou-
vrir le 21 mai. Une chance donc que Marie Henner – l’épouse
de son neveu Jules qui avait fait fortune dans le commerce
du caoutchouc – ait décidé de consacrer tout un immeuble
avenue de Villiers à la gloire de son oncle. Pourquoi un tel
ostracisme envers ce peintre réputé et reconnu de son vivant?

« Jean-Jacques Henner ne rentre dans aucun mouvement, avance
Claire Bessède, conservatrice du musée. Sa peinture reste
inclassable, il brise de nombreux codes de l’époque. Dans des
expositions collectives, son particularisme le met à part.» Peut-
être justement, ce qui fait la richesse de son œuvre qui s’ex-
pose en plus de trois cents tableaux – avec un goût certains
pour les belles femmes rousses. Pourquoi rousses? « Jean-
Jacques Henner utilise beaucoup les couleurs sombres, cette touche
de rouge les éclaire, les illumine. Finalement c’est sans doute plus
un choix pictural plutôt qu’un goût personnel pour les rousses»,
analyse avec un sourire la conservatrice. Car de la vie du
peintre, on sait peu de choses. « On a sa correspondance que
l’on étudie, mais il reste très discret sur ses sentiments, ses amours.
Il aurait demandé en mariage une de ses élèves avant d’y renon-
cer», explique Claire Bessède. Les 35 ans d’écart, le peintre
avait alors 70 ans, l’aurait-il dissuadé? Dans cet hôtel parti-
culier, c’est donc son œuvre et juste elle qui se déploie sur
trois étages. Lors de cette deuxième série de rénovation,
l’accent a été mis sur le choix des couleurs. La restauratrice
Véronique Sorano a trouvé des polychromies d’époque qu’elle
a décidées de mettre en avant comme le gris au troisième
étage, le rouge des salles du premier et de cette pièce – ex-
chambre salon de la femme du peintre Dubufe – au pla-
fond démesuré qui abrite un moucharabieh assez inattendu.
Autre merveille, le jardin d’hiver du rez-de-chaussée,
pour lequel une nouvelle verrière a été construite, et qui a
retrouvé son sol en mosaïques à motifs géométriques et flo-
raux recouvert en 1922 d’une dalle de béton par Marie
Henner. On y accède après un salon à colonnes riche d’un

Le musée Jean-Jacques Henner, entièrement consacré à l’œuvre de


cet artiste peintre réputé au XIX
e
siècle, mais peu et mal connu de

nos jours, rouvre ses portes le 21 mai, après deux ans de rénova-


tion. Dans cet hôtel particulier de l’avenue de Villiers, on entre dans


l’intimité du processus de création... PARDOMINIQUEMILLÉRIOUX


MUSÉE JEAN-JACQUES HENNER


PHOTOS MUSÉE © HARTL-MEYER.


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CULTURE


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