Art_et_D_233_coration_N_537__D_233_cembre_2018

(Maria Cristina Aguiar) #1

P


lus de quinze étapes sont requises pour
transformer une balle de laine joufflue
venue des quatre coins du monde en cou-
vertures ou plaids, aussi chauds et doux qu’un
câlin de la nature. Ajoutez un ballot de passion,
un tissage de gestes aguerris et huit générations
de transmission familiale. Grâce à cela, la manu-
facture Brun de Vian-Tiran coule des jours heu-
reux sur les rives de la Sorgue depuis 210 ans !
Cette saga provençale surgit des eaux fraîches de
la rivière en 1808, lorsque Charles Tiran et son
gendre Laurent Vian installent leur moulin à fou-
lon à L’Isle-sur-la-Sorgue. Au fil des ans, des liens
de laine et de cœur se nouent entre les Vian et
les Brun dans une valse de mariages et d’enfants
qui vont écrire la destinée... Il y aura Émile Brun
qui introduit les machines à filer, épouse Marie,
petite-fille de Laurent Vian, et en 1886, rebaptise
les ateliers en Manufacture Brun de Vian-Tiran.
Et puis, Loïsa Brun, Louis Brun, créateur des cou-
vertures en mohair... tous animés par une même
quête de qualité. Aujourd’hui, la belle dame n’a
pas pris une ride. Les murs et les machines, impré-
gnés du parfum bien huilé du passé, racontent
avec sérénité et élégance les textiles d’aujourd’hui.
Pierre Brun y est pour beaucoup. En reprenant
les rênes de la maison en 1966, il modernise

Étirées et tordues,
les mèches de laine
issues du cardage vont
devenir dans l’atelier
de filature un fil solide
et fin. Régulièrement
contrôlé, centimètre
par centimètre,
il cheminera de bobine
en bobine, jusqu’à celles
dont la forme fuselée
convient le mieux
aux métiers à tisser.

Après un ourdissage
minutieux créant la
chaîne, les métiers
croisent inlassablement
les fils pour former
l’armature plus ou moins
complexe d’une future
étoffe. Ici, tissé sur
un métier Jacquard,
un motif « Chevrons
anthracite » remet
au goût du jour
le tapis d’Avignon
en feutre de laine
inventé en 1830.

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